Le 2 octobre 2024
Pour son premier film, Jean-Jacques Annaud récuse narquoisement le colonialisme en Afrique. Oscar du meilleur film en langue étrangère à Hollywood.


- Réalisateur : Jean-Jacques Annaud
- Acteurs : Jacques Dufilho, Jacques Spiesser, Catherine Rouvel, Jean Carmet, Dora Doll, Maurice Barrier, Claude Legros, Peter Berling
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Distributeur : AMLF Distribution
- Editeur vidéo : Pathé Vidéo
- Durée : 1h30mn
- Date de sortie : 22 septembre 1976

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– Titre alternatif : Noirs et blancs en couleurs
Résumé : Quand en janvier 1915 les Français et les Allemands qui vivent aux confins du Cameroun et de l’Oubangui apprennent que leurs pays respectifs sont en guerre, leur sang ne fait qu’un tour. Et voilà la colonie française enrôlant de force des Nègres affrontant la colonie allemande. Après une première défaite, un fringant géographe, par ailleurs socialiste, prend en main la destinée de ses compatriotes.
Critique : Avant de s’en prendre au monde du ballon rond (avec Coup de tête, aidé par un Patrick Dewaere au mieux de sa forme physique), Jean-Jacques Annaud s’attaquait avec virulence au colonialisme, auquel la France ne fut pas étrangère.
1915. Les pays européens se partagent leurs colonies en Afrique. Les territoires français et allemand sont délimités par l’Oubangui. Le très petit nombre de Français, présent sur place, tient un comptoir à Fort-Coulais. C’est là que l’Allemagne "d’outre-mer", représentée par trois compatriotes, se ravitaille en vivres. Si l’entente entre les deux pays est cordiale, la considération envers les indigènes est bien différente. A l’annonce tardive de la guerre en Europe, accentuée par la mort de Jaurès, Hubert Fresnoy (Jacques Spiesser), socialiste convaincu et géographe de formation, prend en main la révolte "française" locale...
Sous ses airs de comédie douce-amère, Annaud (La guerre du feu, Le nom de la rose, L’amant) brosse le portrait corrosif de ces quelques colons appliquant la loi du plus fort, par pure obligation hiérarchique. Il en profite pour mettre en lumière les différences mentales et culturelles, en grande partie responsables de l’échec de ce système politique. Cette mini-guerre est au diapason du gigantesque champ de bataille de l’inanité, qui prend forme de l’autre côté de la Méditerranée. Jean Carmet et Jacques Dufilho sont parfaits dans leur rôle de franchouillard. Les autres seconds rôles, dont Maurice Barrier, Catherine Rouvel et Dora Doll, sont également excellents. Après un échec cuisant lors de sa première sortie française, La victoire en chantant a obtenu l’Oscar du meilleur film en langue étrangère en 1977. Il est alors ressorti en France sous le titre Noirs et blancs en couleurs.