Le garçon et le monde - la critique du film

Éclatant de couleurs et de poésie, Le garçon et le monde est une fable captivante et émouvante sur le monde moderne. Cristal du long- métrage et Prix du public au Festival International d’Animation d’Annecy 2014.

L’argument : À la recherche de son père, un garçon quitte son village et découvre un monde fantastique dominé par des animaux-machines et des êtres étranges. Un voyage lyrique et onirique illustrant avec brio les problèmes du monde moderne. ©Les Films du Préau

Notre avis : Mêlant différents procédés techniques et graphiques - pastels à l’huile, peinture, crayons, et même collage - Alê Abreu propose avec Le garçon et le monde une œuvre riche et saisissante qui exprime la nature dans toute son abondance et le monde moderne dans toute sa diversité. C’est bien dans un paradis de couleurs vibrantes et de sons enchanteurs que le spectateur découvre le petit garçon, personnage curieux et aventureux qui décide de partir à la recherche de son père et qui fait la découverte du monde. Le minimalisme du graphisme des personnages invite le spectateur à explorer l’environnement dans lequel ils évoluent, lequel a manifestement fait l’objet d’un soin méticuleux. Ainsi, le regard du spectateur se promène librement dans l’image, retrouvant cette capacité d’émerveillement enfantin devant les formes et les couleurs. Le point de vue de l’enfant est précisément adopté dans ce long-métrage d’animation qui doit également son aspect onirique à ce regard candide, ouvert au monde, mais sans naïveté excessive. ©Les Films du Préau
La bande-son joue également un rôle fondamental dans cette œuvre qui a fait appel à de nombreux artistes compositeurs. Ruben Feffer et Gustavo Kurlat, compositeurs des musiques du film, ont ainsi été épaulés par Nana Vasconcelos, percussionniste de renommée internationale, le groupe Gem, musiciens connus pour leur utilisation d’instruments insolites et la création d’un univers musical des plus inventifs, le groupe brésilien de percussions Barbatuques, et l’une des révélations du rap brésilien, Emicida. La diversité des sons fait écho à celle des images, formant une véritable symphonie visuelle. Le langage même devient une musique dépaysant le spectateur, tous les dialogues, en portugais, ayant été prononcés à l’envers par les doubleurs.
Si l’on pourrait craindre que Le garçon et le monde verse dans un manichéisme un peu simple - la nature contre l’industrie, le capitalisme impérialiste contre les populations - l’écueil est heureusement évité grâce aux multiples interprétations rendues possibles par les dessins. Il est possible en effet de déceler une part d’ombre dans les belles couleurs d’Alê Abreu, qui incite le spectateur à reconsidérer l’histoire de la construction économique des pays d’Amérique latine tout en envisageant la portée universelle du film. Le garçon et le monde est donc l’œuvre d’une aventure fascinante dans les couleurs et les sons, créée sans toutefois perdre pied avec le monde réel.