Le 16 juin 2016
Un premier film entêtant et fort, portrait réussi d’une héroïne fascinante
- Réalisateur : Micah Magee
- Acteurs : Devon Keller, Deztiny Gonzales, Jocko Sims
- Genre : Drame
- Nationalité : Allemand
- Durée : 1h32mn
- Titre original : Petting zoo
- Date de sortie : 22 juin 2016
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L’argument : Layla, élève studieuse et brillante, est enceinte. Sa famille conservatrice et texane, lui impose de garder l’enfant. A 17 ans, elle se retrouve confrontée aux premiers choix de vie d’une femme...
Notre avis : Premier film de Micah Magge, Layla in the sky suit le parcours d’une adolescente dans une petite ville du Texas, parcours chaotique entre études, petits amis, jobs et problèmes familiaux. On est d’abord séduit par son incroyable héroïne, interprétée par une débutante remarquable ; le film pourrait d’ailleurs se lire comme un documentaire sur cette jeune fille, omniprésente à l’écran : gênée par son père, méprisante face à son ex-copain, Danny, se mordant la langue, riant quand elle apprend à conduire, elle offre à la cinéaste un visage illuminé et une silhouette fluette et prête à son personnage une grâce infinie. On sent cette fascination de la réalisatrice qui multiplie les plans dans lesquels il ne se passe rien, ces séquences vides qui sont pure contemplation.
Copyright Peripher Filmverleih
Le synopsis pouvait se prêter à un mélo larmoyant ; ce n’est pas l’option choisie par la cinéaste qui privilégie les ellipses parfois intrigantes (qu’est-il arrivé à la grand-mère ? Comment vivent exactement l’oncle et la tante ?) et la sécheresse. Pas d’apitoiement, ce qui n’empêche pas le film d’être bouleversant à plusieurs reprises : la scène à l’hôpital, dans sa simplicité même, est un summum d’émotion. C’est souvent par des dialogues banals ou des plans apparemment anodins que Layla in the sky touche ; le silence dans la voiture suffit à signifier la rupture, par exemple.
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Malgré sa finesse et sa fragilité, la jeune fille prend peu à peu en main son destin ; on la sent de plus en plus déterminée, prête à affronter un monde, sinon entièrement hostile, du moins médiocre. L’oncle et les parents ne semblent pas très reluisants (rien de systématique cependant : la tante sera une aide précieuse), mais c’est l’ensemble de la société qui constitue un carcan : l’hôpital et ses infirmières indifférentes en est un symbole. De même les emplois qu’elle trouve, aussi ennuyeux qu’aliénants, contribuent à l’enfermer dans une société sans flamme.
Si le scénario semble lâche, il présente une structure secrète qui multiplie les échos comme autant de pistes souterraines : il suffira de citer ce qui va par deux, comme les fourmis, les échographies, les baignades. Mais ces parallélismes ne sont pas de simples reprises, plutôt des approfondissements dont le sens varie ; prenons les fourmis. On les voit d’abord grouiller au sol, puis elles sont l’objet d’une comparaison dans une discussion ; enfin, quand elles réapparaissent dans l’assiette des chats, Layla les extermine. Le sens est clair : la jeune fille agit, ne se laisse plus faire. Finies les remontrances multiples (son père, ses patrons), elle évalue et décide. En ce sens, évidemment, le film se rattache aux grands récits d’initiation, mais sur un mode mineur, comme en sourdine.
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Il y a dans Layla in the sky un plan symbolique : l’adolescente se baigne dans une eau trouble, puis remonte jusqu’à la lumière de la surface sans qu’on la voie émerger. On a là résumé son itinéraire, de manière simple et belle. À l’image de cette courte séquence, le film touche par sa banalité apparente qui cache un petit trésor de délicatesse et d’émotion. Rien de révolutionnaire, certes, mais un portrait touchant et soigné qui joue une petite musique, personnelle et épurée. L’esthétique du fragment se prête évidemment bien à cette description précise, qui évolue par petits morceaux, lentement mais sûrement.
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