Le 7 janvier 2014
Alors qu’un chercheur visite un gouffre géant dans les montagnes, son épouse, venue avec lui, est prise dans les affres de l’attente, de l’absence et du vide...
- Réalisateur : Antoine Barraud
- Acteurs : Mathieu Amalric, Nathalie Boutefeu
- Genre : Drame
- Durée : 1h05mn
- Date de sortie : 8 janvier 2014
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Le premier long métrage expérimental d’Antoine Barraud
L’argument : Cinq gigantesques gouffres viennent d’être découverts à l’autre bout du monde. Une équipe de chercheurs est envoyée sur place. L’un deux, Georges Lebrun, a pour mission de descendre dans ces profondeurs de la Terre. Venue avec lui, sa femme se retrouve seule dans un hôtel étrange perdu au milieu d’une nature angoissante…
Independencia Distribution
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Notre avis : Après plusieurs courts métrages et portraits expérimentaux, Antoine Barraud propose avec Les Gouffres un long métrage, tout aussi expérimental. Un spéléologue, Georges Lebrun (Mathieu Almaric), appartenant à une équipe de scientifiques, vient explorer un gouffre, découvert depuis peu et situé quelque part dans la forêt montagneuse d’un lointain pays hispanophone. Sa femme France (Nathalie Boutefeu), chanteuse d’opéra, l’accompagne. Le couple se retrouve dans un hôtel immense, désert et assez improbable. Le début de ces Gouffres est prometteur avec une idée de départ séduisante – enfin, pas banale. On est vite plongé dans une atmosphère étrange : les éclairages sont inquiétants, les ambiances brumeuses, floues, la musique envoûtante. Son mari parti dans les profondeurs vertigineuses, France est soumise aux secousses telluriques et à la proximité du vide. Aucune communication possible avec les quelques personnes bizarroïdes qu’elle côtoie dans l’hôtel. La scène avec la femme de chambre Pearl est à cet égard éloquente et participe au climat qui relève alors du fantastique. France n’a pas de nouvelles de son époux. Qu’est-il allé faire dans ce gouffre ? Pourquoi ne revient-il pas comme prévu ? Elle essaye de se concentrer sur son prochain rôle : l’esclave Liu dans le Turandot de Puccini. En vain. France est confrontée à des phénomènes inexplicables qu’elle lie à ces mystérieux gouffres. Attente, angoisse, abandon, panique… France se retrouve au bord de la folie. Le suspense fonctionne et, jusqu’à ce moment du film, les situations sont crédibles, entre réalité et onirisme.
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Puis, lorsque Georges Lebrun refait surface, le film s’enlise. On ne croit plus à ce grand vide sublime qu’on pouvait espérer. Petit à petit, on dégringole pour sombrer dans une mauvaise soupe de fantasmes freudiens. Certes, on avait bien compris qu’Antoine Barraud avait la volonté de faire un film sur l’inconscient…
La dernière partie du film est affligeante. Les scènes de répétitions de France, revenue à une certaine raison, en play-back sur la partition de Turandot sont même grotesques. Le discours tenu par le metteur en scène est par exemple insupportable, quand il répète lourdement à la chanteuse qu’elle met « trop d’affect » dans ce qu’elle exprime.
Antoine Barraud n’aura donc pas tenu la distance. Le film est construit presque exclusivement autour de Nathalie Boutefeu, qui n’est convaincante que dans les premières scènes. Quant à Mathieu Amalric (Georges Lebrun), qu’est-il donc allé faire dans cette histoire bancale – sinon jouer les faire-valoir ? Nous l’avons connu beaucoup plus inspiré dans ses choix, par exemple en interprétant dernièrement l’ethnopsychiatre Georges Devereux dans Jimmy P, psychothérapie d’un Indien des plaines d’Arnaud Desplechin.
Heureusement que ces « gouffres » ne durent que 65 minutes. En tout cas, ils ne devraient pas nous donner de cauchemars.
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