Le 23 mai 2016
- Scénariste : Arnaud Floc’h>
- Dessinateur : Grégory Chalet
- Coloriste : Grégory Chalet
- Genre : Drame
- Editeur : Grand Angle
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 1er mars 2016
Le Carrefour est un drame humain se déroulant dans un petit village de province au printemps 68...
Résumé :
Automne 1955, deux hommes passablement éméchés quittent une soirée et rentrent chez eux en voiture. Deux jeunes femmes traversent la route et le prévisible se produit, l’accident...
Printemps 68, Elias Baumer se rend au cimetière où est enterrée sa mère. Il y croise sa fille, Marianne, qui refuse de lui parler et semble avoir bien des choses à lui reprocher.
Elias Baumer est enquêteur pour une compagnie d’assurances, il décide de s’occuper d’un dossier d’accident qui le ramène au petit village de Yvette-sur-Loing. « Ramène » car une partie de son passé semble s’être déroulée ici, dans ce lieu loin des grandes villes. En replongeant dans son passé, Elias va-t-il trouver un moyen de raccrocher ensemble les morceaux brisés du présent ?
Notre avis :
Tout tourne autour de ce Carrefour situé près du village d’Yvette-sur-Loing, tournant mortel ayant occasionné plusieurs accidents. Lors de son enquête, Elias découvre que tout le monde est rattaché d’une manière ou d’une autre à cet endroit, lui y compris. Mais son métier est d’étudier les risques d’accident et de proposer des solutions, pouvant passer par des travaux, pour limiter ces risques. Du coup, tout le village, qui, paradoxalement, ne tenant pas à ce qu’on modifie leur carrefour, semble prendre Elias en grippe.
Une histoire étrange se passant sous un forte chaleur et un ciel ensoleillé, entrecoupé de flashbacks qui nous ramènent à cet accident de 1955. Elias, en plus de devoir se confronter à son propre passé, doit affronter le village. Et les choses vont se compliquer pour lui au fur et à mesure de l’histoire.
Le fardeau d’Elias nous paraît bien lourd et même à la fin, avec la révélation de la vérité, on ne comprend pas très bien pourquoi il l’a tenu secret tant de temps. Mais nous vous laissons seul juge de cela.
Autour d’Elias, sa fille, Marianne, sur qui pèse le poids des apparences et qui va être le détonateur de l’histoire, et aussi tout une salve de villageois. Des deux garagistes concurrents, du docteur, des enfants Paul et Bubus, que tout semble opposer ou encore de la vieille inconnue qui erre sur le pan de route mortel, c’est une galerie de personnages attachants, curieux, portant chacun un passé lié au carrefour que Arnaud Floc’h nous présente. L’auteur tisse une histoire pleine de drames humains qui n’explosent jamais mais qui ont orienté la vie de ces personnages. Des drames qu’ils traînent comme des boulets à leur pied. Et certains événements qui leur tombent dessus nous donnent l’impression qu’il n’y a plus droit au bonheur à Yvette-sur-Loing. Ces drames rendent la relation des villageois à ce Carrefour mortel très étrange, tellement que à certains moments, on se sent presque à la lisière du fantastique, sans jamais la franchir.
Vous ne mettrez pas longtemps à comprendre le pont entre le passé et le présent mais ce sont les faits non apparents qui vont vous titiller. Elias se plaint souvent que personne ne connaît son histoire et que tout le monde le juge trop hâtivement. Mais d’un autre côté, il ne partage son passé avec personne, même pas avec sa fille.
Si à Paris les pavés volent bas en ce mois de mai 68, à Yvette-sur-Loing, c’est le calme avant la tempête, une tempête qui ne se lèvera pas forcément, en tout cas, à première vue, mais une tempête bien réelle qui sourde dans le cœur des habitants et dans celui d’Elias.
Le dessin est assuré par Grégory Charlet, qui donne une véritable présence à ce printemps, à cette chaleur et surtout à ce carrefour au milieu de la campagne. Les décors et les personnages tirent sur le réalisme tout en gardant une forme de simplicité du trait, tant et si bien qu’il est difficile de donner un âge à Elias ou à Marianne en se basant juste sur leur apparence visuelle. Ce choix place en quelque sorte les personnages hors du temps. Ce qui renforce l’atmosphère curieuse de cette histoire. Coincé ici, à Yvette-sur-Loing, près de ce carrefour maudit, les gens sont bloqués avec leur passé, leurs souvenirs.
La composition simple tient en trois bandes de une à deux cases par planche. Elle est régulière mais pas systématique. Ainsi, elle renforce également l’atmosphère de ce voyage dans ce village perdu. Les sauts dans le passé, de manière classique, se différencient du présent par un carton mais aussi par l’emploi d’un joli noir et blanc.
Le cadrage ne se resserre pas tant que ça sur les personnages car quand il s’agit de les mettre en avant, c’est le décor qui s’efface pour laisser place à une nappe de couleur ou de blanc. Un effet utilisé discrètement mais qui fonctionne très bien car il colle à ces colères rentrées qui n’éclatent pas. Un peu à l’image des gens trop raisonnables qui ne laissent jamais éclater leur colère.
Le Carrefour est une histoire humaine curieuse car certaines réactions vous laisseront sans doute interrogateur mais c’est aussi ce qui fait le charme et la singularité de ce récit...
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112 pages - 18,90€
ISBN : 978-2-8189-3239-1
Zéda s’intéresse au dangereux carrefour !
Galerie photos
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