Le 4 juin 2013
L’un des films les plus célèbres et réussis du néoréalisme italien, qui valut un triomphe critique et public à Vittorio De Sica.
- Réalisateur : Vittorio De Sica
- Acteurs : Lamberto Maggiorani, Enzo Staiola, Lianella Carell, Gino Saltamerenda
- Genre : Drame, Noir et blanc, Drame social
- Nationalité : Italien
- Durée : 1h33mn
- Reprise: 25 novembre 2015
- Titre original : Ladri di biciclette
- Date de sortie : 26 août 1949
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Critique : C’est peu dire que Le voleur de bicyclette a été, après Rome ville ouverte (1945) de Roberto Rossellini, une pièce fondatrice de ce qu’il est convenu de nommer le néoréalisme italien. Longtemps considéré comme l’un des plus beaux films de tous les temps (ce qui était sans doute excessif), il s’agit pourtant bien d’un chef-d’œuvre qui supporte le verdict des années. Le scénario est, en apparence, d’une simplicité absolue : Antonio, un père de famille, est au chômage de longue durée lorsqu’il se voit proposer un emploi de colleur d’affiches, à condition d’être en possession d’une bicyclette. Il récupère alors celle qu’il avait mise en gage mais dès le premier jour de son embauche il se la fait voler. Accompagné de son jeune fils Bruno, il décide dès le lendemain de tout mettre en œuvre pour retrouver la trace du voleur et de la bicyclette. Le récit a été écrit par plusieurs scénaristes dont les prestigieux Cesare Zavattini et Suso Cecchi D’Amico, qui ont eux-mêmes adapté un roman peu connu de Luigi Martolini. Le film a marqué le cinéma par la démarche de son réalisateur, Vittorio De Sica, vedette populaire des années 30, et qui avait déjà signé l’excellent Sciuscia (1946), de la même veine. Le cinéaste s’est impliqué dans la conception du Voleur de bicyclette en y greffant son style : décor et tournage en extérieurs, recours à des acteurs non professionnels, filmage de lieux fréquentés par les pauvres, dans une vision semi-documentaire novatrice à l’époque.
L’Italie de l’après-guerre révèle ici ses déshérités, et la quête d’Antonio le fera traverser les quartiers les plus meurtris de la banlieue de Rome : logements sociaux vétustes, ruelles malfamées, petits marchés plus ou moins licites voient ici se croiser des mendiants achetés par des dames patronnesses (un plat de pâtes en échange d’une participation à la messe), des petits délinquants tentés par le vol impulsif, des voyantes peu lucides ou d’honnêtes citoyens tentant de joindre les deux bouts en gardant leur dignité. Antonio est de ceux-là, mais ce « père courage » n’hésitera pas à braver l’interdit pour assurer un niveau de vie correct aux siens. D’aucuns ont reproché à De Sica une tendance au misérabilisme, comparativement à l’ascèse d’un Rossellini. Pourtant, il n’en est rien, tant le réalisateur montre à merveille les ambivalences de l’âme humaine et préfère la dénonciation sociale implicite au pamphlet ostensible. Et nul sentimentalisme dans les passages emblématiques (les relations entre le père et le fils) : simplement la volonté de ne pas rejeter l’approche émotionnelle et d’atteindre aussi le public populaire. Ainsi en est-il de la partition musicale d’Alessandro Cicognini, qui est loin de jouer sur l’emphase et de trahir le ton néoréaliste, et contribue à faire du Voleur de bicyclette un film aussi touchant que les mélodrames de Chaplin. L’œuvre obtint un succès public et un triomphe critique, avant de remporter plusieurs prix internationaux dont l’Oscar du meilleur film en langue étrangère. De Sica réalisera par la suite des films de la même mouvance, dont Umberto D. (1952), avant de s’orienter vers un cinéma plus classique, tout en poursuivant une carrière d’acteur (Madame de…).
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