Le 10 juin 2020
Deux ans après Une séparation, l’Iranien Asghar Farhadi signe un implacable chef-d’œuvre, dont le slogan pourrait être : l’amour ne meurt jamais.
- Réalisateur : Asghar Farhadi
- Acteurs : Bérénice Bejo, Tahar Rahim, Sabrina Ouazani, Ali Mosaffa, Pauline Burlet, Valeria Cavalli, Babak Karimi
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Iranien
- Distributeur : Memento Distribution
- Durée : 2h10mn
- Date télé : 10 juin 2020 13:35
- Chaîne : Arte
- Date de sortie : 17 mai 2013
- Festival : Festival de Cannes 2013
Résumé : Après quatre années de séparation, Ahmad arrive à Paris depuis Téhéran, à la demande de Marie, son épouse française, pour procéder aux formalités de leur divorce. Lors de son bref séjour, Ahmad découvre la relation conflictuelle que Marie entretient avec sa fille, Lucie. Les efforts d’Ahmad pour tenter d’améliorer cette relation lèveront le voile sur un secret du passé.
Critique : Après avoir triomphé deux fois à Berlin avec A propos d’Elly et Une séparation, respectivement Ours d’argent et Ours d’or, Asghar Farhadi est enfin sélectionné à Cannes. Le Passé était donc très attendu, l‘Iranien étant désormais considéré par beaucoup, et avec logique, comme l’un des plus talentueux cinéastes du cinéma mondial. Surtout, le film constitue pour lui un véritable défi, car il s’agit de son premier tournage à l’étranger – la production est française – et qui met logiquement en scène des acteurs qui ne parlent pas sa langue. Le risque était donc grand de voir le naturel de sa mise en scène mise à mal par une direction d’acteurs rendue difficile. Fort heureusement, le cinéaste n’a rien perdu de sa superbe.
Tout commence par des retrouvailles dans un aéroport français. Marie attend Ahmad, qui débarque de Téhéran pour procéder aux formalités administratives liées à leur divorce, enclenché déjà depuis plusieurs années, mais qui doit rapidement se conclure puisque la jeune femme attend désormais un enfant de Samir, son nouveau compagnon. Derrière une vitre, Marie aperçoit Ahmad qui s’approche. S’enclenche alors une discussion rendue sourde par cette vitre qui sépare ces deux êtres momentanément aphones. La séquence, forte, est annonciatrice de ce qui va suivre : dans Le Passé, personne ne s’entend, ni ne s’écoute.
Le Passé s’inscrit dans la lignée des précédents films de son réalisateur. Ici, les nerfs sont à vif, les cris et les pleurs déchirent les silences, tandis que la passion guide chacun des personnages, tous atteints par une tragédie dont ils ignorent les tenants et les aboutissants. Mais, au fil de révélations renversantes, toutes les évidences d’un quotidien que l’on pensait paisible éclatent pour laisser place aux doutes et, finalement, à la réalité : pour Marie, le bonheur de l’enfant n’était qu’une simple chimère venant camoufler la complexité de sa relation avec Samir. Personne ne ressortira indemne de cette histoire qui ne part de rien, mais accouche des plus terribles secrets.
À la manière d’un thriller, Le Passé joue avec ses personnages et son spectateur, en les guidant sur des fausses pistes avec une extraordinaire intelligence. Il faut dire que la qualité de l’écriture est stupéfiante : aucune scène, aucun dialogue ne sont de trop, tout est d’un éclat et d’un naturel prodigieux. Les personnages sont puissants, sincères, interprétés avec génie – mention spéciale à Bérénice Bejo, lumineuse. Le rythme, lui, est incroyablement soutenu, même dans les plus grands moments d’intimité. Quant au final, difficile de rester insensible à tel tourbillon d’émotions –l’image est magnifique. Dans ce contexte, l’habituelle mise en scène de Farhadi, composée d’une multitude d’ellipses, fait un ravage et nous rappelle que le cinéma reste d’abord un art subtil du saisissement. Le Passé est la représentation même de ce que doit offrir le cinéma : de l’émotion, du suspense et, surtout, beaucoup d’amour. Sublime.
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esdez 19 mai 2013
Le Passé - Asghar Farhadi - critique
Bof ! Ce film est effectivement intéressant par le côté chirurgical du coup d’oeil du cinéaste et de sa capacité à produire une histoire qui, malheureusement est un constat plutôt amer de la désespérance des couples actuels incapables d’éprouver un sentiment d’amour et donc de la partager. Ici, comme dans notre société, nécessité fait loi. Bien sûr, le scénario est habile et impeccable, mais il nous est servi avec une vision orientale qui ne nous accroche pas forcément, et, dommage que Béjot et Rahim ne croient pas un instant en leur personnage ou, qu’ils aient été mal dirigés ils nous laissent de marbre car les autres acteurs et notamment les enfants et ados sont super. L’encencement de la critique me semble bien convenu.