Le 30 mars 2015
Avec sa réalisation épurée, La Maison au toit rouge dépeint avec intelligence et sensibilité une tranche de vie, au travers des affres de l’Histoire avec un grand H.
- Réalisateur : Yoji Yamada
- Acteurs : Takako Matsu, Satoshi Tsumabuki, Chieko Baishô, Haru Kuroki
- Genre : Drame
- Nationalité : Japonais
- Durée : 2h16min
- Titre original : Chiisai ouchi
- Date de sortie : 1er avril 2015
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Le titre annonce l’esthétisme du film. La Maison au toit rouge est ce qu’on pourrait qualifier de "beau" long métrage japonais, tant par l’histoire qu’il raconte que par la pureté de ses images.
L’argument : Japon, 1936. Taki quitte sa campagne natale pour travailler comme bonne dans une petite maison bourgeoise en banlieue de Tokyo. C’est le paisible foyer de Tokiko, son mari Masaki et leur fils de 6 ans. Mais quand Ikatura, le nouveau collègue de Masaki, rentre dans leurs vies, Tokiko est irrésistiblement attirée par ce jeune homme délicat, et Taki devient le témoin de leur amour clandestin. Alors que la guerre éclate, elle devra prendre une terrible décision. Soixante ans plus tard, à la mort de Taki, son petit neveu Takeshi trouve dans ses affaires une enveloppe scellée qui contient une lettre. Il découvre alors la vérité sur ce secret si longtemps gardé.
Notre avis : Avec sa réalisation épurée, composée en majorité de plans fixes et de flash back, La Maison au toit rouge dépeint avec intelligence et sensibilité une tranche de vie, au travers des affres de l’Histoire avec un grand H.
D’une part, ce choix de couleur, le rouge vif, qui tranche, jure et parjure le décor monochrome des années 1940, révèle la transgression qui s’apprête à bouleverser cette famille. Au coeur de la société bien pensante et par delà les codes sociaux et matrimoniaux très restrictifsde l’époque, ce rouge écarlate se démarque d’abord par la connotation de richesse, d’abondance et, paradoxalement, de solitude qui s’empare de l’épouse. Puis ce rouge en vient à dénoter la passion et la mort, au sein d’un pays submergé par la guerre.
De l’autre, le réalisateur Yoji Yamada (La Servante et le samouraï), en privilégiant le hors champ pour souligner l’adultère et l’expression physique des sentiments, fait preuve d’une délicatesse extrêmement juste. Par ce procédé, le voyeurisme de la servante s’exprime avec d’autant plus d’intensité dans la pudeur.
Mais la véritable force du film réside dans sa construction narrative. A travers le point de vue de la bonne dévouée, ce n’est pas tant l’histoire d’amour naissante entre les personnages qui nous fascine mais le passage à l’âge adulte de la jeune Taki. De témoin passif, elle assumera le rôle de décisionnaire, jusqu’à s’immiscer dans l’aventure interdite entre sa patronne et son amant.
Avec justesse, l’enfant a une importante toute particulière dans le récit. Il s’agit d’une figure récurrente et déterminante, associée à la vie, à la transmission du souvenir et de l’héritage. Taki, qui n’est qu’une femme enfant apprenant l’amour par procuration et à ses dépens ; le fils du couple, d’abord affaibli par la maladie puis seul survivant ; le neveu Takeshi, qui guide sa tante à travers la rédaction de ses mémoires, tous occupent une place prépondérante dans ce film, porteuse d’espoir. Une belle parade à une fin terrible.
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