Psyché délire
Le 20 septembre 2024
Un trip en plein maelström seventies qui, ô miracle, tient toujours la route.
- Réalisateur : Alejandro Jodorowsky
- Acteurs : Alejandro Jodorowsky, Horacio Salinas, Ramona Saunders
- Genre : Drame, Aventures, Fantastique, Expérimental, Drame fantastique
- Nationalité : Américain, Mexicain
- Distributeur : Nour Films
- Durée : 1h54mn
- Reprise: 9 octobre 2024
- Titre original : La montana sagrada
- Date de sortie : 16 janvier 1974
- Festival : Festival de Cannes 2006
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– Reprise en version restaurée : 9 octobre 2024
Résumé : Un gonzo en string se hisse à l’intérieur d’une gigantesque et étrange tour. C’est le début pour lui d’une initiation aux mystères religieux de notre monde, où une montagne sacrée abrite le secret de la vie éternelle. Aux manettes de cette aventure, Jodorowsky, grand prêtre du cinéma et champion de la charge politique.
Critique : Il faut plus qu’un string ficelle, les cheveux longs et une barbe de trois jours pour prétendre être Jésus. Et Horacio Salinas, voleur vagabond new age, a beau se balader ainsi dans les rues sud-américaines, il n’a rien d’un prophète portant au mieux sa croix devant des troupeaux de touristes ricains qui filment la scène pour son pittoresque. Pas d’images d’Épinal ici mais davantage des icônes, des symboles dont use Alejandro Jodorowsky avec la sagacité d’un féru de psychanalyse que sa biographie trahit. Le réalisateur, avant de passer devant et derrière la caméra, a étudié la psychologie et la philosophie, donnant à cette Montagne sacrée une portée qui dépasse le bricolage kitsch.
Car si cette ressortie remet en mémoire les seventies et le flower power, les babas barbus cultivant une vague ressemblance christique pour annoncer un monde meilleur, le film échappe au passage assassin du temps qui dézingue les plus belles utopies pour les laisser exsangues. La montagne n’accouche donc pas d’une souris ce qui plusieurs décennies après sa sortie en salle est du domaine du miracle. Cadrage, montage et réalisation, tout relève d’un sens aigu du cinéma et le film, financé à l’époque par John Lennon, a gardé son pouvoir perturbateur, un peu comme si Jodorowsky était directement branché sur notre psyché pétrie, qu’on le veuille ou non, de symboles judéo-chrétiens.
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En se réservant le rôle de l’alchimiste, Jodorowsky, en maître d’œuvre, transmute des signaux psychiques en une expérience sous acide cinématographique. Le va-nu-pieds christique, les croix, la tour immense s’élançant vers le ciel (Babel ? Une version rougeoyante du tombeau de La Mecque ?) et tant d’autres brassent les mythes dans un dialogue interreligieux. Un grand bain de spiritualité et de mystère donc. D’une branche à l’autre de la grande famille des religions, la montagne sacrée reste un symbole prégnant. Alors lorsque l’alchimiste Jodorowsky entraîne dans son sillage les riches et les puissants sur l’île du Lotus, au sommet d’une montagne où sept sages gardent jalousement le secret de l’immortalité, forcément le film n’a rien d’un trip au Club Med des allumés du spirituel. Ou d’une promenade de santé.
Des madones en prière dans la sacristie d’une église se révèlent, dans la lumière crue du jour, des putes monnayant leurs charmes. Un signe de la main, et un vieux pédophile amène à lui la plus jeune, dix ans à tout casser, pour lui mettre dans la paume son œil de verre. Avec en prime un plan sur la cavité oculaire vide. Après tout, Dieu nous est apparu dans la saleté du monde, non ?
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