Le 1er mars 2014
- Festival : Les César 2014
Si les César ont par le passé justement récompensé Polanski, Sautet, Cavalier ou Téchiné, les palmarès comprennent aussi des nombreux ratés depuis leur création, à l’instar de ceux du cousin américain Oscar.
Patrick Dewaere toujours reparti bredouille, Jacques Demy battu par Bob Swaim, Coline Serreau préférée à Agnès Varda, Claude Zidi triomphateur de Resnais, Rohmer, Rosi et Tavernier ! C’est le propre des scrutins serrés et du difficile compromis entre réussite d’auteur, succès public et conditions de tournage ou de promotion sereines. Retour sur les palmarès les plus controversés et les oublis les plus flagrants des César.
1976 : Le vieux fusil préféré à Adèle H. et Truffaut
Pour leur première année, les César attribuent le prix du meilleur film au Vieux fusil, œuvre romanesque et d’action, efficace et émouvante, mais révélatrice de l’académisme de la « nouvelle qualité française » des années 70. Comme pour s’excuser de ce choix, les votants élisent Bertrand Tavernier meilleur réalisateur pour Que la fête commence. Le grand perdant est François Truffaut dont L’histoire d’Adèle H était nommé pour le meilleur réalisateur, les meilleurs décors, et la meilleure actrice (Isabelle Adjani, qui repartira également bredouille aux Oscars). Ingrid Bergman, accueillie à la sauvette par Pierre Tchernia et Jean-Claude Brialy, partage le moment du César d’honneur avec la chanteuse Diana Ross, venue promouvoir son spectacle... L’année suivante, Jacques Tati recevra lui aussi le César d’honneur lors d’un hommage bâclé lorsqu’il fut appelé par Jean Yanne pour remettre le César du meilleur court métrage.
1979 : Christian de Chalonge bat Claude Chabrol
L’argent des autres, comédie dramatique subtile de l’oublié Christian de Chalonge, méritait-elle pour autant le César du meilleur film ? On peut être sceptique, compte tenu de la concurrence exercée par Violette Nozière, chef-d’œuvre de Claude Chabrol, mais aussi par le sublime Molière d’Ariane Mnouchkine.
1980 : nouveau camouflet pour Patrick Dewaere
Patrick Dewaere n’a jamais eu de chance avec les César. Mais s’il est une année où il devait obtenir celui du meilleur acteur, c’était bien en 1980 pour son rôle dans Série noire d’Alain Corneau. Ses pairs lui ont préféré Claude Brasseur dans La guerre des polices. Bernard Blier, nommé en second rôle pour le même film, est éliminé par Jean Bouise dans Coup de tête. Sur scène, Romy Schneider, à qui échappe le César de la meilleure actrice (pour le médiocre Clair de femme), vanne sans la nommer Miou-Miou, gagnante avec La dérobade.
1982 : Bertrand Tavernier nommé dans 9 catégories et 9 fois battu
Bertrand Tavernier inaugure la série des réalisateurs qui arrivent en tête pour le nombre de nominations, sans en concrétiser une seule. Coup de torchon, sans doute son meilleur film, doit s’effacer dans toutes les catégories, dont celles du meilleur film et du meilleur réalisateur qui voient la consécration de Jean-Jacques Annaud pour La guerre du feu.
1983 : La balance de Bob Swaim bat Une chambre en ville de Jacques Demy
L’année noire. La balance, polar plutôt bien fait mais somme toute mineur, obtient trois César dont celui du meilleur film. Pour sauver l’honneur, les professionnels élisent Andrzej Wajda meilleur réalisateur pour Danton. Le grand perdant de la soirée est Une chambre en ville. L’œuvre, sublime mais cruel échec en salles, était au centre d’une malheureuse polémique sur la distribution des films d’auteur. Aucune de ses neuf nominations n’est concrétisée...
1984 : année des pantins et d’un été meurtrier
Robert Bresson, dont L’argent est nommé seulement pour le meilleur son, n’obtient même pas cet accessit. Tchao pantin de Claude Berri et L’été meurtrier de Jean Becker raflent les principaux César techniques et prix d’interprétation. À nos amours de Maurice Pialat obtient de justesse le César du meilleur film, partagé avec Le bal d’Ettore Scola, qui obtient seul le César du meilleur réalisateur.
