Le 10 août 2020
Un pasteur a perdu la foi depuis la mort de son épouse. Un certain cynisme traverse ce film, par ailleurs très beau formellement. Il prouve une fois de plus le talent de cinéaste d’Ingmar Bergman, qui peaufine son style jusqu’à l’épure.
- Réalisateur : Ingmar Bergman
- Acteurs : Max von Sydow, Ingrid Thulin, Allan Edwall, Gunnar Björnstrand, Gunnel Lindblom, Olof Thunberg
- Genre : Drame, Noir et blanc
- Nationalité : Suédois
- Distributeur : Carlotta Films
- Durée : 1h21mn
- Reprise: 10 octobre 2018
- Titre original : Nattvardsgästerna
- Date de sortie : 30 avril 1965
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Résumé : Le pasteur Thomas Ericsson doute de sa foi. Le suicide d’un de ses fidèles va accroître son désarroi.
Critique : Le récit se concentre sur la journée du pasteur Tomas Ericsson, de la célébration d’un office à un autre. Celui-ci, qui ne s’est pas remis de la mort de son épouse, alors qu’il officiait ailleurs, doute de plus en plus de sa foi. Une personne, qui l’a connu avant, souligne qu’il remplissait alors le temple par ses prêches très appréciés. Maintenant, aigri, il peine à convaincre les rares baptisés qui fréquentent le temple. Il laisse ses illusions à Märta, alors qu’il ne l’aime pas. On peut même dire qu’il la méprise. Il ne saura pas plus trouver les mots pour apaiser les angoisses de Jonas.
Ingmar Bergman, s’appuyant sur une superbe image hivernale due à Sven Nykvist, scrute avec minutie les contradictions de ce pasteur peu empathique. Celui-ci s’accroche à sa fonction, alors qu’il a perdu la foi ; il s’y complaît grâce aux bons soins de Märta, qu’il humilie par des propos blessants, et ne parle que de lui, de ses doutes au pauvre Jonas, venu chercher du réconfort auprès de lui.
De film en film, le cinéaste dégraisse de plus en plus son style pour tendre vers une sorte de chirurgie minimaliste de ses personnages aux âmes noires. Si l’on n’éprouve que peu de sympathie pour ce pasteur finalement égoïste, on n’en a pas plus pour l’institutrice qui s’accroche vainement et maladroitement, ni pour le bedeau handicapé et ironique ou pour l’organiste je-m’en-foutiste. Seul le couple Persson semble échapper aux mauvaises pensées, mais il n’en sera pas particulièrement récompensé.
Sous l’austérité de la mise en scène, pointe une ironie, qui n’épargne ni les êtres, ni la religion. Plusieurs scènes illuminent le long métrage, notamment la lecture de la lettre de Märta au pasteur, d’abord effectuée par lui, à son bureau, puis par elle face caméra pendant plusieurs minutes, ou encore la découverte du suicidé, scène totalement muette, filmée de loin, qui n’en est pas moins poignante.
Entouré de fidèles comédiens avec qui il a tourné à plusieurs reprises, Max von Sydow, Ingrid Thullin et Gunnar Björnstrand, Ingmar Bergman prouve une fois de plus la singularité de son style, éminemment cinématographique.
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