Classe de lutte
Le 12 juillet 2015
Un premier film prometteur qui prend chair dans le milieu ouvrier et sur le visage de Paul Bartel.
- Réalisateur : Simon Leclère
- Acteurs : Paul Bartel, Pierre Boulanger, Solène Rigot, Bénédicte Loyen, Hugo Zermati
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Durée : 1h20mn
- Date de sortie : 15 juillet 2015
L'a vu
Veut le voir
Un premier film prometteur qui prend chair dans le milieu ouvrier et sur le visage de Paul Bartel.
L’argument : À 19 ans, Pavel travaille à l’usine locale comme son père et son grand-père avant lui. Il passe son temps libre sur les bords de Loire avec Anja, son amie d’enfance dont il est aujourd’hui secrètement amoureux. Si Anja rêve d’émancipation et s’apprête à passer son bac, Pavel n’est pas inquiet : ils ont grandi ensemble, ils vieilliront ensemble. Mais alors qu’un plan social est annoncé à l’usine, Anja se laisse séduire par Antoine, le fils du patron. Pour la première fois de sa vie, Pavel n’est plus sûr de rien.
© Jour2fête
Notre avis :
Les révoltés est le premier film du producteur Simon Leclère. Il met en scène deux jeunes acteurs dont la quasiment incontournable Solène Rigot, déjà aperçue dans 17 filles et Tonnerre. Pour lui donner la réplique, Paul Bartel est Pavel, jeune ouvrier qui rêve d’ailleurs, refusant d’aller de CDD en CDD sans horizon autre que le toit métallique de son usine. L’ailleurs se construira aussi avec son amie d’enfance, Sonja, incarnée donc par Solène Rigot.
Peut-être parce que le réalisateur filme ce milieu ouvrier dont il est originaire et qu’il connaît bien, Les révoltés frappe par sa justesse. Les personnages sont filmés à hauteur d’homme et si certains seconds rôles sont dessinés à gros traits - le syndicaliste acharné, le patron falot - l’ensemble fonctionne. Le réalisateur réussit malgré le contexte dans lequel s’inscrit son scénario à ne jamais tomber dans le pathos ou la caricature du film social. L’alchimie entre Solène Rigot et Paul Bartel existe de très belle façon. Bartel, qu’on avait aperçu dans Les petits princes, a grandi : son jeu s’est déplacé pour devenir plus ample et intéressant. Gageons que le héros qu’il incarne y est pour quelque chose. Il y a ce moment d’évasion, instant où le film bascule, qui emmène un métrage qu’on pensait balisé sous d’autres latitudes. Pavel va en effet organiser sa propre disparition. Chercher la vérité en s’éloignant physiquement et moralement du contexte, voilà peut-être le plus beau geste de révolte adolescente qu’on puisse imaginer. Il permet en tous cas au film de devenir autre chose qu’un énième drame sur la perte de l’innocence et le passage à l’âge adulte.
© Jour2fête
Mis à part quelques instants un peu explicatifs dans l’usine, les dialogues sont assez bien sentis et ne viennent pas gangrener l’émotion. Si le héros cherche sa place, il enquête aussi sur ce qui est arrivé à son père et le destin auquel est promise l’usine où ils travaillent. On sent bien que la véracité de cette quête n’est pas ce qui intéresse le plus le réalisateur. Il préfère, et on le comprend, filmer les retrouvailles de ces adolescents brinquebalés entre leur désir d’ailleurs et leur recherche de la vérité. Il y a dans les révoltés une jolie peinture de la nostalgie. Ce que Pavel retrouve dans la cabane où il jouait avec Sonja étant petits, c’est le temps de l’innocence. Si le film n’est pas misérabiliste, il manque tout de même un peu d’assise. On peut saluer le fait qu’il évite le plus souvent un manichéisme bon teint mais la fin est décevante car assez maladroite. Si elle a une symbolique forte, on l’avait comprise auparavant et le reste tombe un peu à plat.
Malgré cette note finale peu convaincante, saluons tout de même le mélange des genres qui fait de ce premier film une œuvre plus originale qu’il n’y paraît.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.