Les Deux amis - la critique du film

L’argument : Clément, figurant de cinéma, est fou amoureux de Mona, vendeuse dans une sandwicherie de la Gare du Nord. Mais Mona a un secret, qui la rend insaisissable. Quand Clément désespère d’obtenir ses faveurs ; son seul et meilleur ami, Abel, vient l’aider. Ensemble, les deux amis se lancent à la conquête de Mona…

Notre avis : Deux hommes, une femme, une intrigue où s’entremêlent sentiments amoureux et amicaux : le premier film de Louis Garrel ne revendique pas à première vue un scénario des plus originaux. Coécrit avec Christophe Honoré, Les Deux amis propose de revisiter un thème bien connu du cinéma français et réussit à y apporter une dimension contemporaine ainsi qu’une fraîcheur et une énergie stimulantes. Sans avoir pour ambition de révolutionner le genre de la romance à trois, Garrel se concentre sur les sentiments de ses personnages en allant travailler les nuances et les subtilités de chacun. Un pari gagnant pour une mise en scène qui oscille agréablement entre exploration intime des personnages et situations tragi-comiques, donnant à l’ensemble un charme convaincant. Ainsi, chaque personnage trouble l’équilibre précaire des deux autres tout en consolidant très paradoxalement leur rapport dans un mouvement de construction et de déconstruction constant, manifestant le caractère éphémère des relations humaines, aussi fortes soient-elles.
© 2014 Ad Vitam. Tous droits réservés.Le trio d’interprètes formé par Golshifteh Farahani, dans le rôle de Mona, mystérieuse et volatile, Vincent Macaigne, interprétant Clément, l’amoureux hypocondriaque, et Louis Garrel, dans la peau d’Abel, l’ami séducteur et désabusé, met en relief le scénario et assure la dynamique du long-métrage. Chacun livre une performance révélant diverses facettes de son personnage, et surtout, chacun trouve sa place au sein du film, conférant à l’ensemble une belle cohésion. Au cœur du long-métrage, l’originalité du scénario aura été de traiter l’amitié de Clément et Abel comme une relation amoureuse qui, elle aussi, devra faire l’épreuve du temps et du changement. Face à ce duo, la caméra suit également le personnage de Mona, en pleine métamorphose, vers une libération d’elle-même. Golshifteh Farahani est ici lumineuse et sublimée par la photographie du film. Réalisé sur pellicule, le long-métrage est en effet porté par une image particulièrement soignée dont les couleurs intenses font écho aux bouleversements émotionnels des personnages.
Si l’on peut constater quelques déséquilibres dans le rythme global du film, où certaines séquences s’enchaînent parfois un peu maladroitement – l’on pense par exemple aux scènes dans lesquelles Mona va aux bains publics – ainsi que certains excès spontanés de la mise en scène, que l’on retrouve quelquefois dans les dialogues entre Abel et Clément, Les Deux amis nous emporte par ses moments d’ivresse et de lâcher prise exprimant la potentialité créatrice et cathartique du cinéma.
Louis Garrel fait donc le choix d’un cinéma indépendant et intime afin d’exprimer le rapport à l’autre, dans l’amitié et dans l’amour. Une histoire simple lui permettant finalement d’explorer en profondeur les sentiments de ses personnages pour des débuts à la réalisation des plus prometteurs.

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