Le 17 septembre 2015
- Scénariste : Manuro>
- Dessinateur : Ben Jurdic
- Coloriste : Damien Gay
- Genre : Action
- Editeur : Makaka Editions
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 1er juin 2015
- Durée : 1
Les Larmes de Nuwä vous propose une expérience particulière, venez lire et jouez à la BD dont vous êtes le héros !
Résumé :
Chine médiévale, patrie des légendes et des créatures étranges. Hors, les larmes de Nuwä, reliques anciennes et sacrées, ont été volées au temple. Et devinez quoi ? Vous jouerez la chasseuse de primes chargée de les retrouver. Bien sûr, il y a plusieurs voleurs et le temps joue, lui, contre vous. Alors ne perdez pas un instant et plongez dans cette aventure au gré des pages de cette BD pas comme les autres.
Notre avis :
Les larmes de Nuwä est le nouveau volume de la collection de Makaka des "BD dont vous êtes le héros". Makaka Editions a repris le flambeau des légendaires livres dont vous êtes le héros en les adaptant à la BD et en optant pour une simplification des règles.
Si vous avez un certain âge, sans que ce soit forcément un âge certain, vous vous rappelez peut-être ces livres qui vous ont fasciné, ou ont fasciné certains de vos amis et dont les titres titillent encore nos papilles assoiffées d’aventure La forêt Enchantée , Les Légions du Mal et autres Trésor des Pharaons !
Équipés d’une feuille blanche, d’un crayon, d’une gomme et d’un dé à six faces, vous plongiez dans un autre monde et décidiez vous-même des choix du héros, puisque le héros c’était vous. Bon, bien sûr, le nombre de choix était limité, mais c’était mieux que la partie familiale de backgammon du dimanche soir, non ?
Le fonctionnement ? Vous lisiez un petit paragraphe qui vous plongeait dans une situation et vous offrait des choix – du style « Vous voilà perdu au cœur de la forteresse de l’ignoble Féléar ! Comment comptez-vous vous en sortir ? Au détour d’un couloir, un immonde tas de graisse purulente s’agite doucement dans un bruit visqueux. Vous voulez vous pencher dessus pour voir de plus près ? Rendez-vous au paragraphe 56 ; vous souhaitez mettre le feu à cette créature impie, avant d’entamer toute discussion ? Si vous êtes équipés d’une torche, rendez-vous au paragraphe 186 ; vous tenter de vous dissimuler aux sens hyper-développés de ce maudite amas de chair ? Planquez-vous au paragraphe 264 » - Vous avez une petite idée du fonctionnement. Certains choix n’étaient possibles que si vous remplissiez la condition – le cas de la torche – d’autres étaient accessibles dans tous les cas.
Et bien Les larmes de Nuwä vous propose ce type d’aventure dans la chine légendaire médiévale citée plus haut et sous forme de BD. Les paragraphes sont remplacée par une ou plusieurs cases vous relatant votre situation et les conséquences de vos choix.
Vous vous dites que c’était compliqué ces livres, alors en BD, ça doit être pire ! Que nenni non point les amis. En fait, les règles sont simplifiées à l’extrême. Vous aurez donc besoin d’un crayon et d’une feuille de papier. Quoi de plus simple ? Ah, si, il vous faut aussi la BD !
Dans une situation donnée, vous devez choisir entre les numéros de case correspondant à la suite de l’histoire et aller lire les cases correspondantes. Bon, c’est comme les livres, sauf que vous remplacez les paragraphes par des cases, c’est plus clair comme ça peut-être ?
C’est donc plus qu’une BD que vous tenez entre les mains, c’est un petit jeu illustré que vous pourrez recommencer de différentes manières, en changeant le talent de base de votre chasseuse de prime, par exemple.
L’histoire consiste à retrouver les voleurs des larmes de Nuwä cachés dans la ville. Grâce à la chance du débutant, nous n’avons dû nous y prendre qu’à trois fois pour finir l’aventure. Et nous avons tenté de la refaire en changeant le talent de la chasseuse (vous avez le choix entre armes de jet, déguisement et cambriolage) et nous avons alors lamentablement échoué de nombreuses fois...
Mais tout cela nous a permis de nous rendre compte que l’aventure est plus riche qu’elle n’y paraît. Selon vos choix, ou parfois selon le hasard de vos choix, vous pourrez découvrir des événements annexes qui vous réserveront quelques surprises et dont l’ignorance ne vous empêche pas du tout de finir l’aventure.
Manuro a donc bien construit son histoire pour réserver plusieurs surprises et le temps est assez dosé pour nous tenir en haleine et garder un œil sur le décompte, illustré par un symbole de cadran solaire doré. Même si certaines fois, on est surpris de voir soudain que ce fichu temps nous a rattrapé.
