Le 4 juin 2016
Ce film austère et très maîtrisé plonge dans l’univers étriqué de deux familles et engendre un malaise persistant.
- Réalisateur : Mauricio López Fernández
- Acteurs : Claudia Cantero, Daniela Vega, Rosalinda Ramirez
- Genre : Drame
- Nationalité : Argentin, Chilien
- Durée : 1h22mn
- Date de sortie : 16 mai 2016
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Ce film austère et très maîtrisé plonge dans l’univers étriqué de deux familles et engendre un malaise persistant.
L’argument : Coya est domestique au sein d’une famille chilienne catholique et conservatrice. Dans la grande demeure bourgeoise, patrons et employés cohabitent sous le même toit. La mort du mari de Coya va occasionner une visite inattendue qui va bouleverser l’ordre apparent...
Notre avis : Dans une grande maison qui évoque (et ce n’est pas un hasard) celle de Anna et les loups (Saura, 1973), cohabitent deux familles, celle des propriétaires et celle des domestiques. Le mari de l’employé meurt et son fils revient pour l’occasion, mais sous les traits d’ Elena, ce qui est à la fois un problème, car l’acceptation est difficile, et le révélateur de l’ensemble des problèmes. Là encore comme chez Saura, les névroses pleuvent et le malaise persistant s’exprime dans les non-dits, les silences, les banalités, mais aussi dans les somatisations : entre migraines et folie, les nombreux personnages se croisent et s’observent, se parlent à peine et souffrent. Le père fuit sa femme qu’il trompe sans doute, Coya prie et rejette sa fille, Rita la jeune domestique raconte aux enfants des histoires épouvantables,
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Mme Tété la propriétaire dissimule mal sa frustration. C’est une galerie de gens à la vie étriquée, prisonniers d’un quasi huis-clos que le scénariste- réalisateur traduit par des longs plans envahis de miroirs, portes, fenêtres, grillages et sur-cadrages. L’enfermement moral et physique produit un malaise permanent, accentué par des acteurs fermés, souvent mutiques, et une attention précise aux détails ; cela ne va pas sans un risque tenace d’ennui : les multiples plans de décors vides mais aussi d’actions quotidiennes (les douches, la cuisine), s’ils traduisent admirablement le statisme des personnages, provoquent aussi un effet de saturation. Mais, à bien y regarder, même ces plans apparemment sans intérêt composent un puzzle étouffant et répétitif, dans une esthétique glacée.
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La Visita est une œuvre austère, maîtrisée, presque trop tant chaque cadrage est étudié et asphyxiant. Il part aussi dans de nombreuses directions, convergeant toutes vers Elena et un petit garçon énigmatique en mal d’affection, Santiago, qui cherche une place en épiant sans fin, devant le majestueux escalier ou sous le lit ; nombre de plans sont d’ailleurs filmés au ras du sol, comme un signe de l’enlisement des personnages ; c’est de lui qu’émane l’une des rares scènes de violence explicite, le coup de feu sur un oiseau préparé dès le tout début. Mais il n’est pas le seul à épier : Elena concentre des regards plus ou moins salaces ou interrogateurs, d’ Enrique qui l’entrevoit aux toilettes jusqu’aux ambulanciers. À chaque plan
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l’impossibilité de l’intimité éclate, dans cette maison où tout se sait et tout s’entend. Mais au final, ce qui ressort de ce film tout en retenu, c’est le manque d’amour généralisé et l’incapacité à parler. On ne resservira pas ici la tarte à la crème de l’incommunicabilité, lieu commun du cinéma moderne, que Fernandez peine à renouveler. Néanmoins, par de judicieux détails qui reviennent et semblent sans importance (témoin ce trou fait par un chien, agrandi par Santiago et noyé par l’orage), il parvient à ancrer son histoire dans un réel fait de motifs retravaillés. S’appuyant sur des parti-pris radicaux (l’absence de musique, de mouvements de caméra, de dramatisation, d’explications), il distille dès les premiers plans un vrai malaise : ce n’est pas un film aimable, et son absence de concessions l’éloigne encore d’un cinéma tout public ; mais on peut être pris par cette histoire tendue, admirer certains plans (le plan séquence d’étreinte dans la cuisine est impeccable) et rendre grâce au cinéaste de terminer sur une faible lueur d’espoir.
LA VISITA Bande annonce Officielle (HD) par OutplayVOD
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