Le 24 mars 2016
Quand Léa Pool, réalisatrice québecoise, pose sa caméra dans un couvent de religieuses où la musique et la danse ont remplacé les prières et les génuflexions, ça donne un film pétillant et plein d’entrain.
- Réalisateur : Léa Pool
- Acteurs : Céline Bonnier, Lysandre Ménard, Diane Lavallée
- Nationalité : Canadien
- Durée : 1h43mn
- Date de sortie : 30 mars 2016
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Quand Léa Pool, réalisatrice québecoise, pose sa caméra dans un couvent de religieuses où la musique et la danse ont remplacé les prières et les génuflexions, ça donne un film pétillant et plein d’entrain.
L’argument : Simone Beaulieu, devenue Mére Augustine, dirige avec succès un petit couvent au Québec. Passionnée, résiliente, Mère Augustine met toute son énergie et son talent de musicienne au service de ses élèves. L’école est un joyau musical qui rafle tous les grands prix de piano et où les murs respirent la musique. Il y résonne un flot de gammes, d’arpèges, de valses de Chopin et de fugues de Bach. Mais lorsque le gouvernement instaure un système d’éducation publique au milieu des années soixante, l’avenir de Mère Augustine et de ses sœurs semble menacé.
Notre avis : Née en Suisse, Léa Pool arrive au Québec en 1975 et démarre sa carrière de réalisatrice dès 1979 avec Strass Café. Depuis, elle a reçu plusieurs prix et plusieurs hommages à travers le monde. Il semble pourtant que la France ne se soit jamais réellement penchée sur l’une de ses œuvres. On ne peut que le regretter au vu de la qualité de La passion d’’Augustine, une histoire née de sa rencontre avec la scénariste Marie Vien, elle-même pensionnaire dans un couvent à la fin des années soixante. A cette époque, la religion avait encore une emprise très forte sur la population, tout particulièrement au sein des écoles. Pour la plupart d’entre nous, les écoles religieuses, qu’elles se situent au Québec ou dans n’importe quelle partie du monde, symbolisent austérité et rigidité. Avec humour et fantaisie, Léa Pool nous en offre une toute autre vision, grâce à la description juste de cette communauté de femmes, aux profils divers et variés.
(C) KMBO
La plus emblématique reste bien sûr sœur Augustine (Céline Bonnier, très connue au Québec), femme aux véritables valeurs humanistes qui manage « son entreprise » avec la même ardeur et la même autorité qu’un dirigeant de PME. Grâce à des flashbacks, on apprend qu’elle a eu une vie de femme avant d’entrer dans les ordres et qu’à un moment difficile de sa vie, la musique a été salvatrice pour elle. Généreuse, elle souhaite qu’à leur tour ses élèves puissent s’appuyer sur la musique pour embellir leur vie, particulièrement Alice (Lysandre Ménard), sa nièce, jeune fille rebelle et au caractère bien trempé à qui elle s’attache rapidement et dont on peut imaginer qu’elle lui rappelle celle qu’elle fut dans sa jeunesse. Et puis il y a la sœur syndicaliste, la sœur hermétique au changement mais non moins attachante et toutes les autres. Toutes ont une personnalité très marquée, toutes ont des idées bien précises qu’elles n’hésitent pas à exprimer même si elles sont en désaccord avec leurs autres. Une communauté bien soudée où le mot solidarité prend tout son sens. Elles ne sont pas entrées dans ce couvent par dépit. Elles ne souhaitaient pas se marier, avoir des enfants et se couler dans le moule de la femme au foyer. Le couvent symbolisait pour elle un lieu d’émancipation où elles pouvaient étudier, faire de la musique, faire exister les valeurs auxquelles elles étaient attachées... Pas question de n’être que des contemplatrices, elles se veulent bâtisseuses, de préférence dans la joie et la bonne humeur. La scène où une sœur extravertie fait cirer le parquet en rythme par les jeunes pensionnaires décrit avec bonheur cette ambiance perpétuelle de légèreté.
(C) KMBO
Véhiculer la spiritualité non pas par la religion mais plutôt par la musique, voilà qui adoucit les mœurs, surtout quand la musique est transcendée par la magnifique prestation, entre autres, de la jeune Lysandre Ménard. Elle est avant tout une musicienne hors pair qui nous régale de morceaux classiques parfois mâtinés de jazz grâce aux prouesses du directeur musical François Dompierre. Grands moments musicaux assurés ! Et quand elle délaisse son piano, Lysandre se révèle être une fabuleuse (c’est son premier rôle au cinéma) comédienne. C’est avec une fougue plus vraie que nature qu’elle incarne cette jeune fille contrastée, assagie par les morceaux qu’elle joue et enflammée par la vie qu’on lui impose. La caméra passe avec aisance des mains aux visages des musiciennes au rythme des partitions, apportant ainsi fluidité et authenticité à leur jeu.
Pour conforter cet esprit d’ouverture vers le monde, le film offre de belles images de nature. Du plan de démarrage sous la neige où n’apparaît que cette grande bâtisse aux briques rouges austères, on évolue vers l’arrivée du printemps, laissant entrevoir des prairies à l’herbe verdissante, symbole du passage d’une société ténébreuse à une époque progressiste.
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