Le 18 juin 2021
Pour son premier long-métrage, le trublion britannique Dan Mazer, collaborateur de longue date de Sacha Baron Cohen, s’attaque au registre de la comédie romantique. En résulte un film suffisamment décalé et graveleux pour dépoussiérer le genre.
- Réalisateur : Dan Mazer
- Acteurs : Simon Baker, Rose Byrne, Anna Faris, Minnie Driver, Rafe Spall, Jason Flemyng, Olivia Colman
- Genre : Comédie, Romance, Comédie romantique
- Nationalité : Britannique
- Distributeur : Universal - StudioCanal
- Durée : 1h36mn
- Date télé : 24 mai 2024 21:00
- Chaîne : OCS Max
- Titre original : I Give It a Year
- Date de sortie : 10 avril 2013
Résumé : Depuis qu’ils se sont rencontrés dans une soirée, Nat, jeune femme ambitieuse, et Josh, apprenti romancier, nagent dans le bonheur, malgré leurs différences. Car si Josh est plutôt du genre intellectuel, Nat est une fonceuse. Ce qui ne les a pas empêchés d’être réunis par un coup de foudre réciproque. Leur mariage est idyllique, même si personne – de leurs proches à leurs amis, jusqu’au pasteur qui officie – ne croit qu’il pourra durer… Surtout quand l’ex-petite amie de Josh, Chloe, et le charmant client américain de Nat, Guy, s’en mêlent… Alors que Josh et Nat s’apprêtent à fêter leur un an de mariage, aucun des deux ne veut être le premier à jeter l’éponge. Leur couple pourra-t-il résister aux pressions de toutes parts ?
Critique : Soyons honnête. A l’image du film d’action ou du thriller, la comédie romantique est un genre ultra-balisé, formaté et, finalement, assez prévisible. Une recette qui a fait ses preuves par le passé (il suffit pour cela de jeter un coup d’œil aux résultats de ce type de longs-métrages au box-office mondial) mais laisse peu de marge pour satisfaire d’autres spectateurs que les inconditionnels du genre. Produit par la société britannique Working Titles, à l’origine de classiques de la comédie romantique tels que Quatre mariages et un enterrement, Bridget Jones ou Coup de foudre à Notting Hill, Mariage à l’anglaise laissait présager une œuvre dans la même veine. Heureusement, on est loin du compte. Le film débute d’ailleurs à contre-pied des romcoms traditionnelles. Alors que, dans la plupart d’entre elles, le principal enjeu réside dans la possible formation d’un couple – qui finit toujours par arriver – au sein des protagonistes, les deux tourtereaux filent déjà le parfait amour dès le départ et se marient dès le premier quart d’heure du film. Sauf que leur mariage ne débouche pas sur l’utopique « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants » mais plutôt sur le plus pragmatique « c’est le début des emmerdes ». Rapidement, Nat (Rose Byrne) et Josh (Rafe Spall, le William Shakespeare d’Anonymous) s’avèrent en effet très différents l’un de l’autre : elle est plutôt working girl, un brin coincée, les pieds sur terre ; lui est assez rêveur, adulescent plus ou moins assumé et asocial sur les bords. Des différences qui, contrairement à la plupart des comédies romantiques, ne seront pas à l’origine du renforcement du couple, mais plutôt de sa désagrégation…
- © 2013 Studio Canal, Translux, Working Title Films, TF1 Films Production. Tous droits réservés.
Aux commandes de cette romcom : Dan Mazer. Scénariste et producteur de comédies depuis une dizaine d’années, le Britannique a écrit de nombreux sketchs autour du personnage d’Ali G, le rappeur fantasque créé par Sacha Baron Cohen, dont il a scénarisé les tribulations cinématographiques. L’homme a d’ailleurs également collaboré avec l’acteur sur ses principaux longs-métrages : Borat, Bruno et The Dictator. Un esprit frondeur et trash qu’il a (en partie) transposé dans Mariage à l’anglaise, avec un humour certes moins corrosif mais tout aussi décalé et réjouissant. Le casting est, lui aussi, pour beaucoup dans cette réussite, de la toujours très charmante Rose Byrne (qui prouve une bonne fois pour toute, après American Trip et Mes meilleures amies, qu’elle excelle dans le registre comique) au playboy Simon Baker (sorte de Hugh Grant 2.0 au sourire ravageur), en passant par Anna Faris, assez éloignée de ses rôles de blondes complètement déjantées qui ont fait sa réputation. Mention spéciale au drôlissime Stephen Merchant, fidèle complice du Britannique Ricky Gervais avec qui il a créé les séries The Office, Extras et Life’s Too short. En dépit d’un rôle anecdotique qui n’apporte pas grand-chose à l’histoire, chacune de ses apparitions est un pur délice grâce à des répliques plus graveleuses et politiquement incorrectes les unes que les autres. Une approche trash et grivoise qui n’est pas sans rappeler le meilleur des productions de Judd Apatow, et notamment Mes meilleures amies. Dans Mariage à l’anglaise aussi, les femmes jurent à tout va, parlent de sexe avec une extrême crudité…
- © 2013 Studio Canal, Translux, Working Title Films, TF1 Films Production. Tous droits réservés.
Ce mélange, bien qu’assez déconcertant de prime abord, s’avère finalement très appréciable, la romcom sortant, enfin, des sentiers battus. Au passage, Dan Mazer brosse un portrait truculent de la vie de couple : les indispensables concessions, les envies divergentes, le passage obligé par la famille de chacun (l’une trop aimante, l’autre parfaitement antipathique)… Si comme toute comédie romantique qui se respecte, Mariage à l’anglaise aura droit au happy end de rigueur (pour le coup assez inhabituel), Dan Mazer aura tout de même réussi à y inclure une petite dose de cynisme, détournant au passage la célèbre déclaration d’amour de Billy Cristal dans Quand Harry rencontre Sally, la référence absolue. Une bouffée d’air frais pour un genre qui manquait cruellement d’originalité.
Galerie photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.
LoveLisbon 17 juillet 2014
Mariage à l’anglaise - la critique
à déconseiller