Dessine-moi un enfant
Le 6 mai 2015
Un sublime hymne à la femme, à l’enfant, à la vie tout simplement. Magnifique
- Réalisateur : Bernard Bellefroid
- Acteurs : Rachael Blake, Lucie Debay, Don Gallagher
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Belge, Luxembourgeois
- Durée : 1h32mn
- Date de sortie : 6 mai 2015
L'a vu
Veut le voir
Un sublime hymne à la femme, à l’enfant, à la vie tout simplement. Magnifique.
L’argument : Melody, modeste coiffeuse à domicile, est prête à tout pour réaliser son rêve : ouvrir son propre salon de coiffure. Contre une importante somme d’argent, elle accepte de porter le bébé d’une autre et rencontre Emily, riche Anglaise qui cherche désespérément à en avoir un...
- © MFA+ FilmDistribution e.K.
Notre avis : Étoile montante du cinéma belge, Bernard Bellefroid s’est d’abord fait connaître en tant que documentariste. Il reçut, notamment, le Grand Prix du Festival Vues d’Afrique, pour son documentaire, Rwanda, les collines parlent, qui traitait du génocide rwandais de 1994. Ce premier film, très audacieux, donna le ton d’une œuvre qui aime porter un regard fort et complexe sur les rapports humains.
Cinq ans après La Régate, fiction poignante narrant la violente relation d’un père et de son fils, le réalisateur revient avec Melody, histoire originale d’une jeune coiffeuse à domicile qui, pour trouver les fonds qui lui permettraient de monter sa propre affaire, décide de devenir mère porteuse pour une chef d’entreprise britannique. Ce drame bouleversant aborde, avec une bienveillance et une humanité formidables, les questions de la filiation et de l’identité. Des thèmes délicats sur lesquels le cinéaste pose un regard sensible et désarmant
- © MFA+ FilmDistribution e.K.
La gestation pour autrui, qui a déplacé des milliers de Français dans la rue, lors des manifestations contre le Mariage pour tous, est un sujet rarement abordé au cinéma, en dehors du documentaire (Naître père). Pour Bernard Bellefroid, il n’est pas question d’entretenir une quelconque polémique cinématographique et sociale à ce propos. Il pose les questions, sans jamais écarter les enjeux qui fâchent, comme pour mieux comprendre les personnages, qu’il protège plus qu’il ne condamne. C’est pourquoi la figure de l’enfant apparaît comme fondamentale dans Melody. Elle en est même la ligne conductrice. L’élément déclencheur de l’intrigue du film, c’est le besoin d’argent de Melody. Ainsi, le fœtus qu’elle porte tout au long du récit sera d’abord considéré comme un bien marchand. L’enfant est donc, dans un premier temps, ramené au statut d’objet, non au statut d’être humain. C’est la première grande interrogation que pose le film : quel statut l’enfant, né ou à naître, a-t-il ? Est-il la propriété de ses parents, de ceux qui l’élèvent, ou existe-t-il pour lui-même ? Sans manifester d’avis tranché, Bernard Bellefroid amène le spectateur à réfléchir à cette question, à travers les discussions et les disputes de ses deux protagonistes. Le second grand thème du film est l’accouchement sous X, qui pose, à son tour, une question sociale importante : quelle est l’influence des origines sur le développement et l’épanouissement d’un enfant ? Une fois de plus, le réalisateur ne donne aucune réponse claire et déterminée, mais fait de cette problématique du passé et des liens familiaux, le véritable thème de son long-métrage.
- © MFA+ FilmDistribution e.K.
La quête identitaire est également une notion omniprésente, qui s’inscrit dans le prolongement des autres thématiques du film. La rencontre de Melody et d’Emily, la chef d’entreprise, va littéralement bouleverser la vie des deux femmes, jusqu’à remettre en cause l’identité de chacune. Emily, terriblement malade et malheureuse de ne pas pouvoir tomber enceinte, s’enferme dans le travail et le mutisme. Melody, quant à elle, se trouve peu à peu gagnée par un amour maternel inattendu, qui grandit tout au long du récit. Bien qu’elle ne se sente pas prête à être mère, plus le moment d’abandonner son enfant approche, plus elle souhaite le garder. Comme si la chair et le sang la liaient pour toujours à sa progéniture. D’ailleurs, la mise en scène épurée et chaleureuse de Bernard Bellefroid n’est pas sans rappeler la douceur des sentiments maternels, avec toutefois quelques nuances dans la photographie et le décor : la lumière est tantôt très dure, tantôt très douce ; et, quand les deux femmes n’habitent pas dans la maison chic d’Emily, elles vont se ressourcer dans sa résidence secondaire, une petite demeure, étroite et basse de plafond, en bord de mer.
- © Rezo Films
Drame d’une puissance émotionnelle incroyable, Melody achève de consacrer son réalisateur comme l’un des auteurs les plus pertinents de sa génération, défendant une certaine idée du monde, de la société et de l’humanité.
Galerie Photos
Le choix du rédacteur
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.