Duel sous Louis XIII
Le 12 septembre 2011
Mise en scène avec un instinct sûr cette fort belle adaptation de la pièce de Victor Hugo échappe à l’esthétique du tableau vivant grâce à la remarquable utilisation des décors naturels et à une interprétation pleine de relief.
- Réalisateur : Henry Krauss
- Acteurs : Pierre Renoir, Henry Krauss, Nelly Cormon, Jean Worms, Armand Tallier, Pierre Alcover
- Genre : Drame, Historique
- Nationalité : Français
- Durée : 1h05mn
- Date de sortie : 11 octobre 1918
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Mise en scène avec un instinct sûr cette fort belle adaptation de la pièce de Victor Hugo échappe à l’esthétique du tableau vivant grâce à la remarquable utilisation des décors naturels et à une interprétation pleine de relief.
L’argument :La courtisane Marion de Lorme quitte Paris et vit retirée à Blois avec l’homme qu’elle aime, Didier. Mais son ancien amant, le marquis Gaspard de Saverny vient semer la zizanie.
Le cardinal de Richelieu ayant fait signer au roi un décret interdisant les duels, les deux rivaux, qui se sont battus sur la place publique, encourent la peine capitale. Saverny se fait passer pour mort et Didier trouve refuge, avec Marion, auprès d’une compagnie d’acteurs ambulants. Mais ils sont bientôt découverts et le jeune homme est arrêté de même que que son rival qui se démasque lui-même.
Marion parvient à arracher au roi la grâce de Didier mais l’arrêt est révoqué.
Notre avis : La courtisane Marion Delorme (1611 - 1650), maîtresse, entre autres, du duc de Buckingham, et qui servit peut-être de modèle à la Milady de Winter des Trois Mousquetaires, inspira à Victor Hugo un drame en cinq actes et en vers interdit par la censure pendant deux ans avant d’être finalement représenté au Théâtre de la Porte Saint-Martin le 11 août 1831.
C’est donc au genre de l’adaptation littéraire de prestige qu’appartient le film réalisé en 1918 pour Pathé par le célèbre acteur Henry Krauss (1966 - 1935), interprète mémorable du rôle de Jean Valjean dans Les Miserables de Capellani (1912), et qui avait déjà dirigé (et interprété), l’année précédente, Le Chemineau, d’après une pièce alors fameuse de Jean Richepin.
Le souci de respecter le texte de Hugo, dont les vers sont fréquemment cités par les intertitres, ainsi que le soin indéniable apporté à la reconstitution historique tirent un peu le film vers l’esthétique du tableau vivant. Certains plans sont à l’évidence inspirés de gravures d’époque ou d’illustrations de la pièce. Mais Krauss, s’il n’a pas tout à fait le sens plastique d’un Capellani, sait néanmoins animer ses tableaux de manière remarquable et recourt fréquemment à de surprenants mouvements de caméra.
Filmé presque entièrement en décors réels, notamment à Blois, le film frappe surtout par la fréquence des plans tournés en extérieur qui lui confèrent une ample respiration : traversée d’une rivière en barque, promenade sous de vastes frondaisons, poursuites dans une abbaye en ruines. On notera aussi une remarquable organisation de l’espace, en particulier dans la fort belle séquence où les amants en fuite trouvent refuge auprès d’une compagnie d’acteurs ambulants installés dans le parc d’un château (Polichinelle faisant intrusion dans la loge de Marion en soulevant le drap blanc qui la délimite).
La présence des masques de la Commedia dell’arte, mais aussi le joyeux histrionisme du personnage de Saverny (excellent Armand Tallier), caché un moment sous un déguisement de moine, apportent une belle vivacité à un ensemble qui ne manque pas de panache, en particulier dans la séquence finale, lorsuqe les deux rivaux s’embrassent avant de monter à l’échafaud.
L’interprétation est excellente. Nelly Cormon, bien qu’un peu âgée, a beaucoup d’allure dans le rôle de la courtisane régénérée par l’amour et le film bénéficie aussi de la présence de seconds rôles pleins de relief. On remarque particulièrement le jeune Alcover (Laffemas), svelte encore à vingt-cinq ans, en méchant de service et Pierre Renoir en Louis XIII velléitaire dominé par un Richelieu hiératique et implacable.
La restauration réalisée en 1985 pour la Cinémathèque Française permet d’apprécier dans les meilleures conditions ce fort beau film qui révèle en Henry Krauss un metteur en scène à l’instinct sûr.
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