Dessine-moi un mouton de sang
Le 12 février 2008
Le dernier Marc Forster ne ressemble pas aux autres oeuvres du cinéaste. Film mineur mais touchant.
- Réalisateur : Marc Forster
- Acteurs : Saïd Taghmaoui, Homayoun Ershadi, Khalid Abdalla
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain
- Date de sortie : 13 février 2008
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– Durée : 2h02mn
– Titre Original : The Kite Runner
Le dernier Marc Forster ne ressemble pas aux autres oeuvres du cinéaste. Film mineur mais touchant.
L’argument : Au début des années 70, au coeur de Kaboul, deux amis, Amir et Hassan, partagent le bonheur d’un après-midi à faire voler des cerfs-volants. Mais conduit par la peur, Amir trahi son ami, qui sera à jamais blessé, puis quitte l’Afghanistan. Vingt ans plus tard, il revient dans son pays, marqué par le passage des Talibans, à la recherche de la paix et du pardon...
Notre avis : Sur le papier, Les cerfs volants de Kaboul laisse suggérer le pire du pire dans le registre de la grande fresque édifiante à la sauce Mickey. En un sens, le scénario, adaptation du best-seller de Khaled Hosseini paru en 2003, fait figure de cauchemar. Non pas que le roman soit une honte littéraire mais les déformations induites par le travail de transposition sont risquées. Et cette histoire d’amitié recèle en effet, potentiellement, une quantité phénoménale de clichés niaiseux, aggravés par l’édifiant contexte historique de l’affaire : relever le pari d’évoquer l’Afghanistan sans chercher à adopter le point de vue américain en contrepoint larmoyant. En trois mots, ça fait peur. Et conformément au livre, le film plonge dans le Kaboul de la fin des années 70, décor tragique d’une histoire à la fois banale et extraordinaire que le réalisateur nous raconte avec de la finesse, de la poésie. Surtout avec une empathie réelle avec deux enfants condamnés à courir dans le noir, incarnés par des acteurs non professionnels épatants. Si, en substance, Forster confronte des destins privés aux soubresauts de la grande Histoire, il réussit la plupart du temps à fuir comme la peste les conventions Hollywoodiennes tannantes et ne sacrifie pas les épisodes âpres sur l’autel consensuel.
Bien entendu, certains pourront toujours ironiser sur une tendance au formalisme superfétatoire et avoir l’impression (légitime) de reluquer du mauvais Kiarostami pimenté par un Michael Winterbottom pressé de passer à l’étape suivante et didactiquement calibré pour les moins de 20 ans. Possible. Il n’empêche : l’horreur (pathos suintant, prédilection pour la caricature, refus d’arrondir les angles) est partiellement évitée. Et si, certes, Marc Forster passe d’un sujet à l’autre sans arriver à imposer une personnalité marquante (on soupçonne un vrai faiseur plus qu’un grand cinéaste), il exécute cependant du boulot efficace en prenant le pari de creuser une carrière originale allant de A l’ombre de la haine à Stay en passant par Neverland. En cette période de pusillanimité généralisée où les auteurs préfèrent se réfugier derrière leurs marottes, Forster n’a clairement pas à rougir de ses nobles ambitions. En l’état, on peut aussi considérer Les cerfs volants de Kaboul comme une nouvelle démonstration d’éclectisme avant le prochain James Bond.
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