Au nom du fils
Le 6 février 2023
Voyage initiatique d’un enfant confronté à la violence du monde adulte. Un film rare et subtil.
- Réalisateur : Sam Mendes
- Acteurs : Paul Newman, Tom Hanks, Jennifer Jason Leigh, Jude Law, Daniel Craig, Stanley Tucci, Tyler Hoechlin
- Genre : Drame, Thriller, Film de gangsters
- Nationalité : Américain
- Distributeur : UFD
- Editeur vidéo : Fox Pathé Europa
- Durée : 1h55mn
- Date télé : 7 juin 2024 23:00
- Chaîne : Paris Première
- Titre original : Road to Perdition
- Date de sortie : 11 septembre 2002
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Résumé : Michael Sullivan est un homme silencieux, un père aimant et un tueur de la mafia redoutable. Lorsque sa femme et son petit dernier se font assassiner par le rejeton du grand patron, il part sur les sentiers de la vengeance avec son fils aîné...
Critique : Après le succès surprise de son premier long métrage American Beauty, Sam Mendes s’attaque à un genre cinématographique presque tombé en désuétude : le film de gangsters des années 30. Plus qu’un prétexte, c’est surtout l’occasion pour lui d’explorer les relations filiales tortueuses, la perte de l’innocence et le thème de la vengeance. Décidément, les dysfonctionnements d’une famille modèle fascinent Sam Mendes. À l’instar d’American Beauty, il fait exploser dans Les sentiers de la perdition les rapports filiaux pour mieux dévoiler leur complexité. Ici Sullivan, tenu avec justesse par Tom Hanks, se place délibérément en marge de l’Organisation et de l’autorité de son père adoptif afin de protéger son fils. Cela tient de la tragédie shakespearienne où le sens du sacrifice balaie sans autre mesure les conventions préétablies.
Et Sam Mendes ne se facilite pas la tâche tant les rapports entre ses protagonistes tiennent du mutisme. Point de longs discours ou de déclarations enflammées, seuls les regards et les gestes furtifs permettent la compréhension d’un amour paternel (exemple, le duo au piano de Hanks et Newman en dit long sur leur affection réciproque). C’est la force de ces Sentiers de la perdition à plus d’un titre : constamment tenu en retrait en raison de la pudeur infinie du traitement, le spectateur saisit pourtant le moindre sentiment des personnages et en vient à les aimer.
Niveau mise en scène, Sam Mendes gagne ses galons de maître. D’une sobriété à toute épreuve, il soigne ses cadres et sa lumière jusqu’au maniérisme. Le résultat est très impressionnant (autre exemple, le carnage final avec pour seule illustration sonore la magnifique musique de Thomas Newman), même si parfois ces Sentiers s’embourbent dans la lenteur et l’académisme.
Ode à l’amour paternel, filmé avec une grande finesse, Les sentiers de la perdition n’est sans doute pas le chef-d’œuvre ultime mais un film rare et subtil, où les silences en disent souvent plus long que les mots.
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