L’Amour à la Hate
Le 22 avril 2014
Le maître de l’animation indépendante américaine Bill Plympton nous revient avec un film d’amour décapant, qui retrouve la frénésie et la beauté stylistique de ses plus grandes œuvres, tout en développant un travail fascinant sur les jeux d’ombres et de perspectives.
- Réalisateur : Bill Plympton
- Genre : Animation, Romance
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h16mn
- Titre original : Cheatin'
- Date de sortie : 23 avril 2014
- Plus d'informations : Site officiel
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Le maître de l’animation indépendante américaine Bill Plympton nous revient avec un film d’amour décapant, qui retrouve la frénésie et la beauté stylistique de ses plus grandes œuvres, tout en développant un travail fascinant sur les jeux d’ombres et de perspectives.
L’argument : Jake et Ella se rencontrent dans un accident d’auto-tamponneuse et s’éprennent follement l’un de l’autre. Mais c’est sans compter le machiavélisme d’une garce qui sème le trouble chez les amoureux transis. Jusqu’où la jalousie la mènera-t-elle ? Entre envie de meurtres, tromperies en tout genre et un peu de magie, Jake et Ella sauront-ils surmonter leur rancœur ?
Notre avis : Grande figure du cinéma d’animation américain, Bill Plympton nous a habitués à un univers drôle, dérangé, caricatural et anarchique. Son petit dernier, Les Amants électriques, se situe dans la droite lignée de son travail passé, en s’intéressant cette fois-ci à l’amour passionnel – mais tous les films de l’auteur de L’Impitoyable lune de miel et Hair High ne tournaient-ils pas déjà autour de love stories exubérantes ? Jouant des clichés, les histoires des films de Plympton ne sont souvent qu’accessoires pour nous faire vivre de purs moments de cinéma car c’est bien de cela qu’il s’agit. Le grain des crayons qui grattent le papier, les jeux d’ombres et de perspectives particulièrement travaillés dans ce long métrage, les angles de vue et les échelles hallucinantes, le montage ultra dynamique appuyé par la partition musicale de sa complice de longue date Nicole Renaud, les bruitages vocaux qui accompagnent les gesticulations des personnages, tout contribue à nous faire vivre un moment unique, où chaque détail compte. En effet, il n’y a pas de dialogues mais pourtant on a l’impression d’entendre des discours, tant on entre dans ces mouvements de l’image, dont la dimension artisanale nous permet toujours de ressentir la main qui dessine. On est loin de la perfection aseptisée des productions numériques à gros budget. Le travail d’aquarelle avec crayon et encre est recréé minutieusement avec Photoshop sans jamais dénaturer le dessin originel. Au final, on en retrouve plus de 40 000 dans ce film qui a demandé plus de quatre ans pour être finalisé.
Si l’exagération des gestuelles corporelles est une des marques de fabrique de Plympton, les formes anatomiques n’ont pourtant jamais été aussi démesurées que dans Les Amants électriques. Les épaules y sont très larges, les cous extrêmement longs, les tailles on ne peut plus fines, les yeux ne peuvent être que de petites fentes alors que les muscles sont dépeints dans toute leur architecture comme se déploieraient les ailes d’une chauve-souris. Ce sont avant tout des corps hyper-sexués que Plympton nous donne à voir à travers ses deux personnages principaux. Ella est la femme fatale typique, flottant du haut de ses talons aiguilles, avec sa chevelure imposante, son chapeau lui donnant une aura de mystère et ses robes qui semblent venir d’une autre époque. Jake, quant à lui, bénéficie d’un nez proéminent et très phallique. Son corps, tout en structure musculaire, s’est inspiré du physique massif d’un acteur comme Tom Hardy (!!!) selon les dires du dessinateur lui même. Ils sont donc avant tout des figures érotisées jusqu’au grotesque et évoluent dans un décor typiquement américain, de fêtes foraines, de stations services et de motels de bord de route. Et ceux qui auraient peur que le récit se rapproche trop de la romance gnan-gnan peuvent être rassurés, on plonge ici en plein fantastique dès qu’Ella fait la rencontre d’El Merto, l’inventeur de la machine Trans-Âme. Et bien sûr tout tourne autour du sexe, mais ça vous vous en doutez.
C’est donc un Plympton en pleine forme qu’on retrouve ici, fidèle à lui même, fantasque et anti réaliste, et peut être aussi plus accessible que d’habitude, de par l’aspect plus "romantique", voire suranné et grand public de l’intrigue.
Pour vous rendre compte du travail accompli, vous pouvez vous rendre sur le site Vimeo de Bill Plympton, où il a filmé chaque étape du processus de fabrication du film : http://vimeo.com/plymptoons/videos/page:1/sort:date
Vous pouvez également vous rendre sur le site français dédié au film :
http://lesamantselectriques.com/
Galerie Photos
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