Les rayures du zèbre - Benoît Mariage - critique

Critique : Poelvoorde est un acteur assez surprenant au regard d’un parcours en dents de scie. À l’instar de son personnage de chercheur de tête et de talents dans le domaine du football, il a traversé des hauts et des bas, tant professionnellement que dans sa vie personnelle. Entre C’est arrivé près de chez vous, qui le fait connaître, et Podium, où il atteint des sommets, il a alterné les déceptions comme Les randonneurs à Saint-Tropez, Astérix aux Jeux Olympiques et Les deux mondes. La réussite et la dépression ont marqué sa filmographie. Pourtant, Poelvoorde a toujours su se relever et il le refait encore admirablement dans Les rayures du zèbre où son personnage revient de loin, alors qu’il mise sur un nouveau venu africain qui ne tient pas toutes ses promesses.
Le film aborde le sempiternel clivage Europe/Afrique, la colonisation et l’esclavage sous toutes ses formes. Mais il traite ces thèmes avec subtilité, ébranlant quelque peu les stéréotypes du Blanc décisionnaire et tout6puissant face au Noir soumis et dépendant. Ici, tout n’est que faux-semblants et trompe-l’œil : au final, le Belge se fait donner une leçon de vie avant de pouvoir s’élever, devenir un homme meilleur, couleurs de peau et genres confondus, dépassés, ignorés.

La réalisation, entre les mains délicates de Benoît Mariage, est d’une grande sobriété. Son nom au générique laissait présager autre chose qu’une comédie à la Case départ, loin du burlesque français lourd aux gags raciaux lassants. Les reportages de Strip-tease, c’était (en partie) lui. Pour cet habitué des César et du Festival de Cannes, ce film marque sa troisième collaboration avec Poelvoorde. On ne change pas une équipe qui gagne...
Au plus près des personnages, à grand renfort de plans serrés et entre légèreté et gravité, Les rayures du zèbre délivre un beau message universel. Uns adroite petite pépite.