Les indestructibles - Brad Bird - critique

Critique : Nul doute, la "Pixar touch" a encore frappé. Avec plus de 175 millions de dollars de recettes, le dernier-né du studio d’animation est depuis plusieurs semaines la star du box-office américain et le record d’affluence à l’avant-première organisée au Grand Rex à Paris augure d’un raz-de-marée similaire dans les salles de l’Hexagone. Rien ne garantissait pourtant un tel accueil de la part du public comme de la critique, en dépit des succès à répétition qu’enchaîne la maison de Steve Jobs.
Pour la première fois en effet, les équipes de Pixar ont façonné avec leurs pixels non pas des objets ou animaux en tout genre mais des êtres humains dont il fallait refléter les émotions, expressions et gestuelles de la manière la plus réaliste possible. Enfin, la technologie la plus performante ne suffit jamais à sauver un scénario creux. Or, le risque de tomber dans le déjà-vu était réel. En effet, si le scénario des péripéties marines du petit Nemo ou les aventures délirantes des jouets de Toy Story revêtaient un caractère inédit, l’histoire de cette famille de superhéros des Indestructibles n’a en soi rien d’original. Monsieur Indestructible, sa femme Elastigirl et leurs enfants ont en effet de bien illustres aïeux qui ont marqué en leur temps la mythologie des comic books, de Superman et sa cousine Supergirl à Flash, et les désarrois de Monsieur Indestructible/Bob Parr dans son cabinet d’assurance ne sont pas non plus sans rappeler les affres quotidiennes de Batman/Robin.
Mais la créativité made in Pixar a encore fonctionné sous la houlette de Brad Bird, également réalisateur du film d’animation Le géant de fer et de plusieurs épisodes des Simpsons. Non seulement l’écueil de la redite ennuyeuse a été évité mais l’hommage fait aux superhéros qui ont bercé des générations d’enfants et ados est à la hauteur de ses ambitions. Autour d’un scénario bien ficelé, s’enchaînent des aventures trépidantes entre film d’action et jeu vidéo (ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la conception du film s’est assortie en parallèle de la réalisation d’un jeu tout aussi palpitant) où l’on peine à reprendre son souffle. Le décor rétrofuturiste nous replonge dans l’atmosphère films d’action des années soixante, le tout appuyé par une bande originale très jazz et polar. Des prismes de lumière se réverbérant dans la jungle de l’île de Nomanisan à la représentation psychologique des personnages, le travail d’animation et de développement est à la hauteur de la réputation Pixar. Seul regret : on aurait espéré un humour un peu plus décapant.