Hyper Super Man
Le 1er avril 2021
Blockbuster martial et puissant anesthésique, Man of Steel remplit parfaitement la mission exposée par son titre : faire un film sur Superman sans Superman.
- Réalisateur : Zack Snyder
- Acteurs : Diane Lane, Kevin Costner, Russell Crowe, Michael Shannon, Amy Adams, Henry Cavill, Richard Schiff, Antje Traue
- Genre : Aventures, Fantastique, Action
- Nationalité : Américain, Britannique, Canadien
- Distributeur : Warner Bros. France
- Durée : 2h20mn
- Date télé : 20 octobre 2024 23:25
- Chaîne : TFX
- Titre original : Man of Steel
- Date de sortie : 19 juin 2013
- Voir le dossier : Dossier Superman, DC Comics au cinéma
Résumé : Un petit garçon découvre qu’il possède des pouvoirs surnaturels et qu’il n’est pas né sur Terre. Plus tard, il s’engage dans un périple afin de comprendre d’où il vient et pourquoi il a été envoyé sur notre planète. Mais il devra devenir un héros s’il veut sauver le monde de la destruction totale et incarner l’espoir pour toute l’humanité.
Critique : Echafaudant son projet sur les ruines du limpide, parfois gracieux, mais peut-être trop déférent Superman Returns (dont le score au box-office 2006 n’était pourtant pas honteux), la Warner n’a jamais caché à son homme d’acier qu’il lui faudrait obtenir de nouvelles formes pour séduire les masses conquises par l’électrochoc thématique appliqué à la franchise Batman, quitte à collaborer avec son chirurgien en chef (Christopher Nolan) et Zack Snyder, auto-bombardé grand mogol des adaptations cosmétiques et du cool sans fond. Résultat : non seulement on ne reconnaît plus les traits autrefois avenants du légendaire boy scout sous le botox ultra-solennel et délibérément tragique qui imprègne chaque séquence de cette réhabilitation friquée, mais la fine fleur du chic en justaucorps (augmentée de David S.Goyer, auteur de la trilogie Dark Knight) passe à côté de son sujet en confondant reboot adulte et adultérin. Si Superman est ici privé de slip, il ne fallait pas pour autant lui cacher le mythe.
- © Warner Bros France
Cohérent à l’excès et fidèle jusqu’au bout du métrage à ses moindres parti pris, Man of Steel nous raconte avant toute chose comment Superman - alien sauvé des flammes de Krypton et parachuté au cœur du Kansas par un père aussi sagace qu’intersidéral - devient Clark Kent, monstre de foire et sauveur archétypal planqué parmi des hommes qu’il doit apprendre à aimer. Et si toutes les super-balises fondatrices sont globalement respectées (quête identitaire, mal-être, dualité, initiation solitaire et assomption nécessaire), le parcours du monolithe label rouge Henry Cavill, évidemment centré sur le revers de sa médaille, est ici lesté par une série d’intensifications tragiques et d’interrogations typiques du quasi-naturalisme nolanien qui, non content de bazarder l’innocence fondamentale du héros et l’humour que Richard Donner avait su adjoindre à son film de 1978, prend l’autoroute mythologique à contresens. En tant qu’invitation à la transcendance faite surhomme, le méga-bipède est en effet une incarnation du désir de grandeur qui sommeille en chacun de nous, et doit de ce fait être inscrit d’emblée au registre de l’humanité pour remplir correctement sa fonction. Rester Clark Kent pour devenir Superman, en quelque sorte, et non pas le contraire.
