Accusée levez-vous !
Le 11 août 2023
Ce récit judiciaire magistral est une éclatante réussite de Clouzot, bien servi par la performance dramatique étonnante de Brigitte Bardot.
- Réalisateur : Henri-Georges Clouzot
- Acteurs : Brigitte Bardot, Charles Vanel, Sami Frey, Jacques Perrin, Fernand Ledoux, Louis Seigner, Paul Meurisse, Paul Bonifas, Germaine Delbat, Jacques Marin, Hubert de Lapparent, Marcel Delaître, Colette Régis, Louis Arbessier, Jacqueline Porel, Marie-José Nat, René Blancard, Colette Castel, Jacques Hilling
- Genre : Drame, Noir et blanc, Film de procès
- Nationalité : Français, Italien
- Distributeur : Les Acacias, Columbia France
- Editeur vidéo : René Chateau vidéo
- Durée : 2h04mn
- Date télé : 27 mai 2024 20:55
- Chaîne : Arte
- Reprise: 8 novembre 2017
- Box-office : 5.694.993 entrées France / 1.280.611 entrées Paris Périphérie
- Date de sortie : 2 novembre 1960
Résumé : Dominique Marceau, une séduisante jeune femme, est jugée en assises pour le meurtre de son amant Gilbert Tellier. Au cours des audiences, le véritable visage de l’accusée se dessine peu à peu.
Critique : Aidé de cinq scénaristes dont Christiane Rochefort et Véra Clouzot, son épouse, Henri-Georges Clouzot a construit un récit tout en nuances et faux-semblants, adoptant les conventions du film de procès, avec une structure en flash-back permettant de comprendre la personnalité et les motivations de Dominique Rousseau, l’accusée. Retrouvant la noirceur et la critique sociale adoptées dans Le corbeau, le cinéaste n’épargne pas une société bourgeoise hypocrite aveuglée par ses certitudes ainsi qu’une justice condescendante accordant plus d’importance au respect des bonnes mœurs qu’à la lecture des règles de droit. Le président des assises (Louis Seigner), l’avocat général (René Blancard) et surtout Maître Éparvier (Paul Meurisse) reprochent moins à la Dominique d’avoir commis un meurtre que d’avoir mené son existence à sa guise, au mépris des normes de bienséance attribuées aux femmes. Héritier de la tradition réaliste française, Clouzot l’enrichit par une étude psychologique très fine, faisant constamment douter des intentions des protagonistes. Dominique est-elle une dépravée cynique ayant fait souffrir sa sœur (Marie-José Nat) puis le fiancé de celle-ci (Sami Frey), ou est-elle la victime de mesquineries familiales puis de la cruauté des hommes ?
La succession de séquences brouille les pistes tout en constituant l’assemblage d’un puzzle narratif, même si la linéarité est respectée dans les retours en arrière. Le montage judicieux d’Albert Jurgenson n’est pas pour rien dans la montée de tension dramatique qui en résulte. Si La vérité s’avère aussi un véritable film d’atmosphères, on appréciera la qualité des portraits que le cinéaste brosse des quartiers parisiens et de ses microcosmes, au-delà des stéréotypes. L’indulgence du cinéaste ne touche que les tenants de la liberté ou de l’intégrité, à l’instar de Michel (Jean-Loup Reynold), l’étudiant anticonformiste, ou du duo formé par le vieil avocat Guérin (Charles Vanel) et sa fidèle assistante (Jacqueline Porel), rares figures d’humanité dans un monde sans pitié. La vérité est enfin la révélation du talent de tragédienne de Brigitte Bardot, dont les qualités dramatiques avaient déjà été déployées dans En cas de malheur (1957) de Claude Autant-Lara. Tout en étant fidèle à son personnage et son mythe, l’actrice se montre ici digne des plus grandes, et en particulier quand elle crie le désespoir de son personnage. Ce film demeure, avec Le mépris, le meilleur de sa carrière.
– Golden Globe 1961 : Meilleur film étranger
– David di Donatello Awards 1961 : Meilleure actrice étrangère pour Brigitte Bardot
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Annick M. 27 janvier 2017
La vérité - Henri-Georges Clouzot - critique
J’aime beaucoup ce film et suis d’accord avec votre critique. Outre que Brigitte Bardot est en effet émouvante dans ce personnage (qui est un peu le sien), que le beau et jeune Sami Frey est déjà plein de promesses, et que les copains (et la copine Daisy) des bistros de Saint-Germain des Prés, de l’hôtel Boileau et du Conservatoire (sans oublier Ludo, le jeune patron du Spoutnik) sont tour à tour drôles et attachants, c’est un vrai bonheur de revoir dans leurs rôles et leurs robes noires de magistrats avec leurs grandes manches, leurs bonnets et leurs envolées, qu’elles soient dures ou humaines, ces immenses comédiens qu’on aimait tant ; Vanel, Meurisse, Seigner (j’en oublie ; tous les seconds rôles sont excellents…)
Et c’est vrai que l’intérêt pour l’histoire de Dominique Marceau ne fléchit jamais, qu’on soit dans le prétoire ou à l’extérieur pour les flashes-back.
J’ai une petite question concernant le générique. Je me suis souvent demandé ce que signifiait l’expression (ou la formule) : "avec la participation de". Ici, elle s’applique à Paul Meurisse. Donc, quelle en est la signification, en général et ici ? (je suis curieuse :)…) Merci si l’on peut me répondre.