Le 14 mars 2009
Une œuvre troublante et fascinante, qui fait regretter que son réalisateur ne tourne pas davantage car sa place est singulière dans le cinéma français.
- Réalisateur : Dominik Moll
- Acteurs : Charlotte Gainsbourg, André Dussollier, Charlotte Rampling, Laurent Lucas, Jacques Bonnaffé
- Genre : Drame, Thriller
- Nationalité : Français
- Distributeur : Diaphana Distribution
- Editeur vidéo : Diaphana Édition Vidéo
- Durée : 2h09mn
- Date de sortie : 11 mai 2009
- Festival : Festival de Cannes 2005, Sélection officielle Cannes 2005
Résumé : Bénédicte et Alain Getty, jeune et brillant ingénieur en domotique, récemment installés dans une nouvelle ville, reçoivent à dîner le patron d’Alain, Richard Pollock, et son épouse Alice. Cette rencontre ne sera pas sans conséquences sur l’harmonie du jeune couple. La découverte du cadavre d’un mystérieux rongeur dans l’évacuation bouchée de leur évier n’arrange pas les choses...
Critique : Cinq ans après Harry, un ami qui vous veut du bien, également présenté à Cannes, Dominik Moll explore à nouveau le thème de l’ambiguïté et des rapports d’amitié troubles. Restant dans le genre a priori rassurant de la comédie policière, le cinéaste filme le désarroi d’Alain, un jeune ingénieur (le toujours excellent Laurent Lucas), face à deux réalités qui le dépassent : la présence d’un lemming (hamster scandinave) dans les canalisations de sa cuisine et celle d’un couple envahissant dans son existence. Son patron (André Dussollier), flanqué de sa névrosée d’épouse (Charlotte Rampling) s’immisce en effet dans sa vie privée et perturbe quelque peu l’harmonie conjugale que sa compagne (Charlotte Gainsbourg) et lui-même symbolisent. On pourrait citer les références que semble assumer le réalisateur et son scénariste Gilles Marchand : Claude Chabrol pour la peinture ironique de la petite bourgeoisie provinciale (la réjouissante séquence du dîner), David Lynch ou David Cronenberg pour le fantastique qui s’incruste dans le quotidien et l’exploration de l’animalité de l’être humain, ou Luis Buñuel pour le surréalisme des séquences de rêve : l’attaque nocturne des lemmings est-elle d’ailleurs un simple rêve ? L’éventuelle réalité de ce cauchemar donnerait alors au film des accents hitchcockiens, l’agression de Laurent Lucas faisant écho à celle de Tippi Hedren dans Les oiseaux. Mais faire de Lemming un film référentiel serait sous-estimer l’originalité du style du cinéaste qui impose un univers bien à lui sous un apparent classicisme. Bien plus sombre que Harry…, Lemming ne cesse de faire participer le spectateur qui tente de reconstituer le puzzle de la narration tout en démêlant la part de vérité de celle du fantasme. Certes, la volonté d’expliciter une partie du mystère dans le dénouement nuit quelque peu au récit (même si une partie du public sera moins déroutée) et on regrettera la trop faible présence de Charlotte Rampling dans la seconde moitié du film, même si son ombre plane dans l’intégralité de l’œuvre : c’est son jeu troublant et lumineux qui contribuait le mieux au malaise distillé par la mise en place de l’intrigue. Lemming est toutefois un film de haut niveau, qui fait regretter que son réalisateur ne tourne pas davantage car sa place est singulière dans le cinéma français.
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rjeugi 16 juin 2005
Lemming - Dominik Moll - critique
je rêve d’un lemming...
prodigieux jeux d’acteurs de la part de Charlotte Gainsbourg , Charlotte Rampling Laurent Lucas et André Dussollier qui nous offrent toutes les palettes de leurs talents, du comique, du cynique à l’inquiétant, au troublant dans cette histoire de deux couples où réalité et fantastique se mélangent et troublent le spectateur pour son plus grand plaisir, à noter également de superbes orchestrations musicales qui accentuent les effets d’inquiétude et d’angoisse et un petit cours d’histoire naturelle sur le lemming. et merveilleux (était-ce voulu par Dominik Moll), vous semblerez troublé de voir Jane Birkin...
Mykelti BuBba 23 juillet 2011
Lemming - Dominik Moll - critique
Dominik Moll crée ici un univers singulier mais pas si lointain d’une ambiance à la Hitchcock, dans lequel règnent méfiance et angoisse. La qualité de la mise en scène et l’écriture soignée contribuent à construire ce petit monde, où les personnages sont incapables de se raccrocher à des éléments rationnels. En ceci, "Lemming" rappelle "Rosemary’s baby" de Roman Polanski, et "Home" d’Ursula Meier. La séquence du dîner est assez marquante car inattendue. En fait, c’est le scénario, subtil et à rebondissements, qui ne laisse à aucun moment place à l’ennui. Les quatre interprètes principaux sont également impeccables, Charlotte Rampling et Charlotte Gainsbourg en tête. "Hier soir, une femme s’est suicidée chez nous. C’est curieux comme coïncidence." est une réplique de Bénédicte qui hésite entre candeur et cynisme. Un film très déroutant, où les personnages semblent aussi mal à l’aise que les spectateurs.