Le 10 juin 2015
Un premier film décevant par sa difficulté à faire exister des personnages trop théoriques.
- Réalisateur : Sebastiano Riso
- Acteurs : Vincenzo Amato, Pippo Delbono, Micaela Ramazzotti, Davide Capone, Fabio Grossi
- Genre : Drame
- Nationalité : Italien
- Durée : 1h34mn
- Titre original : Piu Buio Di Mezzanote
- Date de sortie : 24 juin 2015
- Festival : Festival de Cannes 2014
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– Prix du public au Festival du Nouveau Cinéma Italien ; Prix des Cinémas Art et Essai au Festival du Film Italien d’Annecy.
Un premier film décevant par sa difficulté à faire exister des personnages trop théoriques.
L’argument : Parce qu’il est différent, Davide, adolescent androgyne de 14 ans, est persécuté par son père. Il décide de quitter le foyer familial pour trouver refuge à la Villa Bellini, un parc de Catane. Ce parc est un monde en soi, habité par des marginalisés que la ville préfère ignorer. Au moment où son passé le rattrape, Davide va devoir prendre seul la décision la plus dure de sa vie, sans aucune échappatoire.
Notre avis : Davide et Rettore marchent dans des ruelles où des prostitués les saluent ; peu à peu une véritable troupe se joint à eux ; puis un à un ils s’éloignent et Davide se retrouve seul. Le long travelling qui les accompagne est à la fois un morceau de bravoure technique et une mise en abyme de l’itinéraire de l’adolescent, qui croit un moment appartenir à une « famille », celle des laissés pour compte qui vendent leurs corps. Plus loin dans le film, la mère mal-voyante est dans un bus avec son fils ; il lui parle à l’oreille puis s’éloigne. La caméra la cadre longuement, contre la vitre, des larmes coulant sur ses joues. Deux séquences fortes, où le cinéma reprend ses droits, ignorant la mention devenue aujourd’hui une tarte à la crème : « inspiré d’une histoire vraie ».
© Cristina di Paolo Antonio
Sebastiano Riso, dont c’est le premier film, a choisi une base sombre (« plus noir qu’à minuit »), et un parti-pris fort, celui de ne jamais quitter Davide, cet adolescent à part, harcelé par son père et mal défendu par sa mère. Le problème évidemment, c’est qu’il faut non seulement de l’audace mais beaucoup de talent pour intéresser le spectateur une heure et demie en suivant son parcours. Et c’est là que le bât blesse. Car si le cinéaste réussit quelques scènes éparses, il n’évite pas certains écueils qui au bout du compte laissent une impression de gâchis : les clichés (la pute au grand cœur, la chanson comme espace de « liberté »), la caricature (le personnage du père, particulièrement mal écrit), et surtout la difficulté à lier les différents aspects du film en un tout cohérent. Pour suivre les pérégrinations de Davide avec intérêt, il faudrait qu’elles ne se résument pas à des déambulations et des rencontres sordides qui se répètent et diluent l’enjeu narratif. On ne tarde pas à voir poindre un ennui qui ne nous quitte plus et ruine les tentatives d’émotion : l’enterrement de Rettore, qui devrait être un sommet intense, reste désespérément plat.
© Cristina di Paolo Antonio
Le film nous promet dès le générique de la noirceur et sur le papier, elle existe:les personnages, des exclus enfermés dans un parc comme dans un ghetto, affrontent une réalité violente (et Riso a l’idée de laisser cette violence largement hors-champ, comme les scènes de sexe, ce qui déréalise encore le propos) ; même les rôles de figuration sont réduits à la seule préoccupation de l’argent. Mais cette âpreté du monde s’incarne rarement et reste théorique, faute d’exister cinématographiquement.
Il serait trop facile d’accabler ce premier film, qui répétons-le, contient en germe les promesses d’un réel talent. Mais, malgré quelques belles scènes, Mezzanote reste prisonnier d’un naturalisme décharné ôtant au spectateur la possibilité d’adhésion et, a fortiori, d’identification.
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