Le 4 avril 2015
Présentée au dernier festival international du film policier de Beaune, que vaut vraiment la deuxième enquête du département V, scénarisée par les plumes du réputé Millenium ?
- Réalisateur : Mikkel Norgaard
- Acteurs : David Dencik, Pilou Asbæk, Nikolaj Lie Kaas, Fares Fares, Danica Curcic
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters
- Nationalité : Danois
- Durée : 1h59mn
- Date télé : 27 août 2016 22:20
- Chaîne : Canal + Cinéma
- Titre original : Fasandræberne
- Date de sortie : 8 avril 2015
- Festival : Festival du film Policier de Beaune
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Présentée au dernier festival international du film policier de Beaune, que vaut vraiment la deuxième enquête du département V, scénarisée par les plumes du réputé Millenium ?
L’argument : En 1994, un double-meurtre défraye la chronique. Malgré les soupçons qui pèsent sur un groupe de pensionnaires d’un internat, la police classe l’affaire, faute de preuve…Jusqu’à l’intervention, plus de 20 ans après, du Département V : l’inspecteur Carl Mørck, et Assad, son assistant d’origine syrienne, spécialisés dans les crimes non résolus. Ensemble, ils rouvrent l’affaire qui les amène à enquêter sur un des notables les plus puissants du Danemark.
© Wild Bunch Distribution
Notre avis : Carton sans précédent au Danemark (plus gros succès au box office local à ce jour), Les Enquêtes du Département V : Profanation est la deuxième adaptation cinématographique d’une saga de romans signés Jussi Adler-Olsen. Ce cycle connait une drôle de trajectoire chez nous puisque Miséricorde, la première enquête, n’aura connue qu’une sortie assez confidentielle en VOD le 27 mars. Ceux qui découvriront Profanation sur grand écran ne devront donc pas s’étonner de plonger in media res dans le quotidien de l’inspecteur Carl Mørck et de son partenaire. Après quelques minutes d’adaptation, on comprend que les deux hommes se sont spécialisés dans les affaires non résolues. Ils se lancent sur une ancienne affaire de meurtres qui va les mener sur la piste d’un internat mal fréquenté relié directement à de puissants et intouchables notables immunisés par leur fortune.
© Wild Bunch Distribution
Visuellement le réalisateur Mikkel Norgaard soigne son ambiance en jetant un voile dépressif et grisâtre sur son œuvre dans la droite lignée des récents thriller scandinaves (on repense beaucoup à Millenium et L’Hypnotiseur mais aussi au Zodiac de David Fincher). D’abord rassuré à l’idée de voir les scénaristes Nikolaj Arcel et Rasmus Heisterberg (Millenium version Niels Arden Oplev) aux manettes, l’engouement de leur présence va pourtant s’amenuiser progressivement. Ce qui nous irrite va concerner l’angle narratif pris par l’enquête, inapte à ménager un suspense digne d’un déroulement bien retord. L’intrigue choisit en effet d’identifier rapidement et de manière très claire les coupables pour un résultat bien plus convenu qu’imprévisible.
© Wild Bunch Distribution
La réalisation (un peu trop télévisuelle au passage) se débrouille ensuite pour tout nous faire comprendre environ trois plombes avant les enquêteurs (on ne remerciera jamais assez les flashbacks ultra explicites...), ce qui n’est pas forcement le meilleur moyen pour les mettre en valeur. L’intérêt se situe plutôt dans le background fouillé des antagonistes menés par les excellents Pilou Asbæk et David Dencik (ce dernier, baignant également dans le stupre, se révèle encore plus tordu). Derrière un masque séduisant, ils cachent les pires névroses, celles du genre pétris dans une obsession pour l’ultra violence (un peu comme si on avait remplacé les jeunes de banlieue d’Orange Mécanique par des richards qui n’engendrent que du mépris). Leur goût assumé pour les lynchages sanglants inquiète et terrifie. Ils se pensaient à l’abri jusqu’à ce que Kimmie Lassen (Danica Curcic), une femme en mesure d’apporter les preuves de leur culpabilité, ressurgit du passé. En ce qui concerne les flics, ceux-ci sont par contre beaucoup moins bien lotis, l’inspecteur Carl Mørck, interprété par un Nikolaj Lie Kaas aux faux airs de Dylan Walsh sous Prozac, livre une performance en demi teinte. Quant à son acolyte Assad (Fares Fares), il pourrait aisément se voir décerner la palme du partenaire le plus inutile qu’on ait pu voir récemment dans un polar.
© Wild Bunch Distribution
Même si le récit mis en place s’avère d’une noirceur dépressive consistante (la romance du passé entre deux adolescents à la psychologie malmenée, avortée dans la douleur, demeure tout de même intéressante), l’impression de voir Profanation se contenter de dérouler mécaniquement s’éprouve en de trop nombreuses occasions (on y déplore un manque de rebondissements incisifs et l’absence d’un véritable coup de théâtre final). Au bout du compte, ce polar nordique ni bon ni mauvais, ne nous donne pas l’occasion de vibrer beaucoup plus que devant un banal épisode d’Esprits Criminels.
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