Le 15 octobre 2016
L’un des documentaires qui va compter cet automne. Un regard inestimable sur une oeuvre et un homme qui dépassent les contingences humaines.
- Réalisateur : José Luis Lopez-Linares
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Espagnol, Français
- Durée : 1h30mn
- Titre original : El Bosco, El Jardín De Los Sueños
- Date de sortie : 26 octobre 2016
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Résumé : 500 ans après sa disparition, Jérôme Bosch, l’un des plus grands peintres flamands, continue à intriguer avec une œuvre aussi fascinante qu’énigmatique, aux interprétations multiples. À travers « Le Jardin des Délices », historiens de l’art, philosophes, psychanalystes en cherchent le sens et rendent un hommage vibrant à un artiste qui défie le temps.
(C) Epicentre Films
Notre avis : Le Mystère Jérôme Bosch s’achève comme il a commencé : par la contemplation du chef-d’oeuvre de l’artiste, Le Jardin des délices. Les récepteurs ont certes changé : il ne s’agit plus des spécialistes qui, les uns après les autres, essaiment au gré de leur interprétations, convoquant la religion, la psychanalyse ou le surréalisme, sans jamais réussir à épuiser le contenu de l’œuvre.
Dans le célèbre musée du Prado, ce sont d’abord des visiteurs que l’on voit, presque sidérés par l’inépuisable richesse de cette fresque tripartite et à qui l’on aurait volontiers laissé la parole, puisque Bosch résiste aux lectures les plus savantes.
Pendant une heure et demie, ce très beau documentaire associe la rigueur analytique et la rêverie la plus débridée, rend hommage au célèbre peintre flamand et à la fascination qu’il exerce, non seulement parce que son œuvre, des siècles avant les premiers dadaïstes, constitue la mise à nu artistique de l’inconscient, mais aussi parce que la réception critique achoppe sur toute forme de lecture biographique.
La vie de Jérôme Bosch n’est pas un répertoire où puiser, pour comprendre les fondements d’une création. Plus que sa propre existence dont on ne sait pas grand chose, c’est son époque qui offre quelques indices : celle où l’on découvre des animaux et des plantes exotiques à travers de grands voyages, celle qui porte encore la trace de la fin’amor médiévale, celle qui allégorise les peurs de la mort ou la question du salut, par des représentations artistiques particulièrement éloquentes.
Les thuriféraires de l’artiste insistent sur ces influences. Mais l’étonnement
concerne surtout les bestiaires aussi insolites qu’effrayants, qui semblent jaillir de son pinceau comme un foisonnement de l’existence, "des phéromones dans une fourmillière", pour emprunter l’expression d’une spécialiste amusée. Prenant au mot cette comparaison, le documentaire ose une analogie avec le mouvement hippie, de la même manière qu’il s’autorise une incursion dans l’oeuvre de Brel et l’imagerie médicale, donnant à son parcours la forme même des tableaux de Bosch, où l’audace se conjugue aux possibilités offertes par l’imagination.
Michel Onfray et Salman Rushdie, visiteurs de luxe, admirateurs sincères de l’artiste, rendent hommage à cette célébration du vivant, qui fait aussi participer le spectateur : "On ressent le besoin de compléter l’histoire" commente très justement l’auteur des Versets Sataniques.
Lorsque le film se termine, c’est au Prado que l’on rêve d’aller : pour approcher ce Jardin des délices et son charme intemporel.
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