Le 24 novembre 2015
A partir d’une histoire vraie, ce film poignant relate sans fioritures une aventure hors du commun.
- Réalisateur : Jérémy Banster
- Acteurs : Daniel Duval, Aurélien Recoing, Elli Medeiros, Alex Descas, Stany Coppet, Teïlo Azaïs
- Genre : Drame, Aventures, Biopic
- Nationalité : Français
- Durée : 1h33mn
- Date de sortie : 25 novembre 2015
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A partir d’une histoire vraie, ce film poignant relate sans fioritures une aventure hors du commun.
L’argument : En 1949, Raymond Maufrais, un jeune explorateur français part en expédition solitaire dans la forêt amazonienne. Il laisse derrière lui un journal, un carnet de voyages, qui retrace son parcours, ses rencontres et sa recherche d’une Vie Pure.
Il laisse aussi derrière lui le mystère de sa propre disparition….
Notre avis : Un Indigène trouve dans la forêt amazonienne un carnet, celui de Raymond Maufrais, jeune explorateur disparu ; nous sommes en 1950. C’est le point de départ du film, qui relate en montage alterné l’échec de l’expédition et celui des recherches menées par le père. La grande force de La Vie pure, qui lui donne ce caractère poignant, c’est de commencer par la disparition : cela donne à la suite une dimension tragique, tout étant déjà écrit. D’autant que les mises en garde jalonnent son parcours, chaque rencontre visant à dissuader le jeune homme de partir ou de continuer.
Le film s’attache à l’aventure de Raymond, le suivant dans son quotidien et sa lente déchéance. L’acteur qui l’incarne, Stany Coppet, est hallucinant : du début triomphant à la fin énigmatique, en passant par les doutes et des espoirs (l’expression « de la chance » revient deux fois), il porte sur ses épaules le parcours douloureux, passant de l’homme civilisé à la brutale sauvagerie, empreinte de désespoir (voir la scène déchirante dans laquelle il finit par manger son chien). On n’est pas loin d’un personnage de Beckett, qui renonce peu à peu à son humanité : les dernières séquences, quasi-muettes, l’amènent au bord de la folie ( qui fait écho à la folie bien réelle de sa mère), perdant le langage, ses vêtements, et jusqu’à la marche : on le voit longuement ramper sur un tronc d’arbre, puis se laisser aller dans le courant, ce qui conclut de belle façon le film, même si un dernier feu est jeté sur les parents.
Le titre s’explique de deux manières différentes qui se rejoignent : c’est à la fois le nom du carnet et une réplique ironique d’un personnage secondaire. Mais il jette aussi une lumière sur l’entreprise de Raymond Maufrais : à aucun moment le film ne donne en effet une explication à l’expédition. Certes, le père lui a parlé de l’Amazonie ; certes c’est un rêve d’enfant. Mais cela suffit-il à justifier de prendre autant de risques ? Surtout que les mises en garde, on l’a dit, ne cessent de le poursuivre. Faut-il y voir une simple volonté prétentieuse ? Un entêtement suicidaire ? Ou n’y a-t-il pas, comme dans Into the Wild, de et avec Sean Penn, une quête d’absolu, et l’on reviendrait au titre ? Ce projet démesuré serait alors cousin de celui de personnages d’Herzog (toute proportion gardée, on pense à Fitzcarraldo), un combat métaphysique autant que réel. On remercie le réalisateur et son acteur principal, les scénaristes, de nous épargner une explication simple, qui eût été laborieuse dans un récit tout entier centré sur des faits. Reste que cette part d’énigme renforce l’attrait du film, lui donnant une profondeur supplémentaire.
© Antoine Morin
Jérémy Banster ne manque pas d’ambition : La Vie pure, loin du tout-venant du cinéma français, témoigne d’une audace bienvenue par l’adaptation de cette histoire vraie autant que par son traitement. Sans doute souhaiterait-on parfois une mise en scène plus inventive : certaines facilités nous ont agacé (les surimpressions, par exemple). Et pour une séquence originale (la cérémonie traitée par morceaux : pieds, torses, sans vue globale), beaucoup d’autres sont assez platement réalisées. De même le jeu des acteurs est-il hétéroclite et certaines répliques maladroites. Néanmoins, voir un jeune cinéaste sortir des sentiers battus, plonger dans une histoire riche et forte, la mener à son terme avec panache et livrer un portrait saisissant ne peut qu’être salué : il y a là un peu plus qu’une simple promesse.
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