Disney/Marvel, une collaboration sans panache
Le 6 février 2015
Le dernier Disney n’est en rien la rencontre au sommet entre Iron Man et les grandes leçons de Pixar, il ressemble plutôt à celle d’un Nono le robot ventripotent face à un studio en berne au niveau de la créativité...
- Réalisateurs : Chris Williams - Don Hall
- Genre : Animation, Film pour enfants, Film de super-héros
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h42mn
- Date télé : 12 mai 2021 21:00
- Chaîne : CStar
- Titre original : Big Hero 6
- Date de sortie : 11 février 2015
- Voir le dossier : Walt Disney Pictures
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Le dernier Disney n’est en rien la rencontre au sommet entre Iron Man et les grandes leçons de Pixar, il ressemble plutôt à celle d’un Nono le robot ventripotent face à un studio en berne au niveau de la créativité...
L’argument : Un génie de la robotique nommé Hiro Hamada, se retrouve embarqué dans un complot criminel qui menace de détruire la paisible ville high-tech de San Fransokyo. Avec l’aide d’un de ses plus proches compagnon – un robot nommé Baymax –, Hiro s’associe à une équipe de jeunes amateurs qui s’est donnée pour mission de sauver la population.
© The Walt Disney Pictures
Notre avis : Dans le cadre de leur première collaboration sur un long-métrage d’animation, Disney et Marvel s’attaquent à l’adaptation du comic book de l’ombre Big Hero 6 (titre du film en VO). Pour mener à bien ce projet, mélange d’influences américaines et japonaises, les studios ont fait appel aux duo de réalisateurs Don Hall (Winnie l’ourson) et Chris Williams (Volt, star malgré lui). Le portage du papier au grand écran s’est opéré avec des prises de liberté ayant pour but de toucher plusieurs marchés. Ainsi, l’univers des Nouveaux Héros n’est plus ancré au Japon comme dans les cases de BD, mais dans la ville multiculturelle imaginaire de San Fransokyo (un nom à la combinaison pas très subtile au passage...).
De plus, certains personnages font eux aussi les frais de cette approche marketing à l’instar de Wasabi passant de samurai et chef de cuisine japonais à un grand costaud typé afro-américain qui déteste la saleté. On connait la tactique répandue parmi les blockbusters, désormais tous les continents doivent pouvoir s’identifier au dernier né de la marque aux grandes oreilles.
© The Walt Disney Pictures
Disney s’éloigne des histoires de princesses et autres contes animaliers qui ont fait sa renommée pour passer à un pur geek movie super héroïque (rappelons tout de même que les studios avaient déjà visé à titiller l’imaginaire des geeks dans Les Mondes de Ralph en 2012 par le biais de son univers référencé par le monde du jeu vidéo). Les Nouveaux Héros nous proposent ainsi de suivre les aventures d’une bande de petits génies experts dans la création de gadgets high-tech. Car oui les geeks ont la cote, les héros du 21e siècle ce sont eux.
Hiro Hamada, le jeune personnage principal est un surdoué prometteur fasciné par le domaine de la robotique. Son grand frère Tadashi, lui-même ingénieur en robotique lui propose d’intégrer son école au lieu de gâcher son savoir-faire dans les "Bot Fight". Dans les laboratoires de l’établissement, Hiro fait la connaissance d’une petite équipe d’intellos composée de Fred Zilla, Honey Lemon, Gogo Tamago et Wasabi qui deviendront ses amis. Il découvre également le projet de son frère ainé, un robot médical bibendum nommé Baymax. Suite à un terrible évènement qui va bouleverser sa vie, Hiro va se lancer avec Baymax à ses côtés sur la piste de Yokai, un mystérieux super vilain masqué responsable d’un dangereux complot menaçant toute la ville.
© The Walt Disney Pictures
Rentrons à présent dans le cœur du sujet qui fâche. Car l’aventure vécue par Les Nouveaux Héros est loin d’être exempte de défauts. Ce qui frappe d’emblée, c’est le manque d’efforts mis œuvre pour donner à la ville fictive de San Fransokyo une identité propre, capable de nous émerveiller. Ce qui aurait dû traduire une présence urbaine et cosmopolite visuellement très forte peine à dégager du caractère durant toute la durée du film (peu de contacts avec ses habitants ou ses quartiers populaires hormis la scène d’ouverture du Bot fight). L’impression d’uniquement la survoler, tel Hiro sur le dos de son Robot docteur à la cuirasse customisée, marque un revers pour un studio basant la majorité de ses œuvres sur l’enchantement visuel (le mauvais effet Marvel ?).
Autre défaillance notable, l’incroyable manque de charisme des personnages secondaires. Si la relation touchante entre Hiro et son robot compose certes l’essence principale du long métrage, les quatre compagnons en armure semblent avoir tout bonnement été sacrifiés. Les personnalités s’avèrent très insipides et ne servent qu’à meubler voir à arracher de temps à autre un trop vague sourire indulgent au spectateur. Que dire encore du grand vilain de l’histoire dont la menace ne se ressent qu’à peine, disparaissant souvent aussi vite qu’il est apparu, sans le moindre mot.
© The Walt Disney Pictures
Reste donc les rapports entre Hiro et Baymax qui se révèlent heureusement plus réussis. C’est tout à l’honneur des réalisateurs d’avoir su créer à l’écran un lien fort et des situations touchantes entre un être humain et un robot très rationnel dénué de sentiments, même si pour comparaison, nous sommes encore loin du niveau d’émotion rencontrée à l’intérieur des grands succès de Pixar (Wall-E, Toy Story 3, Là-Haut, Ratatouille pour ne citer qu’eux). Dans une intrigue trop souvent balisée, le duo fonctionne bien, mais on est encore tenté de dire qu’entre eux les situations amusantes se font un peu trop rares. La scène du retour à la maison façon type bituré quand la batterie de Baymax est pratiquement déchargée reste la plus efficace même si elle pâtit d’un sentiment de déjà-vu. Retenons tout de même qu’au niveau des thématiques, le film parvient à traiter d’un sujet grave comme celui de la perte d’un proche ainsi que de la difficile épreuve du deuil qui en résulte avec un minimum de justesse. Il réussit d’autre part à mettre l’accent sur la ferveur créative, en particulier celle qui anime le jeune Hiro.
Au final on retiendra de la première collaboration entre Disney et Marvel une œuvre superficielle qui peine à se forger une réelle identité. Ceux qui attendaient la rencontre entre Iron Man et les grandes leçons de Pixar seront forcement déçus puisque le film de Don Hall et Chris Williams se montre simplement à même de séduire le jeune public masculin. Pour beaucoup, il risque de ne rester que peu de souvenirs des Nouveaux Héros en sortie de salle, preuve que le département créatif de Disney devrait plus que sérieusement se remettre en question...
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