Le tambour - Volker Schlöndorff - critique

Critique : D’une rencontre romanesque va naître la mère d’Oskar, le héros de cette saga, dont le destin familial suivra celui de la ville de Gdańsk, durant la première moitié du XXe siècle. C’est lui qui raconte les origines de sa naissance en évoquant d’abord sa mère, née du fuyard qu’elle eut à peine le temps de connaître, avant qu’il ne disparaisse à nouveau. Puis il va relater les atermoiements de cette future maman (Angela Winkler), qui hésitera entre deux prétendants, Alfred l’épicier viril (Mario Adorf) et son gentil cousin Jan (Daniel Olbrychski), employé des postes. Elle épousera Alfred, tout en continuant à fréquenter Jan, sans trop se cacher. C’est à ce moment que vient au monde Oskar, curieux bébé intelligent qui regarde ce qui l’entoure avec étonnement et méfiance. Le jour de ses trois ans, il va mettre en scène sa propre chute dans les escaliers d’une cave et décider de ne plus grandir. Armé d’un tambour qu’il ne quitte jamais, il découvrira qu’il peut briser le verre en criant.

© Tamasa Distribution

Volker Schlöndorff adapte le roman foisonnant de Günter Grass, allégorie de la montée du nazisme dans la ville martyre de Gdańsk. Sur un ton souvent picaresque, avec le concours de Jean-Claude Carrière, le cinéaste porte un regard grinçant sur le passé, passant de la comédie aux horreurs du nazisme qu’il ridiculise avec vigueur, n’hésitant pas également à y inclure des éléments peu ragoûtants, comme la scène des anguilles.

Observateur privilégié par sa petite taille, Oskar suivra les transformations de sa ville qui, petit à petit, glissera vers le Troisième Reich. Il sera directement ou indirectement responsable des drames vécus par ses proches, comme si son existence même portait malheur.

© Tamasa Distribution

Partant d’une histoire aux accents fantastiques, un peu comme dans un conte pour se faire peur, le réalisateur dresse en creux un terrible portrait de la montée du nazisme, depuis les premiers défilés des SA moqués par la population, jusqu’au massacre des employés de la Poste, lieu de la résistance polonaise. Le drame de l’antisémitisme est suggéré de belle manière, à travers le personnage poétique de Sigmund Markus (Charles Aznavour), marchand de jouets doux et compatissant.

Le film a obtenu la Palme d’or au festival de Cannes 1979, ex æquo avec Apocalypse Now de Francis Ford Coppola.
Le tambour recevra également en 1980 l’Oscar du meilleur film en langue étrangère.