Le professionnel - Georges Lautner - critique

Critique : Sur fond de Françafrique, ce divertissement à la gloire de son acteur principal bénéficie de la collaboration du duo Lautner-Audiard, le premier à la réalisation, le second aux dialogues, ce qui donne un film furieusement calibré pour la gouaille et les biceps de Jean-Paul Belmondo, depuis l’évasion de son personnage en Afrique, jusqu’à sa marche sacrificielle vers l’hélicoptère, dans le somptueux cadre du château de Maintenon. Les autres comédiens (Beaune, Desailly, Hossein) donnent mollement la réplique à la vedette et leurs personnages n’existent que par les conventions attachées à leurs fonctions : qu’ils soient commissaires, militaires ou ministres, les protagonistes réciteront leur partition de manière prévisible, jusqu’aux silences entendus ou gênés. Avec Lautner, on ne pouvait pas attendre autre chose. De sorte que Le professionnel semble vraiment le descendant direct du cinéma de papa, torpillé par les jeunes Turcs des Cahiers du Cinéma. La présence d’une icône de la Nouvelle Vague dans cette œuvre si conventionnelle, est le signe d’une compromission de Belmondo avec des films commerciaux qui lui ont, effectivement, beaucoup rapporté.
Cette production paresseuse, mais divertissante, lui permet de distiller coups de poing et bons mots, dans des situations où Lautner s’auto-plagie, ainsi que Michel Audiard : on pense en particulier à la scène où le personnage joué par Pierre Vernier (un certain Volfoni, comme dans Les Tontons flingueurs) se mange une châtaigne après avoir ouvert la porte. Par ailleurs, toutes les cinq minutes, le célébrissime Chi Mai d’Ennio Morricone vient rappeler qu’il est un tube potentiel. Et en effet, il le deviendra.
La seule curiosité de ce film tient à la présence d’un figurant célèbre, le complice du célèbre braqueur Bruno Sulak : Steve Jovanovic. A l’époque recherché par toutes les polices de France, l’homme effectue plusieurs apparitions, Rolex à la main, glanée au cours d’un vol. Un pied de nez incroyablement provocateur.