La musique adoucit les moeurs
Le 15 février 2015
Max et Lenny s’inscrit dans la catégorie des grands films de société, passant habilement du rire aux larmes sans jamais être racoleur. Les personnages, criant de vérité, sont absolument fascinants.


- Réalisateur : Fred Nicolas
- Acteurs : Camélia Pand’or, Jisca Kalvanda
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Durée : 1h25mn
- Date de sortie : 18 février 2015
- Festival : Festival Saint-Jean-de-Luz

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Max et Lenny s’inscrit dans la catégorie des grands films de société, passant habilement du rire aux larmes sans jamais être racoleur. Les personnages, criant de vérité, sont absolument fascinants.
L’argument : Lenny est une adolescente sauvage et solitaire d’une cité des quartiers nord de Marseille. C’est par le rap qu’elle exprime les difficultés de son quotidien. C’est aussi par lui qu’elle réussit à s’en évader.
Un soir, alors qu’elle répète en cachette dans un chantier à l’abandon, Lenny rencontre Max, une jeune Congolaise sans-papiers qui tombe sous le charme de sa voix et de la puissance de ses mots.
© Shellac
Notre avis : Encore un film sur la jeunesse oubliée des cités de France ? Il y en a pourtant déjà beaucoup, non ? Il est vrai que Max et Lenny, premier long-métrage du réalisateur Fred Nicolas, co-scénarisé par François Bégaudeau, père littéraire de l’unanime et magnifique Palme d’Or Entre les murs, apparaît, a priori, comme une énième œuvre engagée contre la précarité, la violence et la loi du plus fort – et surtout du plus viril – qui règlent la vie des quartiers nord-marseillais. Mais, au-delà des apparences et des préjugés, c’est une toute autre expérience que celui des existences incertaines des jeunes que nous propose de vivre le film : celle du sensible artistique, des mélodies abruptes et saisissantes de la musique urbaine. Lenny est une adolescente marginale, cernée par les drogues, les armes et les cris, que seule la musique parvient à guérir de tous les maux du quotidien. Max est une jeune Congolaise clandestine et sans papiers, ce qui ne l’empêche pas de croquer la vie à pleines dents comme un délicieux fruit exotique.
© Shellac
C’est de cette bipolarité quasi-magnétique que joue le cinéaste tout au long du récit : les deux protagonistes sont si différentes dans leur personnalité, leur attitude, et pourtant si semblables. Rien ne les destinait à se rapprocher. Cependant, une forte et tendre amitié va les lier l’une à l’autre, pour toujours. Et les belles aventures que le spectateur vit avec elles, sont rythmées par le déchaînement des passions, de la musique classique – le superbe concerto n°23 de Mozart –, du rap, des textes fiévreux de Lenny (écrits par l’actrice Camélia Pand’or elle-même) qui se chevauchent pour faire écho à la force et à la sensibilité maternelles des héroïnes, à leur rêve de gloire, d’amour, de paix et de liberté.
A travers ce drame social bouleversant, d’une grande puissance réaliste et humaniste, Fred Nicolas tente de réconcilier générations et communautés. Par les temps qui courent, Max et Lenny est un film plus que recommandable.