- © Warner Bros France
Confiné dans son rôle d’étranger fondamental, écartelé entre les discours contradictoires de ses deux pères, étouffé par l’ambiance délétère propre aux reboots ployés sous leur propre sérieux, malmené par un script non linéaire qui joue avec les structures plus qu’il n’approfondit ses choix, et torturé par des super-capacités qui ne lui permettent plus de voir sous la jupe de Lois mais de contempler sans le vouloir l’odieux squelette de ses contemporains", le Superman de Snyder est une sombre forteresse, aussi imprenable qu’énigmatique, qui semble évoluer à côté du film, de son personnage, et bien loin de nos préoccupations. Certains lui préféreront même le général Zod, solidement caractérisé, et qui a au moins le mérite d’être bien planté dans un scénario par ailleurs trop anecdotique pour nous tatouer la mémoire.
- © Warner Bros France
De son côté, et en tant que prodige de l’esbroufe digitale, Snyder secoue sa caméra comme un parkinsonien loin d’une pharmacie, décolore son image, ajoute les bastons oubliées par Bryan Singer, transforme Superman en avion de chasse, hystérise la moindre joute, nous tabasse la rétine à grands coups de CGI tout feu tout fake, monte son film comme Zimmer fracasse ses tambours, et pompe Terrence Malick dès que la mère de Cavill apparaît à l’écran, prouvant à tous ceux qui n’avaient pas besoin de le savoir qu’une fois vidé de sa substance, The Tree of Life peut ressembler à une pub Apple. Heureusement, la DA de Krypton, une poignée de séquences empruntées au jeu vidéo et quelques plans d’ensemble certainement tournés pendant une sieste de Zack permettent à nos cerveaux malmenés de rejoindre gentiment le coin du ring, histoire de profiter quelques instants du spectacle, et surtout de ne plus le subir.
- © Warner Bros France
Avec sa figure christique emmaillotée dans une cape de plomb et montée à l’envers (elle fait des miracles avant de savoir pourquoi), sa paranoïa latente, ses thématiques verrouillées à double tour, sa romance aussi soudaine qu’invraisemblable, et son allure d’attraction grisâtre pour dépressifs chroniques, Man of Steel veut croire à son humanisme sans jamais nous effleurer ne serait-ce que l’épiderme. Un triste manège qui aurait bien besoin d’une épiphanie ou d’un Dark Knight pour se secouer la franchise.
- © Warner Bros France
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Frédéric Mignard 17 juin 2013
Man of Steel - Zach Snyder - critique
Zack Snyder se prend pour Michael Bay et se livre à un jeu de destruction massive hystérique où chaque plan surjoue la carte de l’esthétique à outrance. Pas le temps d’être poétique, ni même d’être humain, Man of Steel est juste un gigantesque jeu vidéo dont l’impressionnant dispositif de CGI n’épate pas très longtemps !
N’est pas Nolan qui veut...
roger w 30 juin 2013
Man of Steel - Zach Snyder - critique
Qu’il est triste effectivement ce reboot entièrement dévoué au spectaculaire et à l’esbroufe. Zack Snyder passe totalement à côté de son histoire - qu’il ne sait pas raconter - et livre un film gadget entièrement voué à en foutre plein la vue. Aucune psychologie, aucune profondeur et un Superman qui n’a jamais été aussi fade. On s’ennuie gravement devant cet étalage d’effets spéciaux. De la bouillie cinématographique.
birulune 20 janvier 2017
Man of Steel - Zach Snyder - critique
Vous êtes durs les gars, honnêtes mais durs...
Snyder cartonne pour insuffler de la vie à des héros inconnus en France avec son Watchmen mais il a pas la gnac qu’il faut pour remettre au goût du jour un héros en slip rouge et costume bleu
Christ116 8 mai 2020
Man of Steel - Zach Snyder - critique
Critique d’intello à deux euros, des mots mis les uns au bout des autres et qui ne veulent rien dire. Snyder pose la première d’une vision du monde non édulcorée et endormie par des bobos comme celui qui a écrit cette critique. Je dis endormi car j’ai failli ne pas aller au bout de cet article ennuyeux à souhait ou à vomir au choix. Après si vous n’aimez pas les films avec des effets spéciaux je pense qu’il vaut mieux éviter d’aller voir un film sur superman ce sera déjà une preuve d’intelligence.