Le Crime du sommelier - la critique du film

Un film élégant nous plongeant au cœur du monde du vin et de ses codes, sur fond de somptueux paysages de l’Italie du Nord.

L’argument : Giovanni est l’expert en vins le plus réputé d’Italie. Il a quitté son emploi à la banque pour se consacrer à l’art de la dégustation et de l’identification des cuvées d’exception. Jusqu’au jour où il est accusé d’avoir tué sa femme et se retrouve au commissariat. C’est là que sera enfin levé le voile sur l’énigme de sa passion démesurée pour le vin.

Notre avis : Le vin serait-il en passe de devenir la nouvelle star des productions audiovisuelles européennes ?. En effet, après l’énigmatique série « le sang de la vigne » diffusée par Fr3, puis le généreux « St Amour » qui sort le même mois sur les écrans, nous voici dans cette belle région du Frioul parmi les vignobles du nord de l’Italie. Il faut dire que c’est un univers cher à Ferdinando Vicentini Orgnani qui a passé son enfance au milieu des vignobles. C’est donc tout naturellement qu’il a eu envie de parler de cette magnifique région, des vins qui y sont produits et des rituels qui les entourent. Mais le vin, ce n’est pas toujours qu’élégance et raffinement. Il peut être aussi symbole de démesure et d’effets dévastateurs.
S’inspirant du livre de Fabio Marcotto, « Vino Dentro », version contemporaine du mythe de Faust, le réalisateur met en scène un personnage amené à analyser et à expliquer les changements radicaux de son passé récent à travers l’évolution d’une enquête de police. Certains changements s’avèrent totalement inutiles, d’autres, à première vue, sans importance, deviennent vitaux. Quand le film démarre, Giovanni est un simple employé de banque puis, prenant de l’assurance, il devient inexplicablement le directeur de cette même banque, s’attirant ainsi la jalousie de ces collègues qui ne comprennent pas cette soudaine promotion. Alors qu’il était plutôt timide et réservé, il se transforme en séducteur et attire à lui toutes les femmes sans aucune difficulté. Il a fait la rencontre fortuite de celui que tout le monde appelle « le Professeur », (Lambert Wilson) toujours accompagné de ces assistants aux allures mafieuses. Il l’initie à l’art de la dégustation des meilleurs crus mais ce personnages loufoque et surréaliste pourrait bien incarner le diable, celui qui distille les passions entraînant les êtres vers des gestes qu’ils ne contrôlent plus. Est-ce ce qui aurait poussé Giovanni à commettre l’irréparable à propos d’Adèle ? C’est bien la question que la police se pose. Le film se déroule alors dans le commissariat, entrecoupé de flashbacks sur la vie précédente de l’accusé. Nous livrant de belles scènes sur l’exploration de l’âme et de la nature humaine, on ne peut s’empêcher de penser à l’excellent « Garde à vue » de Claude Miller, l’intensité en moins. Peinant à choisir entre comédie et thriller, ce film bavard et aux personnages froids manque sérieusement de dynamisme. Restent un esthétisme certain et ce raffinement à l’italienne à nul autre comparable.