Le bonheur n’est pas gai
Le 26 septembre 2024
En adaptant trois contes de Maupassant, Max Ophuls réalise le second chef-d’œuvre de sa période française faste. Un sommet de virtuosité.
- Réalisateur : Max Ophuls
- Acteurs : Danielle Darrieux, Simone Simon, Daniel Gélin, Pierre Brasseur, Mila Parély, Paulette Dubost, Jean Galland, Nicole Régnault, Jean Servais, Jean Gabin, Louis Seigner, Ginette Leclerc, Antoine Balpêtré, Marcel Pérès, Gaby Morlay, Henri Crémieux, Madeleine Renaud, Arthur Devère, Héléna Manson, Claude Dauphin, Paul Azaïs, Jean Meyer, Mathilde Casadesus, Charles Vissières, René Blancard
- Genre : Comédie dramatique, Noir et blanc
- Nationalité : Français
- Distributeur : Les Acacias, Compagnie Commerciale Française Cinématographique (CCFC)
- Editeur vidéo : Arthur Mayer-Edward Kingsley Inc.
- Durée : 1h37mn
- Date télé : 21 novembre 2024 20:50
- Chaîne : Ciné+ Classic
- Reprise: 6 novembre 2024
- Date de sortie : 29 février 1952
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– Reprise en version restaurée : 6 novembre 2024
Résumé : "Le masque". La soirée étant bien entamée, la fête au Palais de la danse bat son plein. Un homme portant un masque fait irruption parmi les danseurs. Moins agile, moins vif que les autres danseurs, il s’écroule. Un médecin vient à son chevet et lui ôte son masque...
’’La maison Tellier". Dans le salon Jupiter de la « maison » la plus courue de la ville, Julia Tellier règne parmi ses gracieuses pensionnaires : Mme Rosa, Mme Flora dite « Balançoire », Mme Raphaële, Mme Fernande, Mme Louise dite « Cocotte ». Mais un soir les habitués, dépités, trouvent porte close...
"Le modèle". Un jeune peintre séduit une jeune fille et la prend comme modèle. Ils emménagent d’abord heureux d’être ensemble puis le couple commence à se disputer. Lassé, il ignore ses menaces de désespérée...
Critique : Situé dans sa filmographie entre La ronde et Madame de..., Le plaisir confirme la virtuosité de l’art d’Ophuls, qui atteint ici une certaine plénitude. Adaptant trois nouvelles de Guy de Maupassant, le cinéaste les greffe à son univers empreint de plaisirs faussement superficiels et de quête d’un éternel amour qui s’avère toujours éphémère... La belle voix du narrateur Jean Servais sert de leitmotiv à ces trois récits imprégnés de mélancolie et de pessimisme, à peine tempérés par la légèreté de l’épisode de La maison Tellier. C’est également dans Le plaisir que le réalisateur généralise ses fameux travellings suivant les personnages au gré de déplacements dans des couloirs et escaliers, que ce soit au cours du bal gigantesque du Masque, dans le bordel sublimé de Mme Tellier (Madeleine Renaud) ou l’atelier mortifère du peintre cynique (Daniel Gélin). Bien épaulé par les chefs opérateurs Christian Matras et Philippe Agostini ou le costumier Georges Annenkov, Max Ophuls transcende une commande de producteur pour signer un véritable film d’auteur, comme il avait su le faire en Allemagne avec Liebelei ou à Hollywood avec Lettre d’une inconnue.
- Simone Simon, Daniel Gélin
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Le masque a des relents d’univers d’Oscar Wilde, quand Ophuls retrace la pitoyable existence d’un vieux beau (Jean Galland) contraint de masquer la trahison des années pour satisfaire sa quête infatigable de l’amour. « Le jour où il a eu son premier cheveu blanc, j’ai fait mon ménage avec plaisir, confie la fidèle épouse (Gaby Morlay) au médecin bon vivant (Claude Dauphin), dont la future destinée semble faire écho à celle de ce malheureux. Segment le plus long, La maison Tellier est un exercice de style brillant, dont l’audace (la confrontation du plaisir et de la pureté) préfigure les délires buñueliens de Belle de jour. De la dispute entre les notables Louis Seigner et Henri Crémieux aux pleurs de putains émues par les chants de premières communiantes, Ophuls déploie une fantaisie jubilatoire, assortie de gravité quand Joseph Rivet (Jean Gabin) se pourfend d’excuses auprès de Mme Rosa (Danielle Darrieux), dans une scène champêtre digne du meilleur Renoir. Quant à l’épisode Le modèle, il confronte le plaisir à la mort avec une noirceur et une cruauté qui annoncent Lola Montès, la chute de Joséphine (Simone Simon) préfigurant le saut de l’ange de Martine Carol... Éblouissant et d’une beauté intemporelle, Le plaisir fut nommé à l’Oscar des meilleurs décors mais reçut un accueil mitigé des critiques de l’époque... Comme toute l’œuvre d’Ophuls, c’est bien après la mort du cinéaste que le film sera apprécié à sa juste valeur.
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