1985 : Claude Zidi meilleur réalisateur que Resnais, Rohmer, Rosi et Tavernier
Les professionnels s’autoproclament « Rois du gag » en décernant les César du meilleur film, du meilleur réalisateur et du meilleur montage aux Ripoux de Claude Zidi, qui bat ainsi Alain Resnais pour L’amour à mort, Eric Rohmer pour Les nuits de la pleine lune, Francesco Rosi pour Carmen et Bertrand Tavernier pour Un dimanche à la campagne. De quoi discréditer pour quelques années les César, en froid avec les cinéphiles. Refusant de départager la délicate Pascale Ogier (disparue quelques mois plus tôt) et Valérie Kaprisky, nouvelle bombe médiatisée, les votants élisent comme meilleure actrice Sabine Azéma, excellente dans Un dimanche à la campagne, mais qui interprète en fait un second rôle...
1986 : Coline Serreau préférée à Agnès Varda
La gentille comédie Trois hommes et un couffin de Coline Serreau, triomphe du box-office, obtient trois César dont celui du meilleur film. Pour le César du meilleur réalisateur, Michel Deville est primé avec Péril en la demeure. Là encore, les professionnels semblent s’excuser du premier choix. Sans toit ni loi d’Agnès Varda doit se contenter du César de la meilleure actrice pour Sandrine Bonnaire. Christophe Lambert, à l’époque star en vogue, obtient le César du meilleur acteur pour le film de mode Subway.
1990 : Au théâtre ce soir
Les César adorent récompenser les professionnels issus du monde du théâtre, même pour des films mineurs. Déjà primée aux César mais aussi aux Molières, Suzanne Flon est sacrée meilleur second rôle féminin pour un numéro de cabotinage pénible dans La vouivre de Georges Wilson. Robert Hirsch est quant à lui honoré dans la catégorie masculine pour Hiver 54, l’abbé Pierre, un ouvrage édifiant de Denis Amar, laissant sur le carreau François Perrot dans La vie et rien d’autre ou Roland Blanche dans Trop belle pour toi. En 2013, suivant la même logique, Guillaume de Tonquedec obtiendra le César du meilleur second rôle pour Le prénom, au grand dam de Benoît Magimel dans Cloclo ou Samir Guesmi dans Camille redouble.
1996 : Claude Chabrol encore ignoré
La cérémonie de Claude Chabrol ne séduit pas la majorité des votants et n’obtient qu’un César de circonstance pour honorer enfin Isabelle Huppert en tant que meilleure actrice. Pour le César du meilleur film, l’Académie préfère La haine de Mathieu Kassovitz. On se gausse rétrospectivement de voir que le meilleur scénario est attribué à Gazon maudit de Josiane Balasko.
1997 : César d’honneur à Charles Aznavour et Andie MacDowell
Est-ce bien raisonnable ?
2000 : Tonie Marshall obtient 4 César
N’en déplaise aux Cahiers du Cinéma, Vénus beauté (institut) est une charmante comédie mais qui ne méritait nullement le César du meilleur film, même si l’année cinématographique n’était pas très florissante.
2003 : François Ozon et ses 8 femmes s’effondrent
Même si les 12 nominations de 8 femmes pouvaient paraître excessives et même si Le pianiste n’a pas volé ses trophées, la claque est énorme et imméritée pour François Ozon.
2004 : Les César colonisent le cinéma québécois
Coproduction franco-canadienne, Les invasions barbares de Denys Arcand (3 César dont celui du meilleur film) peut apparaître aujourd’hui bien consensuel, larmoyant et académique, comparativement à la trilogie Un couple épatant/Cavale/Après la vie de Lucas Belvaux, seulement récompensé pour le meilleur montage. Deux décennies après Richard Anconina pour Tchao pantin, Julie Depardieu cumule les César du second rôle et de l’espoir pour La petite Lili, alors que Ludivine Sagnier aurait pu remporter le premier César pour Swimming pool.
2007 : Guillaume Canet est le meilleur réalisateur de l’année
Ne le dites à personne.
2014 : Guillaume Gallienne triomphe devant Abedllatif Kechiche
Galerie Photos
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.