Le 20 janvier 2016
Exactement à l’image de la relation toxique qu’entretiennent les frères Kray, Legend est un spectacle à deux visages à l’intérieur duquel la fresque historique classieuse et la série B décomplexée ne parviennent jamais à s’unir véritablement.
- Réalisateur : Brian Helgeland
- Acteurs : Tom Hardy, Christopher Eccleston, Emily Browning, David Thewlis, Taron Egerton
- Genre : Comédie, Biopic, Action
- Nationalité : Britannique
- Durée : 2h11mn
- Date télé : 30 décembre 2016 22:50
- Chaîne : Canal + Cinéma
- Titre original : Legend
- Date de sortie : 20 janvier 2016
L'a vu
Veut le voir
- Année de production : 2015
Exactement à l’image de la relation toxique qu’entretiennent les frères Kray, Legend est un spectacle à deux visages à l’intérieur duquel la fresque historique classieuse et la série B décomplexée ne parviennent jamais à s’unir véritablement.
L’argument : Londres, les années 60. Les jumeaux Ronnie et Reggie Kray, célèbres gangsters du Royaume-Uni, règnent en maîtres sur la capitale anglaise. A la tête d’une mafia impitoyable, leur influence parait sans limites. Pourtant, lorsque la femme de Reggie incite son mari à s’éloigner du business, la chute des frères Kray semble inévitable. Legend retrace la véritable histoire de ces deux frères, remarquablement interprétés par Tom Hardy et nous plonge dans la noirceur stylisée des quartiers de l’East End du Swinging London.
Notre avis : Legend vient permettre à Tom Hardy de réunir au sein d’un même film les deux aspirations qui étaient les siennes ces dernières années, d’un côté des rôles charismatiques et violents (The Dark Knight Rises, Warrior), de l’autre des personnages moins démonstratifs, hantés et troubles (Quand vient la nuit, Mad Max Fury Road). En incarnant à lui seul les frères Kray, le génial acteur britannique embrasse le procédé du dédoublage pour livrer une prestation délirante qui, si elle constitue l’intérêt principal de Legend, en dessine aussi l’aspect schizophrène.
Exactement à l’image des frères Kray, Legend est un film double. Tout d’abord, nous avons Reggie, beau, mesuré, consciencieux à l’image du scénario de Brian Helgeland qui fait le portrait méticuleux d’un Londres en passe de devenir la Las Vegas anglaise. Reconstitution détaillée, photographie soignée, Legend est avant tout un bel objet parfaitement mis en scène quoique très sage dans son développement, suivant la montée en puissance des Kray dans le monde criminel sans se montrer particulièrement original. La voix-off est extrêmement informative et vient surligner les événements dépeints, la veine historique étant agrémentée par endroit de séquences plus intimes formant ensemble une dynamique très mécanique et usée visant à mêler grande et petite histoire.
{{© Studio Canal}}(C) StudioCanal
Ronnie est quant à lui incontrôlable, impulsif et délirant. Homosexuel assumé, malade mental tour à tour charismatique et ridicule, il constitue le second visage de Legend, une pure série B décomplexée, vulgaire et ultra violente. Et c’est bien ce visage là de Legend que l’on préfère. Tom Hardy abordant l’exercice comme une cour de récréation, prenant un plaisir tangible à en faire des tonnes dans une partition complètement fantasque. Au sein de la fresque trop sérieuse que tente de construire Brian Helgeland se terre ainsi une multitude de séquences hilarantes avec en tête une scène de combat fraternel où les deux hommes se retiennent de se blesser trop gravement, voyant notamment Ronnie attaquer son frère à l’entre-jambe. Sur le même ton, notons cette scène complètement absurde où Reggie et Ronnie se retrouvent chez leur mère, à prendre le thé et manger le gâteau alors que l’un d’eux vient d’assassiner de sang froid un homme devant témoins.
Difficile dès lors de revenir au récit historique plombant et froid, à la grande Histoire aux thèmes intemporels du combat entre le bien et le mal, de la faculté à changer et du fratricide alors même que le film vient de verser avec autant d’entrain dans le divertissement total, délirant et jouissif. Loin de nous l’idée de dire qu’un tel mélange est impossible, mais Legend ne semble jamais parvenir à équilibrer ses deux faces et à l’image de la relation toxique qu’entretiennent les frères Kray, le film se révèle être un spectacle à deux visages complètement schizophrène à l’intérieur duquel ses deux identités ne parviennent jamais à s’unir.
(C) StudioCanal
Galerie Photos
Le choix du rédacteur
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.