Le 26 juin 2007
Cet implacable thriller, s’il n’est pas le meilleur film de son auteur, marque cependant un salvateur retour aux sources de son inspiration.
Comme dévoré par l’industrie hollywoodienne, Martin
Scorsese signe depuis quelques années de vastes fresques historiques brillamment
réalisées, mais dans l’ensemble assez peu passionnantes. On pouvait donc
craindre le pire lorsque l’on a appris que le maître succombait à son tour aux
sirènes du remake, mode actuelle symptomatique du manque d’imagination des
producteurs. C’est donc au tour d’Infernal affairs (2002), efficace polar
Hong-kongais et énorme succès au box-office mondial ayant déjà engendré deux suites,
de passer à la moulinette hollywoodienne. A notre grande surprise, si
l’intrigue de base est effectivement respectée, le scénariste William Monahan s’en
écarte régulièrement et injecte de nombreux éléments originaux, faisant de ce
nouveau film une variation plutôt qu’un réel remake. Ainsi, Les infiltrés
se concentre sur les agissements d’un parrain irlandais du sud de Boston ayant
réellement existé, sujet scorsesien en diable. Et de fait, le cinéaste brosse
pendant plus d’une demi-heure le portrait d’une communauté gangrénée par le
crime, rendant ses truands aussi fascinants que repoussants. A ce petit jeu,
personne n’est plus brillant que le grand Scorsese chassant ici en terrain
connu.
Mais Les infiltrés est aussi un thriller implacable où les
frontières du bien et du mal sont bousculées. Le temps du gendarme valeureux
poursuivant le méchant voleur est bel et bien révolu puisque désormais la
corruption s’invite à tous les échelons de la société. Ce portrait d’un monde en
déliquescence tranche d’ailleurs avec les canons habituels en vigueur à
Hollywood puisqu’il n’y a ici aucun happy-end possible. A l’aide d’une réalisation
virtuose, le metteur en scène nous fait partager l’angoisse de personnages pris
au piège d’un mensonge permanent et insuffle à son métrage une tension
palpable à chaque seconde. Le tout est sublimé par l’interprétation sans faille de
Léonardo DiCaprio, magnifique dans la peau de ce chien fou cherchant à
échapper à une malédiction familiale le prédestinant à devenir truand ou encore
de Jack Nicholson, figure diabolique à la fois séduisante et effrayante. Même
si Les infiltrés n’est pas le meilleur film de son auteur, il est à coup
sûr un salvateur retour aux sources, couronné en outre par de nombreux Oscars.
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