Un Polanski ovationné au Festival de Cannes
Le 12 novembre 2013
Ce huis clos entre un metteur en scène et une actrice qu’il auditionne est une merveille d’humour et de finesse, fidèle à l’univers sulfureux de Polanski.
- Réalisateur : Roman Polanski
- Acteurs : Emmanuelle Seigner, Mathieu Amalric
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Mars Distribution
- Durée : 1h30mn
- Date télé : 8 juin 2016 20:55
- Chaîne : ARTE
- Date de sortie : 13 novembre 2013
- Festival : Festival de Cannes 2013
Résumé : Seul dans un théâtre parisien après une journée passée à auditionner des comédiennes pour la pièce qu’il s’apprête à mettre en scène, Thomas se lamente au téléphone sur la piètre performance des candidates. Pas une n’a l’envergure requise pour tenir le rôle principal et il se prépare à partir lorsque Vanda surgit, véritable tourbillon d’énergie aussi débridée que délurée. Vanda incarne tout ce que Thomas déteste. Elle est vulgaire, écervelée, et ne reculerait devant rien pour obtenir le rôle. Mais un peu contraint et forcé, Thomas la laisse tenter sa chance et c’est avec stupéfaction qu’il voit Vanda se métamorphoser. Non seulement elle s’est procuré des accessoires et des costumes, mais elle comprend parfaitement le personnage (dont elle porte par ailleurs le prénom) et connaît toutes les répliques par cœur. Alors que l’« audition » se prolonge et redouble d’intensité, l’attraction de Thomas se mue en obsession…
- Copyright Mars Distribution
Critique : La présentation en toute fin de Festival de Cannes du dernier Polanski aurait pu s’avérer celle du film de trop dans une compétition de qualité, la fatigue gagnant généralement les festivaliers l’avant-dernier jour du marathon... Il n’en a rien été et l’équipe de La Vénus en fourrure a connu une ovation largement méritée, les rires et l’émotion dans la salle pendant la projection témoignant d’une adhésion complète du public. Après Carnage, le cinéaste continue dans la veine de la comédie au vitriol en proposant une variation autour d’un matériau littéraire, ici un roman érotique de Sacher-Masoch, à l’origine d’une pièce de David Ives. On retrouve d’ailleurs des similitudes avec l’adaptation de Yasmina Reza, à commencer par un prologue et un épilogue montrant des plans d’extérieur, avant de filmer un huis clos entre personnages. Mêmes rapports policés et tendus de protagonistes quittant progressivement leur carapace sociale pour entrer dans un jeu destructeur de manipulation et domination. La comédienne supposée vulgaire et inculte s’avère une lettrée critique et subtile, le metteur en scène intellectuel et égocentrique se révèle cynique et fragile. Les deux s’affrontent via des dialogues d’une verve jubilatoire, qui montrent un Polanski de plus en plus détaché et léger, en dépit de la noirceur progressive des situations. En vieillissant, le réalisateur semble donc afficher une sérénité et une simplicité, tout en épurant ses films, à l’instar du Resnais de Smoking et No smoking qui rompait avec le drame et s’amusait, lui aussi, à tenir le pari d’une confrontation entre deux seuls acteurs.
- Copyright Mars Distribution
Jamais le récit ne tombe dans les pièges d’un certain « théâtre filmé » : de l’entrée de Vanda s’incrustant sur la scène au moment où Thomas s’apprête à quitter le théâtre, au jeu sadomasochiste, menottes en mains, au cours duquel elle semble prendre définitivement le pouvoir, la narration suit un suspense authentiquement cinématographique, digne du Limier de Mankiewicz, mais il ne faudrait pas non plus réduire cette Vénus à un simple exercice de style brillant et bavard, culturel et vain. Derrière sa joliesse, les zones d’ombre de l’univers (artistique et privé) de Polanski sont tout à fait présentes et il est permis de penser que Mathieu Amalric incarne ici un double de l’auteur. L’acteur est remarquable d’élégance et d’intelligence, loin du cabotinage manifesté dans Jimmy P., également en compétition cette année à Cannes. Mais c’est Emmanuelle Seigner qui nous bluffe littéralement et crève l’écran par une composition toute de sensualité et un jeu d’un incontestable métier. Elle casse son image d’interprète lisse et superficielle, ce qui a aussi été le cas de Léa Seydoux dans La vie d’Adèle. N’était la concurrence dans cette catégorie, Emmanuelle Seigner aurait pu mériter le prix d’interprétation féminine.
– César 2014 : Meilleur réalisateur
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Proto Mircea 18 janvier 2018
La Vénus à la fourrure - Roman Polanski - critique
La Vénus à la fourrure
de Roman Polansky
A mon avis, la structure du film pourrait être réduite à un prologue et trois actes.
Le prologue : le temple, l
espace initiatique, l
espace de la création, cest à dire, le théâtre ouvre ses portes , accepte ,provoque et invite . Acte I: la salle serait l
espace profane auquel les deux personnages appartiennent.Thomas porte une discussion quasi-domestique tandis que Vanda paraît quasi-vulgaire, très insistante, même insolente.Acte II : la scène serait l
espace sacré, l
autel (le sanctuaire). Elle , habillée dune robe jaune au moment de son apparition sur la scène, se transpose dans un état extatique, celui de la création. Lui, il la suit totalement intégré (entrainé,attiré); dès le moment où il renonce à parler au téléphone, il se débarasse explicitement de l
espace profane. Tous les deux deviennent des personnages initiés, sacerdotaux. Ils célèbrent un rituel, celui du grand mystère sacré : la création, lart. Acte III: le profane se confronte à l
acte sacré-initiatique. Cest la fin de l
histoire, le moment où laction devient captivant-onirique, confuse- délirante.On n
est plus capable de suivre lhistoire, mais de sentir seulement une fascinante confusion. Ce sont les symptômes d
une grande émotion devant le geste initiatique - lart. Pour conclure, les personnages ne sont pas conçus pour exprimer des sentiments bien définis. Dans le film, il n
existe pas de drame ou de problèmes existentiels. Il se propose de créer certains états : la recherche, lespace profane, puis celui initiatique et l
extase devant le rituel de la création, de lart. Selon moi, les personnages sont trascendantaux parce qu
ils passent au-delà de toute expérience possible.Le film pourrait avoir comme point de départ des pièces de théàtre comme :”Les Chaises “, Amédée ou Comment s
en débarasser “ par Eugène Ionesco ou “En attendant Godot” par Samuel Beckett. L
option du metteur en scène pour Masoch (Leopold von Sacher-Masoch, auteur autrichien), cest pour obtenir un effet de choc ou autrement dit, pour surprendre le public, une technique artistique que j
aime et pratique, à la fois.L
interprétation à base d
une suite didées qui provoque une certaine émotion , c
est une révélation importante que japprécie beaucoup au théâtre de l
absurde. Les états desprit impersonnels, c
est ce qui crée cet espaceLe temple pourrait être tout espace de la création. En tant que professeur, pour moi, l
école, c
était le temple de la création, la classe était lAutel où je déroulais (célébrais) un rituel éprouvant un certain état d
esprit , après mêtre débarassé de tout ce qui était profane à l
extérieur.