Nous nous sommes rendus compte de tout cela sur la dernière page de garde du recueil. En effet, ne refermez pas le livre trop vite. A la fin de votre aventure, la dernière page vous permet de décompter vos points en fonction des événements rencontrés et de décrocher une petite fin annexe et rigolote. Surtout, ce petit listing vous donnera envie de refaire l’histoire en vous disant « mais où peut donc se trouver ce fichu foto-machin ! ».
Que du bonheur ? Tout dépend également du degré de liberté que vous cherchez. Les règles étant simplifiées par rapport au livre dont vous êtes le héros, les combats sont assez radicaux.
Votre personnage dispose d’une certaine vitalité, représenté par un chiffre. A chaque baffe que vous recevez, cette vitalité diminue d’un montant défini par la BD – par exemple « ah, le gros démon vous met un coup de hache, vous perdez 5 en vitalité » – et à zéro, bien sûr, vous êtes morts...
Dans cette situation, vous n’avez aucun choix. Vous aurez pu choisir en amont d’éviter le combat ou d’utiliser certaine stratégie mais quand ça tombe, ben... ça tombe et pan, c’est tant de vitalité en moins. Cette simplification peut être assez frustrante pour les amateurs du jet de dé qui permettait d’avoir un peu plus de marge de manœuvre dans les livres.
Mais on s’y habitue – surtout qu’on n’a pas le choix - .
En revanche, la mauvaise surprise, c’est que lorsque des énigmes vous sont proposés et que vous n’arrivez pas à les résoudre, si, à un moment, vous vous demandez, une fois la partie finie, quelle était la solution, elle n’est indiquée nulle part. En tout cas, nous n’avons pas trouvé où elle se situait. Ce qui vous laisse un petit goût amer.
Alors que le livre vous laissait plus de liberté pour imaginer les scènes, la BD vous impose tout de suite une vision, puisque tout est dessiné. C’est une différence majeure. Mais heureusement, le tout est bien dessiné et on prend plaisir à regarder notre jolie chasseuse de primes survivre – ou pas – à ces mésaventures.
Le graphisme est très réussi et ne nuit pas du tout à la lecture hachée - puisqu’on saute de groupes de cases en groupes de cases - de l’histoire. Ben Jurdic a opté pour un style qui rend cette aventure vivante et même vraisemblable. Les personnages sont assez stylisés, sans trop pousser et garde ainsi une part réaliste. Les visages expressifs et les attitudes des corps donnent vie à ce petit monde. On s’immerge sans problème dans cet univers graphique et narratif. Pas besoin de haute culture sur l’histoire de Chine pour prendre plaisir à fouiller la ville à la recherche des larmes de Nuwä.
Les décors sont vivants, réalistes également mais à l’image des personnages, ils ont une touche légère, savent s’estomper pour laisser la part aux actions ou aux personnages quand le cadre se resserre.
Cette nuance réalisme/légèreté est due – selon nous – à la rencontre du style de Jurdic et des couleurs de Damien Gay. Elles permettent de trouver l’équilibre qui nous maintient dans cette fiction. Les couleurs savent s’accorder au graphisme travaillé de Jurdic et, soit lui apporter un surplus de vitalité avec des teintes claires et poussées, soit un regain de noirceur en jouant sur des teintes sombres qui renforcent les zones d’ombre créées par Jurdic. De plus, la palette de couleur sait positionner le récit dans le passé, ou bien mettre l’accent sur l’émotion des personnages.
Le découpage, vu le fonctionnement de la narration, repose forcément sur des cases simples. En effet, la construction étant décousue, pour que vous ne puissiez voir les résultats de vos choix potentiels sur la même page, on ne peut entrer dans des découpages complexes de cases entrelacées. Parfois, quand l’action nécessite plus d’une case, il peut y avoir un peu de dynamisme jouant sur la taille et des cases mais normalement, vous serez tellement pris dans l’action que vous ne vous en rendrez pas compte.
Le cadrage est assez classique. Plans serrés, plans larges mais il permet de saisir l’ensemble d’un lieu ou d’une situation et vous n’êtes jamais perdu dans la lisibilité des événements.
Alors si vous aimez l’aventure, les démons asiatiques, les bas-quartiers et les missions plus que dangereuses, préparez votre feuille et votre crayon et précipitez-vous chez votre libraire afin de vous emparer des larmes de Nuwä.
Une BD dont vous êtes le héros aux multiples rebondissements, que vous pourrez jouer et rejouer à loisir afin de découvrir tous les aspects de cet univers magique. Et cerise sur le gâteau, vous aurez un recueil dotée d’une belle couverture ! Alors on vous le redit, que demander de plus ?
Allez, à l’aventure !
Zéda rencontre l’héroïne des Larmes de Nüwa.
96 pages - 17 €
La chronique vous a plu ? Achetez l'œuvre chez nos partenaires !
Galerie Photos
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.