Le 5 novembre 2023
Julie Delpy tente de tracer un sillon dans la comédie. Sa réalisation s’y emploie avec la finesse d’un bulldozer, malgré la présence de Vincent Lacoste dans un rôle de trublion inquiétant.
- Réalisateur : Julie Delpy
- Acteurs : Karin Viard, Julie Delpy, Ramzy Bedia, Dany Boon, Vincent Lacoste, Élise Larnicol, Georges Corraface
- Genre : Comédie, Comédie romantique
- Distributeur : Mars Distribution
- Durée : 1h40min
- Date télé : 5 novembre 2023 21:10
- Chaîne : France 2
- Box-office : 913 004 entrées France
- Date de sortie : 28 octobre 2015
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Résumé : En thalasso à Biarritz avec sa meilleure amie, Violette, quadra parisienne travaillant dans la mode, rencontre Jean-René, un modeste informaticien fraîchement divorcé. Après des années de solitude, elle se laisse séduire. Il la rejoint à Paris, tentant de s’adapter au microcosme parisien dans lequel elle évolue. Mais c’est sans compter sur la présence de Lolo, le fils chéri de Violette, prêt à tout pour détruire le couple naissant et conserver sa place de favori.
Critique : D’où tu parles, humour de la comédie bourgeoise ? C’est à peu près la seule question-réponse qu’on aurait envie de poser à Julie Delpy, puisque sa proposition divertissante tombe à pieds joints dans tous les invariants de la gaudriole mainstream, qui tente une hybridation avec la screwball comedy.
Après Le Skylab, chronique boursouflée et pleine de clichés, la réalisatrice confirme qu’elle est décidément peu à l’aise avec le rire, tentant un passage en force par la case trivialité : dès la séquence initiale au spa, deux copines affichent leurs propos vulgaires comme des panneaux de signalisation. Attention : comédie libérée et gonflée.
Seulement voilà : le seul juge de paix étant le rire, la récurrence des grossièretés sent la sauce, non seulement qui tache, mais qui cache l’absence de viande, d’où cette tendance à étirer quelques fausses bonnes idées : ainsi, le gag du poivre dans les vêtements, avec ses effets urticaires, permet au film de capitaliser sur des procédés attendus, pendant un quart d’heure, visite du médecin comprise.
De quoi tu parles, humour de la comédie bourgeoise ? D’un semblable périmètre sociologique, propre à tant de divertissements produits à un rythme industriel, qui semblent recycler les mêmes métiers privilégiés (ici, madame travaille dans la mode), les mêmes appartements spacieux, les mêmes apparitions clins d’œil de quelques beautiful people : Frédéric Beigbeder dans son propre rôle en cuistot 2.0, Karl Lagerfeld à une soirée mondaine.
La coexistence des registres les plus variés qui, dans la même bouche, font advenir le plus cru ("chatte", "bite") et le plus distingué ("Niki de Saint Phalle") a beau faire du pied à tout le monde, ce crossover ne cache pas l’impression globale d’un entre-soi artistique qui a bien du mal à densifier ce vaudeville, où tout transite volontiers par des scènes outrées, avant la grande réconciliation.
Quant à la trame, elle est aussi mince que l’espoir de susciter le moindre rire avec autant de stéréotypes. A partir du moment ou Delpy tient sa perturbation narrative (l’idylle amoureuse saccagée par un jeune homme attaché à sa mère), elle ne cesse d’imaginer les plaisanteries réitérées du fameux Lolo qui donne son titre à la pochade. Pour jouer cet sorte d’avatar de Tanguy, le créatif Vincent Lacoste invente un concept : la nonchalance inquiétante. Il est à peu près le seul intérêt de ce film globalement ennuyeux.
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