Spleenage
Le 30 décembre 2012
Un teen-movie bien sous tous rapports et légèrement amer en fin de bouche, que vous auriez aimé voir à 15 ans. Attention, si vous avez 15 ans aujourd’hui et que vous rentrez en seconde option théâtre, achetez d’ores et déjà le poster.
- Réalisateur : Stephen Chbosky
- Acteurs : Emma Watson, Ezra Miller, Logan Lerman
- Genre : Comédie dramatique, Teen movie
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h43 min
- Titre original : The perks of being a wallflower
- Date de sortie : 2 janvier 2013
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Un teen-movie bien sous tous rapports et légèrement amer en fin de bouche, que vous auriez aimé voir à 15 ans. Attention, si vous avez 15 ans aujourd’hui et que vous rentrez en seconde option théâtre, achetez d’ores et déjà le poster.
L’argument : Au lycée où il vient d’arriver, on trouve Charlie bizarre. Sa sensibilité et ses goûts sont en décalage avec ceux de ses camarades de classe. Pour son prof de Lettres, c’est sans doute un prodige, pour les autres, c’est juste un "loser". En attendant, il reste en marge - jusqu’au jour où deux terminales, Patrick et la jolie Sam, le prennent sous leur aile. Grâce à eux, il va découvrir la musique, les fêtes, le sexe… pour Charlie, un nouveau monde s’offre à lui.
Notre avis : Le Monde de Charlie est un film réalisé par Stephen Chbosky, sur un scénario de Stephen Chbosky, lui-même tiré d’un livre de Stephen Chbosky, qui se trouve être un best-seller aux États-Unis d’Amérique. Et si le papa de la série Jericho n’aime pas déléguer, c’est avant tout parce qu’il a trouvé la formule matricielle du teen-movie indé-chic torturé dans les coins, à savoir un protagoniste surdoué, mais vaguement autiste et traumatisé de longue date, une communauté de marginaux (comédiens gay, filles paumées, ados progressistes) ravie de l’accueillir parmi ceux qui sont trop étranges ou trop cultivés pour être des boucs-émissaires valables, un prof de lettres philanthrope, du mal-être lycéen profond mais digne, et surtout un best-of de références indiscutables et inamovibles, qui prouvent que l’on peut-être le lecteur idéal de Télérama avant même de pointer à la fac (Salinger, Fitzgerald, Bowie, The Smiths). A la décharge de Chbosky, tout ça se déroule au début des années 90 dans la banlieue de Pittsburgh, là où le simple fait d’idolâtrer Morrissey constitue un début de casier judiciaire.
Ce que l’on peut également porter au crédit du despote de l’affaire, c’est un certain talent pour louvoyer entre les stigmates de son rejeton couru d’avance, et sublimer ses poncifs en s’appuyant sur une série de dialogues drôles et stylés, une voix-off quasi-rétrospective qui navigue elle-même entre mélancolie élégante et nostalgie pince-tripes, un casting globalement brillant (Logan Lerman n’est plus un minet translucide) et une vista qui saisit remarquablement la jeunesse au bond, quand la plupart de ses cousins filmiques s’enterrent sous des caricatures boiteuses. Même l’inévitable love-story qui noue le cœur de la chose prend bien soin de ne pas marcher sur les pelouses du mélo interdit, et tisse quelque chose de foncièrement crédible entre les deux misfits énamourés, quelque chose qui, si nous n’étions pas d’odieux visages de pierre, pourraient même nous tirer quelques gouttes de gratitude lacrymale.
Finalement, la beauté du Monde de Charlie tient peut-être au fait que même le spectateur conscient d’être tombé dans un piège calibré au personnage près peut s’immerger joyeusement dans cette embuscade, et saisir un nous-ne-savons quoi d’universel dans cette histoire d’adolescence condamnée mais joliment convulsive, systématiquement relevée par une mise en scène à la fois naturaliste et suspendue, qui sait filmer dans une même séquence le présent bouffé par les traumas comme le salut au pas de la porte. Une bonne surprise sans surprise.
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