Gérald Thomassin révélé par Doillon
Le 27 octobre 2023
Ce beau récit d’un ado écorché est fidèle à l’univers de Doillon. Prix Louis Delluc 1990 et César du meilleur espoir masculin pour Gérald Thomassin.
- Réalisateur : Jacques Doillon
- Acteurs : Clotilde Courau, Richard Anconina, Gérald Thomassin , Jocelyne Perhirin, Cécile Reigher
- Genre : Drame, Teen movie, Drame social
- Distributeur : Splendor Films , AMLF Distribution, Malavida Films
- Durée : 1h40mn
- Date de sortie : 19 décembre 1990
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Résumé : Même sous le chaud soleil de Sète, la vie n’est pas toujours gaie pour le jeune Marc. Son père est parti alors qu’il était tout petit et sa mère, Henriette, remariée avec un voyou dont il porte le nom, est toujours entre deux vins. Un jour, sa mère trouve un revolver caché sous le linge par son mari et Marc reçoit un coup de téléphone de sa sœur aînée Nathalie, qu’on lui avait dit morte en bas âge. Bouleversé, Marc décide de la rejoindre à Montpellier, où elle habite avec leur père. Il s’empare du revolver de son beau-père...
Critique : Le petit criminel pouvait sembler être le retour de Jacques Doillon à une veine sociale, celle des Doigts dans la tête, sa première réussite d’auteur. Le film a certes un ancrage sociologique évident. Ayant choisi le décor méridional des cités de Sète et Montpellier, plutôt que Vaulx-en-Velin ou Issy-les-Moulineaux, Doillon s’en échappe pourtant vite et préfère filmer un road movie mettant en scène deux puis trois personnages effectuant l’aller et le retour entre les deux villes, l’enjeu psychologique étant plus important que la peinture réaliste. Marc, vivant dans une structure familiale éclatée, en échec scolaire et ayant commis divers larcins, est un petit cousin d’Antoine Doinel et Rosetta. Plus apte à mener Les 400 coups que de suivre les normes sociales, il deviendra prêt à tout pour reconstituer une cellule familiale, quitte à braquer le flic pourtant bienveillant qui le croise à sa sortie du vol de la caisse dans une pharmacie... Marc, c’est Gérald Thomassin, ado de quinze ans dont c’était le premier rôle, que Doillon avait repéré dans un foyer de la DDASS et dont la ressemblance avec son personnage est loin d’être fortuite. Le jeune comédien, d’un naturel confondant et aux dispositions dramatiques précoces, fait ici jeu égal avec Richard Anconina. Sobre et convaincant, la vedette de Tchao pantin trouve ici son meilleur rôle, dans ce qui reste l’une de ses rares incursions dans le cinéma d’auteur. Policier maladroit et d’un professionnalisme peu efficace, Gérard s’avère être un éducateur d’une grande humanité, désemparé par l’inconscience du geste du petit criminel, mais l’aidant malgré tout à satisfaire son dessein en échange d’une garantie de pouvoir le mener ensuite au commissariat. Doillon établit comme un lien de filiation entre Gérard et Marc.
- © 1990 Sara Films © 2022 Splendor Films. Tous droits réservés.
Or, on sait que Doillon aime mettre en scène ces affrontements parents/enfants, depuis les règlements de compte entre Jane Birkin et Michel Piccoli dans La fille prodigue ou les rapports entre Mara Goyet et Sami Frey dans La vie de famille. Mais même si on s’y bouscule, engueule, et menace d’un révolver, Le petit criminel est plus proche du ton serein de La drôlesse que de l’hystérie de La pirate. Film le plus consensuel de Doillon, Le petit criminel doit sans doute son succès à sa justesse et l’humour de certains dialogues, faisant passer les situations les plus saugrenues ou les moins crédibles, comme un troisième braquage (effectué par la sœur) ou la volonté des deux jeunes de dormir chez le policier après une journée bien remplie... Cinéaste de chambre plus que d’extérieurs, Doillon filme cette échappée tel un huis clos. Et comme l’a écrit Yves Alion, il excelle à « faire jaillir des étincelles de la phrase la plus anodine, voire d’un silence buté ». Le film obtint plusieurs récompenses dont le Prix Louis Delluc, le prix de la meilleure actrice aux European Film Awards pour Clotilde Courau et le César du meilleur espoir masculin pour Gérard Thomassin. Les destinées professionnelles et personnelles des deux jeunes comédiens furent d’ailleurs à l’opposé. Quand la première est devenue Son Altesse royale Clotilde de Savoie, princesse de Venise et de Piémont, tout en poursuivant son métier d’actrice, son partenaire eut un avenir plus sombre. Malgré quelques films dont des retrouvailles avec Doillon (Le premier venu), la carrière de Gérald Thomassin ne confirma pas ce coup d’éclat. L’alcool, la drogue et un retour à la délinquance semblent avoir gâché les promesses.
– Reprise en version restaurée : 13 avril 2022
– Prix Louis Delluc 1990
– Festival de Berlin 1991 : Prix FIPRESCI - OCIC Award - Mention spéciale
– Césars 1991 : Meilleur espoir masculin pour Gérald Thomassin
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