Le 7 novembre 2020
Construit autour de ses deux stars, La veuve Couderc est dans la lignée des films de Granier-Deferre : d’une grande fidélité au cinéma traditionnel et d’une qualité honnête.


- Réalisateur : Pierre Granier-Deferre
- Acteurs : Alain Delon, Jean-Pierre Castaldi, Ottavia Piccolo, Simone Signoret, Jean Tissier, Monique Chaumette, Boby Lapointe
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Italien
- Distributeur : Compagnie Française de Distribution Cinématographique (CFDC)
- Durée : 1h29mn
- Date télé : 29 avril 2024 20:55
- Chaîne : Arte
- Date de sortie : 15 septembre 1971
- Festival : Festival de La Rochelle 2022

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Résumé : Un inconnu nommé Jean Lavigne (Alain Delon) arrive dans un village et se fait engager comme ouvrier dans une ferme. La veuve Couderc (Simone Signoret) en est la propriétaire, qui d’ailleurs se bat contre sa belle-famille pour en garder la possession. Une histoire d’amour naît entre ces deux êtres dans une France rurale des années 1930. Puis Jean, l’étranger, séduit Félicie (Ottavia Piccolo), la jeune cousine de la veuve Couderc. Il semble avoir trouvé un certain équilibre entre ces deux relations, mais le destin veille.
Critique : La veuve Couderc est l’histoire d’une haine familiale sur fond de montée du fascisme et de délation, qui augurent une sombre période. Cette adaptation du roman de Georges Simenon, auteur d’une littérature patrimoniale dans laquelle a abondamment puisé le cinéma, ces cinquante dernières années, illustre l’orthodoxie des films de Pierre Granier-Deferre, parangon d’un cinéma traditionnel, farouchement opposé aux innovations issues de la Nouvelle Vague. Le réalisateur retrouve Simone Signoret qu’il avait fait tourner quelques mois plus tôt dans le drame psychologique Le chat, avec Jean Gabin. Philippe Sarde, qui avait déjà habillé d’une belle musique mélancolique cette élégie sur pellicule, signe à nouveau la partition de cette tragédie rurale, où un étranger au lourd passé débarque dans une ferme administrée par une veuve, à qui la vie n’a pas non plus fait de cadeaux.
Dans un premier temps, la configuration relativement muette que privilégie le long-métrage est ce qui sied le mieux au teint des acteurs : Delon, la lèvre supérieure ourlée d’une moustache, retrouve une forme de mutisme melvillien, tandis que Signoret prolonge son personnage de femme vieillissante, blessée, qu’elle incarnait déjà dans le précédent long-métrage du metteur en scène.
Hélas, l’affrontement des "deux monstres sacrés" dont le visage envahit l’affiche fait rapidement bifurquer l’histoire vers une issue dramatique attendue (avec une sortie kamikaze grotesque de Jean Lavigne), pour offrir des morceaux de bravoure idoines, tandis que les seconds rôles sont réduits, comme dans beaucoup de films de cette époque et de cette facture, à se contenter de prestations illustratives : peu importe que leurs personnages soient stéréotypés, puisque rien n’existe vraiment pour eux. Toutefois, dans le rôle de la candide et lascive Félicie, la trop rare Ottavia Piccolo réussit à tirer son épingle du jeu.