Le 25 août 2022
Dans un village perdu de l’Inde, des femmes extraordinaires promises à un destin ordinaire s’apprêtent à se mettre hors la loi pour faire entendre leurs voix. Un récit coloré et chaleureux qui force l’admiration.
- Réalisateur : Leena Yadav
- Acteurs : Tannishtha Chatterjee, Radhika Apte, Surveen Chawla, Lehar Khan
- Genre : Drame
- Nationalité : Indien
- Distributeur : Pyramide Distribution
- Durée : 1h56mn
- Date télé : 25 août 2022 13:35
- Chaîne : Arte
- Titre original : Parched
- Date de sortie : 20 avril 2016
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Résumé : Inde, État du Gujurat, de nos jours. Dans un petit village, quatre femmes osent s’opposer aux hommes et aux traditions ancestrales qui les asservissent. Portées par leur amitié et leur désir de liberté, elles affrontent leurs démons et rêvent d’amour et d’ailleurs.
Critique : L’industrie du cinéma indien est l’une des plus prolifiques au monde. Elle est particulièrement friande des productions bollywoodiennes. Ce qui ne l’empêche pas de nous proposer cette pépite, pleine d’énergie. Bien sûr, la réalisatrice avoue combien il lui fut difficile de trouver le financement pour un film dénonçant de manière aussi frontale un patriarcat ancestral et insupportable.
Dans des paysages arides et impressionnants, dans le désert de Kutch, on accompagne Leena Yadav, à la rencontre des ces femmes qui travaillent dur. Elles ne sont que des coquilles vides, n’ont aucun droit. La tendresse ou le bonheur sont inenvisageables, pas même en pensée. La scène du conseil de village, constitué exclusivement d’hommes qui règlent le sort des femmes comme nous-mêmes n’envisagerions même pas de le faire pour nos chers animaux domestiques, fait froid dans le dos. Elles ne sont clairement que des objets sexuels à qui l’on ôte tout droit. Quand elles ont fini d’être cuisinières, femmes de ménage, éducatrices, elles effectuent des tâches agricoles éreintantes. Le soir, elles gagnent un peu d’argent en brodant des étoffes artisanales. Dès que leur mari arrivent, elles ne doivent se consacrer qu’à lui, faute de quoi les coups pleuvent avant qu’elles n’aient eu le temps de réagir. Entre drôlerie et émotion, le récit nous permettra de nous approcher de quelques-unes d’entre elles. Leur souhait de jours meilleurs devient le nôtre tant leur sort pitoyable et injuste nous touche.
- © Pyramide Films
Il en est ainsi de Rani, veuve à quinze ans après un mariage forcé, condamnée à ne s’habiller que de noir et à élever seule ses enfants. Comment ne pas être révoltée en découvrant Lajjo, les bras et le visage couverts de bleus ? Habilement, l’histoire nous décrit une personne douce et résignée qui parvient même à justifier l’attitude de son mari "Il travaille beaucoup. Sur qui d’autre que moi pourrait-il se défouler ?" Ce qui ne l’empêche pas de rire et plaisanter. De quoi renforcer la compassion qui nous lie à elle, sans jamais tomber dans le misérabilisme. Car, malgré les situations dramatiques qu’elle nous livre, la réalisatrice choisit la voie de l’optimisme et d’une gaieté à toute épreuve, créant une empathie immédiate avec ces malheureuses oppressées. Les saris aux couleurs chatoyantes virevoltent au gré des nombreuses activités des femmes et éclairent ce décor au ton de sable. Et puis, en Inde, quoiqu’il arrive, on n’oublie jamais la musique et la danse. C’est d’ailleurs par ce biais que naît l’espoir d’émancipation, à travers le personnage de Bijili. Devenue danseuse itinérante, considérée comme une prostituée, elle est la seule à avoir osé quitter le village. Elle tente, non sans mal, d’imposer sa liberté. Les autres femmes, partagées entre crainte et admiration, rêvent de lui ressembler, sans vraiment oser y croire. C’est pourtant elle qui, dans un immense élan de solidarité et d’amitié, leur donnera la force de prendre leur destin en main en leur permettant de croire qu’elles ne valent pas moins que les hommes. La musique magnifiée par la voix brute de Gaazi Khan achève de bouleverser les spectateurs que nous sommes face à tant de détermination joyeuse. Une ode magnifique et nécessaire à celles qui, tous les jours par leur optimisme et leur courage, font reculer les formes d’oppression dont sont encore trop souvent victimes les femmes.
- © Pyramide Films
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