Don’t play with the devil
Le 20 mars 2015
Plus digeste que les pires rejetons de L’exorciste auxquels nous étions habitués, cette première réalisation signée Chris Sparling nous ouvre grand les portes de l’institut Atticus.
- Réalisateur : Chris Sparling
- Acteurs : William Mapother, Rya Kihlstedt, John Rubinstein, Sharon Maughan
- Genre : Épouvante-horreur
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : M6 Vidéo
- Durée : 1h32mn
- Titre original : The Atticus Institute
- Festival : Gérardmer 2015
L'a vu
Veut le voir
– Date de sortie en DVD/Blu-ray : 18 mars 2015
Plus digeste que les pires rejetons de L’exorciste auxquels nous étions habitués, cette première réalisation signée Chris Sparling nous ouvre grand les portes de l’institut Atticus.
L’argument : Fondé en 1976 par le Dr Henry West, l’Institut Atticus était spécialisé dans l’étude de personnes développant des capacités paranormales : parapsychologie, voyance, psychokinésie, etc. Des centaines de personnes présentant ce genre d’aptitudes ont été étudiées par les chercheurs de l’institut et de nombreux articles annonçant leurs résultats ont été publiés. Mais aucun cas étudié jusque-là n’avait préparé le Dr West et son équipe à l’arrivée de Judith Winstead…
Notre avis : De Chris Sparling, on ne connaissait jusqu’à présent que sa plume. Scénariste de ATM (film de psychopathe des parkings en anorak mis en scène par David Brooks), il a surtout été crédité au script du très ingénieux Buried réalisé par Rodrigo Cortés. Un véritable exercice de style où l’on se retrouvait cloîtré dans un cercueil aux côtés d’un Ryan Reynolds au bord de l’asphyxie. La caméra suivait alors en temps réel le calvaire du bougre sans qu’à aucun moment on ne quitte le tombeau de fortune 1h30 montre en main. En choisissant de taquiner la possession démoniaque pour les besoins du Projet Atticus, le cinéaste pénètre dans un domaine où le maître-étalon se nomme encore aujourd’hui L’exorciste. Depuis 1973, personne ne s’en est encore remis du chapelet de scènes traumatiques magistrales assénées par William Friedkin. Souvent copié (Possédée, Devil Inside, Le Rite, Le Dernier Rite, Le Dernier Exorcisme, L’Exorcisme d’Emily Rose, j’en passe et des navets...) mais jamais égalé.
© SND
Alors pour tenter de se démarquer un peu du tout-venant (on nous fait grâce d’un énième found footage parkinsonien), Sparling a décidé de filmer son sujet à la manière d’un plus sobre faux documentaire entrecoupé d’images d’archives et interviews de témoins revenant sur l’époque des faits (les évènements rapportés se déroulent ici au milieu des années 70). En faisant l’impasse sur une affiche peu ragoutante, nous voilà face à un documenteur bien charpenté, susceptible de faire couler quelques sueurs froides à son audience sans avoir recours à beaucoup d’artifices visuels. La première partie du long métrage se chargera de nous présenter le cas de Judith Winstead (Rya Kihlstedt, crédible dans son interprétation de possédée), une femme aux tout d’abord exceptionnelles puis rapidement très dangereuses aptitudes paranormales. Les facultés de cet étrange personnage se dévoilent par le biais d’une batterie de tests effectués au sein de l’institut spécialisée en psychokinésie du Dr Henry West (campé par un William Mapother appliqué).
L’installation d’un climat de terreur efficace et pesant coïncide avec l’apparition des témoignages déballés par ceux, encore terrifiés, qui ont vécu les tragiques incidents de l’intérieur. Perturbant, tout comme cette caméra se déplaçant avec une lenteur extrême sur de vieux clichés desquels émane une étrange aura mortifère. Les pouvoirs de Judith fascinent le professeur et son équipe autant qu’ils apeurent. C’est le mal a l’état pur qui semble s’être immiscé dans le corps de cette femme, celui dont les limites ne se dessinent pas, qui peut interférer à distance, même en dehors des murs de l’institut.
© SND
Plutôt fiable jusque là, le récit va pourtant perdre en saveur au moment de l’arrivée du gouvernement dans l’affaire. Les hauts placés cherchant par tous les moyens à contrôler Judith et à exploiter ses pouvoirs afin de faire d’elle une arme tout à fait innovante (c’est à peine avoué, mais ils semblent y voir de quoi imposer la supériorité militaire américaine dans la course à l’armement en plein coeur de la Guerre Froide). Bien entendu, l’expérience ne manquera pas de mal tourner. Cette dernière partie nous fait malheureusement retomber dans les travers des films de possessions qui génèrent des formules excessives. On ne passera évidemment pas à côté de la sempiternelle séance d’exorcisme du prêtre armé de sa croix, à laquelle s’ajoute quelques jump scares d’usage (l’ultime tombant d’ailleurs un peu à plat faute d’un bon timing).
Si le final n’apparaît pas aussi radical que voulu et laisse un peu sur la faim, nous garderons en mémoire l’étrange et angoissante première partie, nourrie par une belle véracité 70’s. Le Projet Atticus s’élève donc un cran au dessus de tout ces pasticheurs sans vergogne de L’exorciste. Et à vrai dire, personne n’aurait crié au scandale si le premier essai de Chris Sparling avait pu se frayer une petite place sur le chemin des salles (surtout lorsque l’on sait qu’un horrible naveton comme Devil Inside y a eu droit...). À défaut on se contentera de le voir débouler en DVD/Blu-ray en ce mois de mars chez l’éditeur M6 Video.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.