Re-vivants
Le 30 décembre 2021
Un film glaçant, réaliste et déroutant à la fois. Une réflexion sur le deuil et la culpabilité des vivants face à leurs morts.
- Réalisateur : Robin Campillo
- Acteurs : Géraldine Pailhas, Jonathan Zaccaï, Frédéric Pierrot, Catherine Samie, Victor Garrivier, Hélène Alexandridis, Marie Matheron
- Genre : Fantastique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Haut et Court
- Durée : 1h45mn
- Date télé : 30 décembre 2021 20:40
- Chaîne : OCS City
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 27 octobre 2004
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Résumé : Les morts, par millions, sont revenus à la vie. En bonne santé, mais étrangement absents, ils réintègrent les familles qu’ils avaient laissées dans le deuil. Face à cet événement improbable, les habitants d’une ville de province tentent de faire face, de gérer les sentiments violents qui les traversent et de réinsérer dans la société ces nouveaux vivants qu’on avait enterrés.
Critique : La force des Revenants réside d’abord dans son idée de départ, simple et effrayante : les morts reviennent parmi nous, mais bien vivants, semblables en tous points (extérieurement) à ce qu’ils étaient avant de quitter cette terre. Pas de mort-vivants sanguinolents ici, ni de déterrages, gémissements et carnages. La violence, la cruauté de cette "attaque" de revenants sont tout autant réelles, mais également sur le plan psychologique. Comment faire face à ceux qui sont morts, à notre culpabilité de survivre à l’être aimé, quand on se retrouve de nouveau face à lui ? Que dire à ces revenants, comment concevoir la réalité de leurs chairs qu’on croyait détruites ? Ce sont à ces questions terrifiantes que tentent de répondre les habitants d’une ville de province indéfinie, et son conseil municipal en premier lieu, dont font partie les protagonistes du film de Robin Campillo, scénariste de L’emploi du temps de Laurent Cantet.
Rachel (Géraldine Pailhas), Isham (Djemel Barek) et leur maire (Victor Garrivier), confrontés à leurs époux, femmes ou enfants décédés, vont tenter par tous les moyens de retrouver une vie normale. Mais, et c’est là que Les revenants s’inscrit aussi dans la veine fantastique, chaque élément d’humanité est nié par le décor, la ville, morte, n’offrant que rues désertes, espaces aseptisés et centres commerciaux (la référence à Zombie de Romero est même, à un moment donné, explicite). Face à tous les efforts des vivants pour les réinsérer, les aimer de nouveau, les revenants demeurent eux aussi insensibles, distants, comme plongés dans un songe incessant, qui, on l’apprendra, cache une volonté supérieure, une mission donnant sens à leur retour à la vie.
Les revenants fait peur autant qu’il porte un regard troublant sur le deuil. Le retour à la vie des défunts, leur santé étonnante en tous points (ils sont dans une forme olympique, mais leur température corporelle est nettement inférieure à la normale), leur attitude, sont analysés avec la rigueur la plus scientifique, à travers les jugements des conseillers municipaux. Après une première demi-heure très rythmée, illustrant sans ménagement l’angoisse immédiate, la déroute des "vrais" vivants, le film entre dans une phase plus contemplative, dominée par la difficile tentative de rapprochement entre Rachel et Mathieu, son défunt mari.
A travers les caresses, les regards neufs et pourtant couverts de fantômes, c’est alors la figure d’un autre, d’un inconnu qu’on a aimé, qui est abordée. Celle d’une incarnation des regrets, des erreurs commises, parfois fatales. Car ce ne sont pas tant les morts eux-mêmes qui reviennent à la vie dans Les revenants, mais leur souvenir, et avec lui les questions auxquelles chaque (sur)vivant refusait de répondre. Le film devient alors une incarnation violente du deuil, de la culpabilité des vivants face à leurs morts, mais aussi de la société en général face à l’autre, le "parasite", le réfugié, errant dans la ville et la vie.
Les revenants est bien un film de mort-vivants, et son esthétique ne déroge pas aux règles du genre, avec ses êtres lents, somnambules, marchant en rang, hantant la nuit. Mais si Robin Campillo choisit lui aussi, à l’image de Romero, la ville froide et consommatrice, il l’expose à une lumière blanche, presque métallique. Le retour à la vie de ses morts n’annonce pas une apocalypse planétaire, mais bien plutôt l’heure d’un jugement que les vivants devront porter sur eux-mêmes et leur hypocrisie face à la douleur dans la perte de l’autre, c’est-à-dire face à leur deuil. Au-delà des quelques longueurs et lourdeurs d’une fin en forme de règlement de compte, Les revenants est un film glaçant qui mêle habillement le réalisme, le drame humain et social avec une horreur diffuse, psychologique, sans (presque) une goutte de sang.
– Le film a été adapté en 2012, en une série télévisée de 8 épisodes. Un succès mondial, vendu jusqu’aux USA.
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