BAD SABBATH
Le 7 janvier 2014
Nous rêvions d’une grande sauterie excessive et déviante, nous avons donc une boum obèse et mal-portante.
- Réalisateur : Álex de la Iglesia
- Acteurs : Carmen Maura, Mario Casas, Hugo Silva, Terele Pavez
- Genre : Comédie, Épouvante-horreur
- Durée : 1h52mn
- Titre original : Las brujas de Zugarramurdi
- Date de sortie : 8 janvier 2014
L'a vu
Veut le voir
Nous rêvions d’une grande sauterie excessive et déviante, nous avons donc une boum obèse et mal-portante.
L’argument : En plein jour, un groupe d’hommes braque un magasin d’or de la Puerta del Sol à Madrid. José, père divorcé en plein conflit avec son ex-femme, Tony, son complice, sex-symbol malgré lui, Manuel, chauffeur de taxi embarqué contre son gré dans l’aventure, et Sergio, le fils de José, partent en cavale. Objectif : atteindre la France en échappant à la police… Mais arrivé près de la frontière française, dans le village millénaire de Zugarramurdi, le groupe va faire la rencontre d’une famille de sorcières, bien décidées à user de leurs pouvoirs maléfiques pour se venger des hommes…
Notre avis : Depuis 22 ans, de la Iglesia aligne les films-monstres (Balada triste), les comédies immorales et perce-logique (Muertos de risa, le Crime farpait), les hommages de cinéphile tordu (le western andalou 800 balas) et les petites réussites parallèles, moins provocatrices au premier abord, mais pas au second (Jour de Chance). Depuis 22 ans, Alex jette des bidons d’essence sur le bon sens ou la morale à l’usage des masses, et allume le tout en riant trop fort. Parce que oui, il aime les gros traits, et les coups de feutres – ou de feu - qui dépassent. Il se complaît dans le disproportionné. Et puis d’ailleurs, jusque-là, tout allait bien, nous acceptions sa furia à rétines ouvertes. Après l’échec de Crimes à Oxford, on le pensait même de nouveau infaillible. Seulement voilà, en dépassant allègrement la lisière du fantastique (sa zone de grâce) pour donner à sa guerre des sexes une allure de vaste sauterie païenne gorgée de sorcières adhésives (en tant qu’adeptes de la reptation sur paroi verticale), le géniteur cinglé du Jour de la bête galvaude son grain avec une subtilité de semi-remorque et l’enthousiasme désolant d’un amnésique lancé avec force gesticulations dans le récit d’une histoire que tout le monde connait.
Planqué derrière ses références (Häxan, Une nuit en enfer pour le côté road-trip vers le chaos, La maison des 1000 morts et même – involontairement certainement – la famille Addams) - ou un langage qu’il avait jusqu’ici toujours su réemployer en gardant l’accent ibérique - le cancre de l’Eglise plaque sur ces clichés moteurs un argument bisseux qui aurait tout à fait pu assouvir nos envies de défoulement imbécile si nous n’étions pas devenu un petit plus exigeant – les grands films passant - sur le contenu des offrandes d’Alex. Du mariage à la religion d’état, de la misogynie ordinaire au féminisme sectaire, de la bêtise masculine à l’hystérie romantique de ces dames, tout y passe ; le film tangue sec pour arroser ses cibles, et finit par se retourner dans les vagues qu’il crée. Grosse farce à l’humour gris clair, ultra-répétitif sur la forme (le contraste entre discussion anodine et gravité de la situation répété 45 fois) et schématique sur le fond, faussement subversif (parce que centré sur une perpétuelle inversion des valeurs, un procédé qui a largement fait son temps), Les Sorcières de Zugarramurdi porte le deuil de la folie véritable de son géniteur, incapable, qui plus est, de convoquer les visions malades qui faisaient le sel plastique de ses salves précédentes. Hormis un pauvre type fripé et reclus sous les commodités d’un bar surnaturel, et l’ogresse-mère de toutes les sorcières/chiennes de garde, on espère de la vision ou de l’envolée, mais on tombe sur une inspiration en parapente, destinée à se crasher, et condamnée à braquer le style des autres.
Beaucoup trop long, inégal (un bon braquage, un bon sabbat et puis basta) étrangement ou pauvrement construit, didactique comme jamais, le douzième film du basque cumule trop de tares pour ne pas être pénible, et s’achève en fanfare dissonante sur un double final d’abord profondément mièvre, puis carrément lâche (l’amour triomphe, mais on ne l’assume pas, parce qu’on veut rester anticonformiste hein). Cette fois ci, Alex, nous fermerons les yeux, mais la prochaine fois, vise l’écarquillement.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.