Le 19 août 2013
Malgré quelques maladresses et facilités d’écriture, Les voisins de Dieu explore une gamme de sujets et de personnages assez peu communs dans le paysage du cinéma israélien actuel.
- Réalisateur : Meni Yaesh
- Acteurs : Roy Assaf, Gal Friedman, Itzik Golan
- Genre : Drame
- Nationalité : Israélien, Français
- Editeur vidéo : Blaq Out
- Durée : 1h38mn
- Titre original : Ha-Mashgihim
- Date de sortie : 27 mars 2013
- Plus d'informations : Le site du distributeur
- Festival : Festival de Cannes 2012
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Sortie DVD : le 20 août 2013
Malgré quelques maladresses et facilités d’écriture, Les voisins de Dieu explore une gamme de sujets et de personnages assez peu communs dans le paysage du cinéma israélien actuel.
L’argument : Il faut respecter les règles. Avi, Kobi et Yaniv, trois bons copains, se sont auto-désignés surveillants d’un quartier de Bat Yam en Israël. Ils sont jeunes, savent se battre, Avi est leur chef. Ils surveillent les tenues des femmes, font respecter le shabbat, et s’assurent que les Arabes de la ville de Jaffa n’entrent pas dans le quartier avec leurs voitures diffusant de la musique tonitruante. L’équilibre de la bande vacille le jour où Avi tombe amoureux d’une jeune fille.
Notre avis : En ouvrant son film sur une scène littéralement « coup de poing », où un groupe de jeunes venus troubler la tranquillité du Shabbat se font violemment corriger par une milice de quartier auto-proclamée, Meni Yaesh prend un risque, celui de céder à la jouissance de la violence, et d’acclamer la loi du plus fort par une astuce de point de vue. Et pourtant, le cinéaste parvient à maintenir toutes les tensions inhérentes à son sujet – parler de la violence en partant de l’intérieur, en extraire l’énergie et la force de cohésion, exhiber les mécanismes de bêtise d’un groupe sans adopter une position surplombante. Dès la deuxième séquence, nous comprenons qu’il ne s’agit pas simplement là de religion, et que pour ces jeunes miliciens de Dieu dans ce quartier de Bat Yam, l’observance du rituel revêt avant tout une fonction de catharsis sociale. Pouvoir dire à une fille qu’elle ne se respecte pas, rappeler à l’ordre ceux qui ne vont pas à la synagogue ou n’observent pas le Shabbat, c’est s’arroger une position de grand frère pour une grande famille urbaine qui n’a de réalité que les rencontres quotidiennes et fortuites au détour du café du coin.
La compassion que Yaesh montre pour son personnage principal – Avi le passionné et l’impulsif, dont le chemin mène à sa propre introversion – sauve le film de sa forme possible de brûlot provocateur ; à tel point que le mélange entre la liesse réelle provoquée par certaines scènes et l’horreur absolue de ce qui se déroule sous nos yeux – les épisodes de violence subite et abrupte, le racisme profondément enraciné dans le quotidien – amène progressivement un sentiment étrange, moins manichéen que ne laissent le présager les premières minutes du film.
Les voisins de Dieu explore une gamme de sujets et de personnages assez peu communs dans le paysage du cinéma israélien actuel : fils d’immigrés turcs, marocains, qui n’ont rien à voir avec l’orthodoxie vêtue de noir, mais qui trouvent dans la religion un ciment identitaire, à l’échelle locale, qui permet de concilier l’intérêt pour la musique électronique et le « Chema Israël » biblique. Le problème est moins ici l’ancrage du sujet dans les problèmes politiques de la société israélienne, ou encore l’extrémisme religieux, que l’analyse d’un épiphénomène générationnel. Si tous les personnages ne sont pas brossés avec la même finesse – le film tournant parfois à l’explication biographique ou psychologique avec un peu de maladresse –, les trois protagonistes restent en mémoire comme des personnages désarmants, représentatifs d’une détresse sociale et morale qui se dissimule sous les oripeaux de la religion. Ces fils du quartier ne veulent pas autre chose que s’affirmer en tant qu’hommes, et lorsque dans l’une des plus belles scènes du film, l’un d’entre eux fond en larmes dans les bras de son père à la synagogue, sous le châle de prière, on mesure le caractère dérisoire, presque archaïque et désespéré de cet objectif. Et plus que de Dieu, il est ici question de ceux qui partent aveugles à sa recherche.
Le film sera édité le 20 août par Blaq out en DVD
VO hébreu DD 5.1 et 2.0, sous-titré en français et français pour sourds et malentendants
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