Œdipe au Texas
Le 22 juin 2023
Épique, tragique, élégiaque : la quintessence du western.


- Réalisateur : Howard Hawks
- Acteurs : Montgomery Clift, John Wayne, Joanne Dru, John Ireland, Paul Fix, Harry Carey, Coleen Gray, Noah Beery Jr., Walter Brennan, Harry Carey Jr.
- Genre : Aventures, Action, Western, Noir et blanc
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Swashbuckler Films
- Durée : 2h13mn
- Date télé : 22 juin 2023 13:35
- Chaîne : Arte
- Reprise: 17 janvier 2018
- Titre original : Red River
- Date de sortie : 10 août 1949

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Résumé : Quatorze ans plus tôt, la fiancée de Tom Dunson (John Wayne) a été tuée lors d’une attaque indienne. Fin de la guerre de Sécession : devenu baron du bétail texan, il décide, pour éviter la banqueroute, d’emmener son troupeau vers le Nord. Accompagné par son fils adoptif (Montgomery Clift) et une équipe de cow-boys, il ouvre, avec neuf mille têtes de {longhorns}, ce qui deviendra la mythique piste de la transhumance vers les premières lignes de chemins de fer et les grands abattoirs du Missouri, le "Chisholm trail". Chemin faisant, cet homme arrogant, violent et injuste se met son équipe à dos, qui finalement le destitue et choisit son fils adoptif pour le remplacer. Tout les éléments sont en place pour que se déroule la tragédie œdipienne.
Critique : Depuis La chevauchée fantastique [1], John Wayne était une star. De son propre avis, c’est ce film-ci qui a fait de lui un acteur véritable. Sous la férule de Hawks, il réussit une étonnante composition de patron paranoïaque, sûr de lui et parfaitement tyrannique. Un homme qui cache ses blessures intérieures sous une carapace d’abominable despote. Ce sera, sans conteste, l’une des meilleures prestations de la carrière du Duke (on notera au passage que Gary Cooper avait refusé le rôle, trouvant le personnage par trop antipathique). Pour lui faire face, un freluquet inconnu et qui crève l’écran. Montgomery Clift, acteur de théâtre à Broadway, décroche la timbale avec ce rôle de fils rebelle qui lui va comme un gant et le propulse parmi les étoiles.
- Copyright Swashbuckler Films
Histoire d’un conflit de générations, La rivière rouge (que l’on compare souvent pour son thème aux Révoltés du Bounty) est aussi un western magnifiquement élégiaque qui prend son temps à accompagner la progression de l’énorme troupeau à travers des territoires encore presque vierges. À mesure qu’hommes et bêtes avancent, la situation s’envenime et l’on imagine que rien ne pourra résoudre le conflit sinon la mort d’un des deux protagonistes. Mais Hawks n’a pas voulu de cette fin-là (celle du livre qui l’a inspiré [2]) et fait intervenir une femme à poigne (Joanna Dru) qui saura s’interposer pour éviter le pire. Une conclusion un peu tirée par les cheveux et qu’on oublie vite pour ne se souvenir que des deux splendides heures qui l’ont précédée et qui retracent, dans un magnifique noir et blanc, une odyssée pleine de dangers et de tensions. La rivière rouge est un film au souffle épique qui peint en mémorables séquences, avec une grande intensité et beaucoup de finesse aussi, une histoire à niveau humain. La quintessence du western.
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